Les urgences des hôpitaux belges ont assuré 4,627 millions d'examens cliniques l'année dernière, soit 178.743 interventions de plus qu'en 2014. Pour se représenter l'ampleur de cette hausse de 4,02%, c'est comme si tous les habitants de la ville de Bruxelles y avaient eu au moins une fois recours. Une affluence venant alourdir la tendance puisque le nombre de contacts avec le patient décrit un bond de 39,65% depuis 2010 ou 1,31 million supplémentaires.

Ces données, révélées par un audit permanent de l'Inami que le Journal du Médecin a pu se procurer, sont normalement recueillies pour juger de la rigueur de la gestion de l'assurance-maladie. Mais, le nombre de contacts correspondant environ aux honoraires, cette comptabilité des honoraires de médecins offre surtout de précieux éclairages sur l'évolution des besoins médicaux.

Car, si l'augmentation des dépenses totales affiche une perte de vitesse en rythme annuel (+4,2% à 88,65 millions d'euros, contre 5,5% à 85,11 millions entre 2013 et 2014), certaines manies sembleraient s'installer chez les patients, non sans poser question tant en termes budgétaires que de santé publique.
Au bon moment

On observe dans le rapport financier que la plupart des prestations ont été réalisées durant la journée par un médecin urgentiste, à hauteur de 2,66 millions de prises en charge. Expliquant ainsi en grande partie l'augmentation globale avec 97.025 unités de plus qu'en 2014.

Cela peut paraître anecdotique mais plus de sept venues aux urgences sur dix concernent des patients s'y rendant sans lettre d'envoi d'un médecin généraliste. Autrement dit, 1,93 million de recours spontanés. Eux aussi poursuivant leur courbe ascendante. Il ne s'agit pas ici d'affirmer que tous ces cas sont injustifiés. Mais, lorsqu'on sait que les traumas viennent généralement après les maladies somatiques en tant que raison de contact, il y a lieu de surveiller de près.

Surtout qu'un autre comportement reflété par les dépenses de l'Inami interpelle. Les urgentistes de permanence à l'hôpital se sont occupé de 1,16 million de cas durant les week-ends et jours fériés ou entre 21 heures et 8 heures du matin le lendemain. Soit un quart des examens (24,97%), une proportion qui concorde étrangement bien avec les reproches émis par de nombreux médecins hospitaliers. Certains patients ou parents de patients ont vraisemblablement pris l'habitude de passer aux urgences après les heures de bureau ou in extremis avant le départ en vacances.

Ces cas se présentent avec des plaintes datant de la veille ou de plusieurs jours auparavant mais ils expliquent souvent que cela ne s'ajustait pas dans leur emploi du temps, confondant nonchalamment permanence de soins et médecine d'urgence. Si cela n'en fournit pas une preuve indiscutable, en cinq ans, le volume des auscultations urgentes la nuit, les samedis, dimanches ou jours fériés a enflé, de 29% depuis 2011).

Ce n'est pas neuf. Avec 102 hôpitaux aigus dispersés en 198 sites, notre pays disposait toujours l'année dernière d'une très forte concentration hospitalière. Et la majorité de ces établissements de soins possèdent des locaux de fonction reconnue d'urgence. C'est plus d'un service pour 100.000 habitants. L'offre tente la demande, n'hésitent pas à critiquer régulièrement les intervenants du secteur, médicaux, gestionnaires, mutuellistes ou fonctionnaires dirigeants.
Là pour ça, non ?

Notons à ce propos que les médecins urgentistes ne restent pas seuls à devoir gérer ce flux grandissant de patients. D'autres médecins spécialistes ont été réquisitionnés aux urgences, certes, dans une moindre mesure: 596.122 examens complémentaires urgents ont été menés en 2015. Essentiellement par des spécialistes en médecine interne, en cardiologie, gastro-entérologie, pneumologie, rhumatologie, pédiatrie, oncologie médicale ou encore gériatrie (258.780 prestations, contre 196.416 en 2011).

Soulignons au passage qu'il n'est malheureusement pas possible en l'état de relativiser avec le changement de la démographie belge, qui n'est pas pris en compte dans le rapport des dépenses Inami 2015. Mais, coïncidence, la tendance "afterwork" se renforce au niveau de ces médecins appelés en renfort aux urgences. La quantité de soins urgents prodigués la nuit ou le week-end a quasiment doublé (+96,86%) sur les cinq dernières années, de 110.825 en 2010 à 218.169 interventions l'année dernière.

Autre mouvement remarqué, les prises en charge par des neurologues, psychiatres ou neuropsychiatres. Le volume d'activité a atteint les 77.773 interventions en 2015. Pourtant, dans les hôpitaux, qui tend l'oreille entend sans mal les critiques à l'égard des psys, prétendument moins exposés car ils conseillent l'urgentiste par téléphone sans devoir se rendre sur place. En tout cas, les honoraires cumulés des neuros, psys et neuropsys se sont montés à 3,39 millions d'euros l'année dernière, tandis qu'ils ne dépassaient pas les 3 millions d'euros en 2011 pour 68.516 prestations (+14%).

Enfin, alors que notre système de soins dédiés à la santé mentale est jusqu'ici fréquemment décrié, les interventions psychiatriques urgentes pour un patient âgé de moins de 18 ans se sont élevées à 239 unités, contre 51 en 2013 (la nomenclature ne comprenant une prestation spécifique que depuis le 1er mars de cette année-là). Montant de la facture grimpant alors à 80.595 euros, à concurrence de 16.976 deux ans plus tôt.

