Comment attirer du personnel dynamique et motivé lorsqu'on ne peut offrir à un chef de clinique adjoint avec dix ans d'expérience " seulement " 3.200 euros nets par mois ? Paradoxalement, le salariat offert à Brugmann, séduit de plus en plus un corps médical qui se féminise et qui cherche la stabilité et des horaires connus à l'avance. " Bien sûr, on ne peut pas concurrencer un gastro-entérologue qui travaille en institution privée et qui a une activité médicotechnique intéressante. Ce n'est pas 15% de salaire en plus, c'est multiplié par 2 ", explique le Dr Florence Hut. " L'argent représente parfois une valeur. Nous écartons naturellement les gens pour qui la fiche de paie est capitale. D'ailleurs, je ne crois pas qu'ils s'imaginent travailler chez nous. Mais nous au moins n'avons pas de débat à propos de qui va prendre les honoraires. "

Et de prendre pour exemple l'énorme service d'ophtalmologie de Brugmann qui occupe 32 ophtalmologues. Pourquoi restent-ils ? Pourquoi le service recrute sans problème ? Idem dans d'autres services, d'ailleurs. L'explication est multifactorielle : modèle de contamination, bouche-à-oreille ou bien un chef de service structuré et motivant. " Le chef de service joue beaucoup pour le recrutement. Un leader qui a une vision, qui est en accord avec les missions de l'hôpital, qui enseigne à l'université et attire des assistants, c'est un plus ", précise Florence Hut.

Sécurité de l'emploi
" Chez nous, l'élément de compétition salarial n'est pas l'élément central ", reconnaît Francis de Drée, jeune DG de 33 ans. C'est l'ensemble des avantages que notre hôpital peut offrir. Et notamment la sécurité de l'emploi, l'environnement de travail... "

" Quand on est gynécologue indépendant, on passe son dimanche à récupérer son tiers-payant auprès des différentes mutuelles. Si vous prenez une secrétaire ou un comptable, vous devez le payer. Un échographe cela coûte 35.000 euros ", reprend le Dr Hut. " Les médecins qui ont une spécialité médico-technique, vous les retenez avec l'encadrement, avec des équipements de pointe. Chez nous, quand l'activité augmente, on octroie des mètres carrés supplémentaires, ce qui nous permet de capter des patients nouveaux. On a concédé des investissements importants tant en équipements qu'en personnel qui les assistent. " Certes, Brugmann ne peut pas se passer complètement des chasseurs de tête. Mais en parallèle, outre une équipe de direction rajeunie, l'hôpital utilise au maximum les réseaux sociaux. " On vient de lancer une communication par semaine sur l'ensemble des réseaux sociaux " explique de Drée. " On a ciblé des profils infirmiers et pharmaciens. On veut attirer des jeunes profils. On choisit plutôt LinkedIn pour des postes de responsable d'unités de soins et Facebook pour les plus jeunes. "

Dès qu'on arrive sur des profils administratifs ou infirmiers, les salaires varient peu entre hôpitaux. Brugmann doit donc offrir quelque chose de particulier. Il y a bien sûr le cadre de travail - le fameux Parc imaginé par Horta et " L'esprit Brugmann ". Mais cela ne suffit pas. " Nous proposons également des plans de carrière personnalisés pour donner un horizon et garder nos talents. "

Congés scientifiques
C'est pourquoi, Brugmann met en avant, pour les médecins, outre les congés légaux et extralégaux, des congés scientifiques. " Ils sont de 30 jours maximum par an pendant lesquels les médecins peuvent étudier ", explique le Dr Hut. " Attention : le règlement est assez strict. Il ne peut s'agir d'une croisière sur le Club Med 1. Il faut un lien avec un sujet qui concerne la clinique ou le domaine de recherche des personnes. Ils disposent généralement d'un jour avant et après le séminaire. Il n'est évidemment pas possible de prendre deux semaines pour un congrès de deux jours ! " Pour le personnel non médical, des formations existent également.

