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Unessa: simplifier et innoverParticulièrement précise, l'Unessa demande "d'assurer l'indexation correcte et automatique des financements liés aux frais de personnel et de fonctionnement des acteurs associatifs non marchands, et d'arrêter les économies de niches sous couvert de réformes, et d'améliorer le financement des aides à l'emploi pour atteindre une couverture à 100%, en particulier les emplois Maribel." La Fédération constate que les nouvelles obligations imposées par les pouvoirs publics (RPGD, NIS2, etc.) ne sont pas toujours financées et devraient l'être. "Arrêtons d'alourdir les coûts directs et indirects pesant sur les institutions sous prétexte de lutter contre des phénomènes exogènes sur lesquels les opérateurs n'ont pas de prise."En écho avec les revendications infirmières (lire infra le mémorandum de l'Ugib), Unessa demande de rendre plus attractifs les métiers de l'aide et des soins. Comment? "En favorisant une meilleure délégation des tâches et en travaillant sur une meilleure cohérence dans l'offre de formation, notamment infirmière." L'assouplissement et la diversification de la norme peuvent aider à lutter contre les pénuries. Soulager le personnel passe également par l'élargissement et l'adaptation des dispositifs de formation. Il faut "envisager des carrières évolutives dans les métiers des soins et de l'aide par des formations modulaires (passerelles)." Plus de justice salariale, plaide l'Unessa qui vise "une meilleure harmonisation des salaires entre tous les secteurs de l'action sociale et de la santé au départ du modèle IF.IC ou d'un modèle équivalent (reposant sur les missions et responsabilités), en particulier pour des fonctions identiques". Il faut "financer les remplacements et prendre en compte le temps syndical à la fois dans les normes et dans les financements, et assurer la transition générationnelle entre les métiers à responsabilité".Unessa veut également assouplir les règles relatives à la permanence infirmière 24h/24 et 7j/7 j et "permettre aux soignants, au sens large, d'opter pour la prime 'réduction du temps de travail' et réinstaurer, en faveur des infirmiers et infirmières, la réversibilité entre la prime et la réduction du temps de travail pour lutter contre les ''trous dans le fromage'' (organisationnels, NdlR)".Remarquable est le souci de l'Unessa de vouloir "simplifier, simplifier, encore simplifier et innover". Notamment la réglementation, surtout la plus ancienne, "avant de les adapter". La confiance plutôt que le contrôle? "Fixons les normes d'agrément sur l'ensemble des institutions et non par service voire, si nécessaire, établissons des normes basées sur des objectifs plutôt que des exigences structurelles d'encadrement." Santhea: non à l'interdiction des supplémentsLa Belgique n'est pas la seule, au sein de l'OCDE à subir contraintes budgétaires, pénurie de personnel et vieillissement de la population. "De ce constat découle une volonté de plus en plus forte de réformer les systèmes des soins de santé afin d'en améliorer la qualité et l'efficience. Or, toute réforme, comme tout changement, engendre de l'incertitude pour les acteurs concernés et donc une certaine résistance de la part de ces derniers. Afin de réduire cette incertitude, il est vital de réinstaurer un principe de confiance entre les acteurs." Santhea appelle donc "à la restauration d'un véritable dialogue entre les autorités publiques et les fédérations représentant les institutions de soins, basé sur la confiance et la reconnaissance des expertises respectives". Plutôt que de travailler sous le joug de contrôles "sanctionnateurs", "les institutions de soins ont besoin qu'on leur témoigne de la confiance eu égard à leur volonté d'assurer une gestion optimale des moyens dont elles disposent". Sur base de cette confiance, "il faut recréer et entretenir un dialogue constructif entre les opérateurs de soins et les autorités: le contrôle est nécessaire, mais son corollaire doit être l'accompagnement, avec un focus mis sur la dispensation de soins de qualité." Mais le nerf de la guerre, c'est la norme de croissance qui doit être rétablie à 3% l'an. Le mémorandum s'attache au chapitre particulier des hôpitaux proprement dits, dont l'étude Maha démontre, année après année, la précarité financière. "La dernière année étudiée par Belfius, à savoir 2022, est catastrophique du point de vue des résultats: le résultat courant valable pour l'ensemble des hôpitaux du pays se détériore de 328 millions d'euros (par rapport à 2021) pour atteindre -1% du chiffre d'affaires. En 2022, 70% des hôpitaux se retrouvent dans une situation financière délicate.""Il faut assurer le financement intégral des mesures passées, dont la mise en oeuvre a créé un sous-financement structurel objectivé, tout en garantissant en outre que ce