Les urgences des hôpitaux belges ont assuré 4,627 millions d'examens cliniques l'année dernière, soit 178.743 interventions de plus qu'en 2014. Pour se représenter l'ampleur de cette hausse de 4,02%, c'est comme si tous les habitants de la ville de Bruxelles y avaient eu au moins une fois recours. Une affluence venant alourdir la tendance puisque le nombre de contacts avec le patient décrit un bond de 39,65% depuis 2010 ou 1,31 million supplémentaires.Ces données, révélées par un audit permanent de l'Inami que le Journal du Médecin a pu se procurer, sont normalement recueillies pour juger de la rigueur de la gestion de l'assurance-maladie. Mais, le nombre de contacts correspondant environ aux honoraires, cette comptabilité des honoraires de médecins offre surtout de précieux éclairages sur l'évolution des besoins médicaux.Car, si l'augmentation des dépenses totales affiche une perte de vitesse en rythme annuel (+4,2% à 88,65 millions d'euros, contre 5,5% à 85,11 millions entre 2013 et 2014), certaines manies sembleraient s'installer chez les patients, non sans poser question tant en termes budgétaires que de santé publique. Au bon momentOn observe dans le rapport financier que la plupart des prestations ont été réalisées durant la journée par un médecin urgentiste, à hauteur de 2,66 millions de prises en charge. Expliquant ainsi en grande partie l'augmentation globale avec 97.025 unités de plus qu'en 2014.Cela peut paraître anecdotique mais plus de sept venues aux urgences sur dix concernent des patients s'y rendant sans lettre d'envoi d'un médecin généraliste. Autrement dit, 1,93 million de recours spontanés. Eux aussi poursuivant leur courbe ascendante. Il ne s'agit pas ici d'affirmer que tous ces cas sont injustifiés. Mais, lorsqu'on sait que les traumas viennent généralement après les maladies somatiques en tant que raison de contact, il y a lieu de surveiller de près.Surtout qu'un autre comportement reflété par les dépenses de l'Inami interpelle. Les urgentistes de permanence à l'hôpital se sont occupé de 1,16 million de cas durant les week-ends et jours fériés ou entre 21 heures et 8 heures du matin le lendemain. Soit un quart des examens (24,97%), une proportion qui concorde étrangement bien avec les reproches émis par de nombreux médecins hospitaliers. Certains patients ou parents de patients ont vraisemblablement pris l'habitude de passer aux urgences après les heures de bureau ou in extremis avant le départ en vacances.Ces cas se présentent avec des plaintes datant de la veille ou de plusieurs jours auparavant mais ils expliquent souvent que cela ne s'ajustait pas dans leur emploi du temps, confondant nonchalamment permanence de soins et médecine d'urgence. Si cela n'en fournit pas une preuve indiscutable, en cinq ans, le volume des auscultations urgentes la nuit, les samedis, dimanches ou jours fériés a enflé, de 29% depuis 2011).Ce n'est pas neuf. Avec 102 hôpitaux aigus dispersés en 198 sites, notre pays disposait toujours l'année dernière d'une très forte concentration hospitalière. Et la majorité de ces établissements de soins possèdent des locaux de fonction reconnue d'urgence. C'est plus d'un service pour 100.000 habitants. L'offre tente la demande, n'hésitent pas à critiquer régulièrement les intervenants du secteur, médicaux, gestionnaires, mutuellistes ou fonctionnaires dirigeants. Là pour ça, non ?Notons à ce propos que les médecins urgentistes ne restent pas seuls à devoir gérer ce flux grandissant de patients. D'autres médecins spécialistes ont été réquisitionnés aux urgences, certes, dans une moindre mesure: 596.122 examens complémentaires urgents ont été menés en 2015. Essentiellement par des spécialistes en médecine interne, en cardiologie, gastro-entérologie, pneumologie, rhumatologie, pédiatrie, oncologie médicale ou encore gériatrie (258.780 prestations, contre 196.416 en 2011).Soulignons au passage qu'il n'est malheureusement pas possible en l'état de relativiser avec le changement de la démographie belge, qui n'est pas pris en compte dans le rapport des dépenses Inami 2015. Mais, coïncidence, la tendance "afterwork" se renforce au niveau de ces médecins appelés en renfort aux urgences. La quantité de soins urgents prodigués la nuit ou le week-end a quasiment doublé (+96,86%) sur les cinq dernières années, de 110.825 en 2010 à 218.169 interventions l'année dernière.Autre mouvement remarqué, les prises en charge par des neurologues, psychiatres ou neuropsychiatres. Le volume d'activité a atteint les 77.773 interventions en 2015. Pourtant, dans les hôpitaux, qui tend l'oreille entend sans mal les critiques à l'égard des psys, prétendument moins exposés car ils conseillent l'urgentiste par téléphone sans devoir se rendre sur place. En tout cas, les honoraires cumulés des neuros, psys et neuropsys se sont montés à 3,39 millions d'euros l'année dernière, tandis qu'ils ne dépassaient pas les 3 millions d'euros en 2011 pour 68.516 prestations (+14%).Enfin, alors que notre système de soins dédiés à la santé mentale est jusqu'ici fréquemment décrié, les interventions psychiatriques urgentes pour un patient âgé de moins de 18 ans se sont élevées à 239 unités, contre 51 en 2013 (la nomenclature ne comprenant une prestation spécifique que depuis le 1er mars de cette année-là). Montant de la facture grimpant alors à 80.595 euros, à concurrence de 16.976 deux ans plus tôt.