" Des médecins s'engagent aussi dans la réalisation de thèses de doctorat. Nous les soutenons dans leur démarche en étant flexible. Nous menons une médecine concertée et multidisciplinaire qui, selon moi, n'est possible que grâce au salariat. "

Ainsi, Brugmann a étendu le principe de la COM (concertation oncologique multidisciplinaire) en gériatrie et d'autres disciplines où plusieurs fois par semaine, l'ensemble des soignants se réunissent autour des patients. Des salles de réunion et des auditoires sont prévus à cet effet.

Le Département infirmier, de son côté, organise chaque année la " semaine des talents ". Il repère parmi les jeunes infirmiers qui a le potentiel pour progresser. " Ils suivent un programme personnalisé. La Direction médicale est associée au programme. C'est aussi une manière de leur montrer qu'on est intéressé par leur profil et que les directions travaillent ensemble. Nous soutenons nos équipes pour suivre les formations et passer les examens nécessaires afin d'accéder à des responsabilités plus élevées", explique Francis de Drée. " Ces PDP (plans de développement personnels) existent pour vérifier ce dont ils ont besoin. C'est un peu dans l'ADN de Brugmann de pouvoir évoluer métier par métier et fonction par fonction. "

Informaticiens
Concernant certains métiers techniques en pénurie comme les informaticiens, là-aussi Brugmann est créatif. Le côté " soins ", la finalité sociale, en attirent plus d'un. Francis de Drée : " On a recruté un informaticien de pointe du secteur bancaire. Il était attiré par la finalité de l'hôpital (soigner) mais aussi le côté moins aride dans la matière par rapport à des secteurs informatiques back office. Dans l'hôpital, tout est plus tangible. C'est plus facile d'expliquer ce qu'on fait. Dans les projets informatiques, on voit où on veut aboutir. "

Enfin, la Fondation Brugmann distribue 250.000 euros par an à des boursiers (médecins ou non médecins) qui veulent mener des projets scientifiques.

" L'important aussi c'est de connaître ses collaborateurs et ses collègues " conclut Florence Hut. " Il y a 700 médecins à Brugmann, on les connais tous. On travaille beaucoup sur l'affiliation. "