financement couvre l'évolution des activités et du personnel à l'avenir."S'inspirant du rapport Antares, santhea constate en Région wallonne que "le système d'indexation du prix d'hébergement n'est pas du tout adapté en cas de crise inflationniste. Le mécanisme devrait permettre l'utilisation d'une formule alternative (basée sur d'autres indices) pour corriger ponctuellement la formule d'indexation, par exemple lorsque celle-ci dépasse un certain seuil".Quid des honoraires (et suppléments)? Pour le budget 2024, santhea constate que le gouvernement a compensé le décalage entre l'inflation et leur indexation "en se basant dorénavant sur l'évolution de l'indice santé lissé entre août T-2 et août T-1 plutôt que sur l'évolution entre juin T-2 et juin T-1." Ce n'est pas suffisant. "Nous sommes aussi demandeurs d'une indexation supplémentaire en cours d'année lorsque l'inflation dépasse un certain seuil et que celle-ci soit appliquée linéairement." Quant aux suppléments d'honoraires, santhea s'oppose à leur régulation ou à leur suppression. Pour une raison simple: il faudrait préalablement revoir fondamentalement le financement hospitalier qui dépend fortement de ces suppléments. "D'autre part, la priorité doit être donnée à la régulation des suppléments d'honoraires des médecinsspécialistes en ambulatoire: tant que ce n'est pas le cas, rien ne peut changer au niveau hospitalier. En effet, l'exode des médecins spécialistes vers l'ambulatoire serait encore plus grand si, comme c'est souvent le cas, seul le secteur hospitalier était en ligne de mire."Gibbis: inégalités en santé croissantes "Le mémorandum Gibbis incarne notre engagement résolu envers l'avenir des soins de santé belges et bruxellois. Avec une vision ambitieuse et des solutions concrètes, nous visons à placer Bruxelles parmi les leaders européens en matière d'innovation, d'accessibilité et de durabilité des soins de santé. Ensemble, avec les acteurs du secteur de la santé et un engagement fort du monde politique, nous pouvons construire un avenir plus solide et plus résilient pour la santé de tous, en Belgique et à Bruxelles.", a expliqué Karel Van De Sompel, directeur général de Gibbis. Le mémorandum s'articule en quatre axes: 1. Assurer à chaque citoyen un accès facile à des soins appropriés et de qualité ; 2. Avoir suffisamment de personnel soignant qui soit satisfait et valorisé ; 3. Garantir un mécanisme de financement durable, abordable et flexible ; 4. Répondre aux objectifs de durabilité de la société. Porté au débat par un panel de politiciens bruxellois, le mémorandum inspire à Philippe Close, bourgmestre (PS) de Bruxelles, le fait que la capitale de l'Europe a un potentiel énorme en termes de nombre de lits hospitaliers par habitant, tout en soulignant, en tant que vice-président de Solidaris, le risque permanent de désengagement financier au niveau de ces mêmes hôpitaux et la difficile articulation avec les autres lignes de soins (la première en particulier). Une majorité de ces lits résident dans trois hôpitaux universitaires, lieux de création de confiance avec le citoyen patient, comme l'ont démontré les réflexes des gens face à la pandémie de covid-19. L'enseignement reste toutefois l'enjeu majeur de toute politique de soins face aux pénuries de soignants, estime l'éminence socialiste, citant la création d'une troisième école de technologues des soins à la haute école Prigogine. Cette présentation idyllique est cependant entachée de fortes inégalités en santé dans la capitale, avec notamment la hausse exponentielle des sans-abris, a relativisé Elisabeth Degryse (Les Engagés). Ce qu'a confirmé Marc Van Noppen, CEO de l'UZ Brussel, rappelant la problématique pandémique dans la zone du canal. En outre, "un tiers des patients à l'UZ Brussel ne sont pas bruxellois", a-t-il précisé. Ce qui vaut pour quasi l'ensemble des hôpitaux bruxellois. Ugib: il est minuit un quart pour les infirmières L'Ugib (Union générale des infirmiers de Belgique), faîtière de 40 associations représentant les 140.000 infirmiers belges, alerte: la situation catastrophique du monde infirmier au bord du burn-out généralisé est confirmée. L'Union publie son mémorandum: augmenter les ratios à une infirmière pour huit patients est la priorité, ainsi qu'une uniformisation des études. À défaut, la "perte de sens" du métier conduira à davantage de désaffection et à un cercle vicieux dans l'encadrement. Points d'attention pour l'Ugib: - Trop de tâches administratives qui détournent du soin proprement dit ; - Ratio patients/infirmier trop élevé (11/1) ; - Il faut l'inclusion systématique des infirmiers dans les organes de décision ; - Création d'un Ordre infirmer ; - Création de conseils infirmiers ; - Reconnaissance légale du diagnostic infirmier ; - Introduction de la prescription infirmière ; - Consultations infirmières reconnues et financées.