Comment attirer du personnel dynamique et motivé lorsqu'on ne peut offrir à un chef de clinique adjoint avec dix ans d'expérience " seulement " 3.200 euros nets par mois ? Paradoxalement, le salariat offert à Brugmann, séduit de plus en plus un corps médical qui se féminise et qui cherche la stabilité et des horaires connus à l'avance. " Bien sûr, on ne peut pas concurrencer un gastro-entérologue qui travaille en institution privée et qui a une activité médicotechnique intéressante. Ce n'est pas 15% de salaire en plus, c'est multiplié par 2 ", explique le Dr Florence Hut. " L'argent représente parfois une valeur. Nous écartons naturellement les gens pour qui la fiche de paie est capitale. D'ailleurs, je ne crois pas qu'ils s'imaginent travailler chez nous. Mais nous au moins n'avons pas de débat à propos de qui va prendre les honoraires. " Et de prendre pour exemple l'énorme service d'ophtalmologie de Brugmann qui occupe 32 ophtalmologues. Pourquoi restent-ils ? Pourquoi le service recrute sans problème ? Idem dans d'autres services, d'ailleurs. L'explication est multifactorielle : modèle de contamination, bouche-à-oreille ou bien un chef de service structuré et motivant. " Le chef de service joue beaucoup pour le recrutement. Un leader qui a une vision, qui est en accord avec les missions de l'hôpital, qui enseigne à l'université et attire des assistants, c'est un plus ", précise Florence Hut.Sécurité de l'emploi " Chez nous, l'élément de compétition salarial n'est pas l'élément central ", reconnaît Francis de Drée, jeune DG de 33 ans. C'est l'ensemble des avantages que notre hôpital peut offrir. Et notamment la sécurité de l'emploi, l'environnement de travail... " " Quand on est gynécologue indépendant, on passe son dimanche à récupérer son tiers-payant auprès des différentes mutuelles. Si vous prenez une secrétaire ou un comptable, vous devez le payer. Un échographe cela coûte 35.000 euros ", reprend le Dr Hut. " Les médecins qui ont une spécialité médico-technique, vous les retenez avec l'encadrement, avec des équipements de pointe. Chez nous, quand l'activité augmente, on octroie des mètres carrés supplémentaires, ce qui nous permet de capter des patients nouveaux. On a concédé des investissements importants tant en équipements qu'en personnel qui les assistent. " Certes, Brugmann ne peut pas se passer complètement des chasseurs de tête. Mais en parallèle, outre une équipe de direction rajeunie, l'hôpital utilise au maximum les réseaux sociaux. " On vient de lancer une communication par semaine sur l'ensemble des réseaux sociaux " explique de Drée. " On a ciblé des profils infirmiers et pharmaciens. On veut attirer des jeunes profils. On choisit plutôt LinkedIn pour des postes de responsable d'unités de soins et Facebook pour les plus jeunes. " Dès qu'on arrive sur des profils administratifs ou infirmiers, les salaires varient peu entre hôpitaux. Brugmann doit donc offrir quelque chose de particulier. Il y a bien sûr le cadre de travail - le fameux Parc imaginé par Horta et " L'esprit Brugmann ". Mais cela ne suffit pas. " Nous proposons également des plans de carrière personnalisés pour donner un horizon et garder nos talents. "Congés scientifiques C'est pourquoi, Brugmann met en avant, pour les médecins, outre les congés légaux et extralégaux, des congés scientifiques. " Ils sont de 30 jours maximum par an pendant lesquels les médecins peuvent étudier ", explique le Dr Hut. " Attention : le règlement est assez strict. Il ne peut s'agir d'une croisière sur le Club Med 1. Il faut un lien avec un sujet qui concerne la clinique ou le domaine de recherche des personnes. Ils disposent généralement d'un jour avant et après le séminaire. Il n'est évidemment pas possible de prendre deux semaines pour un congrès de deux jours ! " Pour le personnel non médical, des formations existent également." Des médecins s'engagent aussi dans la réalisation de thèses de doctorat. Nous les soutenons dans leur démarche en étant flexible. Nous menons une médecine concertée et multidisciplinaire qui, selon moi, n'est possible que grâce au salariat. "Ainsi, Brugmann a étendu le principe de la COM (concertation oncologique multidisciplinaire) en gériatrie et d'autres disciplines où plusieurs fois par semaine, l'ensemble des soignants se réunissent autour des patients. Des salles de réunion et des auditoires sont prévus à cet effet.Le Département infirmier, de son côté, organise chaque année la " semaine des talents ". Il repère parmi les jeunes infirmiers qui a le potentiel pour progresser. " Ils suivent un programme personnalisé. La Direction médicale est associée au programme. C'est aussi une manière de leur montrer qu'on est intéressé par leur profil et que les directions travaillent ensemble. Nous soutenons nos équipes pour suivre les formations et passer les examens nécessaires afin d'accéder à des responsabilités plus élevées", explique Francis de Drée. " Ces PDP (plans de développement personnels) existent pour vérifier ce dont ils ont besoin. C'est un peu dans l'ADN de Brugmann de pouvoir évoluer métier par métier et fonction par fonction. "Informaticiens Concernant certains métiers techniques en pénurie comme les informaticiens, là-aussi Brugmann est créatif. Le côté " soins ", la finalité sociale, en attirent plus d'un. Francis de Drée : " On a recruté un informaticien de pointe du secteur bancaire. Il était attiré par la finalité de l'hôpital (soigner) mais aussi le côté moins aride dans la matière par rapport à des secteurs informatiques back office. Dans l'hôpital, tout est plus tangible. C'est plus facile d'expliquer ce qu'on fait. Dans les projets informatiques, on voit où on veut aboutir. "Enfin, la Fondation Brugmann distribue 250.000 euros par an à des boursiers (médecins ou non médecins) qui veulent mener des projets scientifiques." L'important aussi c'est de connaître ses collaborateurs et ses collègues " conclut Florence Hut. " Il y a 700 médecins à Brugmann, on les connais tous. On travaille beaucoup sur l'affiliation. "