Elaboré grâce aux données récoltées lors des consultations sociales et médicales individuelles menées durant toute l'année 2015, le rapport "L'accès aux soins des personnes confrontées à de multiples facteurs de vulnérabilité en santé" concerne 31 villes situées dans 12 pays, dont la Belgique. On retrouve l'Allemagne, l' Espagne, la France, la Grèce, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie.

Le rapport, consultable dans son intégralité sur le site de Médecins du Monde, épingle notamment divers groupes particulièrement vulnérables, comme les mineurs non accompagnés et les femmes enceintes.

Si en moyenne, 68% des personnes rencontrées dans le cadre de l'élaboration de ce rapport n'avaient pas de couverture santé (y compris les femmes enceintes), en Belgique, ce chiffre s'élève à 93%.
Concernant les causes faisant obstacle à l'accès aux soins de santé, MdM épingle en premier lieu la barrière de la langue: 40,8% de l'ensemble des consultations dans les centres de santé européens nécessiteraient la présence d'un-e interprète. Viennent ensuite les barrières financières (24%), les problèmes administratifs (14,2%) et un manque de connaissance et de compréhension du système de santé et de leurs droits (9,1%).

Un faible taux de vaccination infantile

Autre chiffre préoccupant pointé par ce rapport: 54% des enfants ne sont pas vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, et 32% ne le sont pas contre le tétanos.

Un chapitre est consacré aux enfants isolés non accompagnés. Les méthodes utilisées pour la détermination de l'âge dans le cas des enfants non accompagnés ont été jugées comme "non fiables et disproportionnellement intrusives par les Nations unies, les instances du Conseil de l'Europe, les professionnels de santé, et même les institutions de l'UE telles que la FRA (Agence des droits fondamentaux de l'Union Européenne) et l'EASO (Bureau européen d'appui en matière d'asile)", note le rapport , en précisant que "le recours à une approche globale est recommandé, mais malgré cela, les tests osseux sont toujours largement utilisés par les États membres de l'UE."

Plus de 40% des femmes enceintes n'ont pas eu accès à des soins prénataux avant leur visite dans un centre MdM ou d'un partenaire. Près de 60% n'ont pas été testées (VIH, VHB, VHC) et ne savent pas où aller pour être dépistées. Par ailleurs, beaucoup d'entre elles, en situation administrative précaire, limitent leurs déplacements de peur d'être arrêtées.

Soins urgents et violence

40% des personnes rencontrées par MdM et leurs partenaires nécessitaient des soins de santé urgents ou assez urgents. L'ONG insistepar ailleurs sur le fait que seuls 3,1 % des patients ont cité la santé comme l'un des raisons de leur migration, précisant que les trois quarts des porteurs de pathologies chroniques ont découvert leur maladie une fois arrivés en Europe. Des chiffres à même de battre en brèche le mythe de la migration pour soins de santé.

Autre focus de ce rapport, les violences subies par les patients rencontrés: 1.379 patients qui ont pu discuter de cette question ont été confrontés à au moins un type de violence (12,8 % du nombre total de patients) : 1 277 en Europe (13,3 % des personnes interrogées en Europe) et 102 en Turquie (12,2 % des patients rencontrés en Turquie.)

Enfin, les données concernant la Grèce interpelleront certainement le lecteur car, le pays faisant face à une crise économique et migratoire, on remarquera que les patients grecs sont majoritaires sur tous les sites, à l'exception de Lesbos, et représentent jusqu'à 65% des patients à Perama (une ville de la banlieue d'Athènes où l'activité portuaire s'est effondrée avec la crise).
En conclusion, l'ONG et ses partenaires demandent l'accès de tous aux systèmes de santé nationaux, des conditions d'accueil appropriées, et la mise en place de voies d'accès légales et sécurisées ainsi que le libre choix du pays d'asile.

Détail "piquant": dernièrement, dans sa déclaration de politique générale, le secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, annonçait un durcissement de sa politique, en ayant notamment davantage recours au règlement européen de Dublin qui détermine le pays responsable pour une demande d'asile. Son but: envoyer le plus de dossiers possibles vers d'autres pays européens. En 2015, 1.913 personnes ont été rapatriées de force dans le cadre de cette procédure. Le secrétaire d'Etat N-VA annonçait aussi une accélération des transferts vers la Grèce afin de décourager les demandes d'asile en Belgique

Elaboré grâce aux données récoltées lors des consultations sociales et médicales individuelles menées durant toute l'année 2015, le rapport "L'accès aux soins des personnes confrontées à de multiples facteurs de vulnérabilité en santé" concerne 31 villes situées dans 12 pays, dont la Belgique. On retrouve l'Allemagne, l' Espagne, la France, la Grèce, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie. Le rapport, consultable dans son intégralité sur le site de Médecins du Monde, épingle notamment divers groupes particulièrement vulnérables, comme les mineurs non accompagnés et les femmes enceintes. Si en moyenne, 68% des personnes rencontrées dans le cadre de l'élaboration de ce rapport n'avaient pas de couverture santé (y compris les femmes enceintes), en Belgique, ce chiffre s'élève à 93%. Concernant les causes faisant obstacle à l'accès aux soins de santé, MdM épingle en premier lieu la barrière de la langue: 40,8% de l'ensemble des consultations dans les centres de santé européens nécessiteraient la présence d'un-e interprète. Viennent ensuite les barrières financières (24%), les problèmes administratifs (14,2%) et un manque de connaissance et de compréhension du système de santé et de leurs droits (9,1%). Un faible taux de vaccination infantile Autre chiffre préoccupant pointé par ce rapport: 54% des enfants ne sont pas vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, et 32% ne le sont pas contre le tétanos. Un chapitre est consacré aux enfants isolés non accompagnés. Les méthodes utilisées pour la détermination de l'âge dans le cas des enfants non accompagnés ont été jugées comme "non fiables et disproportionnellement intrusives par les Nations unies, les instances du Conseil de l'Europe, les professionnels de santé, et même les institutions de l'UE telles que la FRA (Agence des droits fondamentaux de l'Union Européenne) et l'EASO (Bureau européen d'appui en matière d'asile)", note le rapport , en précisant que "le recours à une approche globale est recommandé, mais malgré cela, les tests osseux sont toujours largement utilisés par les États membres de l'UE." Plus de 40% des femmes enceintes n'ont pas eu accès à des soins prénataux avant leur visite dans un centre MdM ou d'un partenaire. Près de 60% n'ont pas été testées (VIH, VHB, VHC) et ne savent pas où aller pour être dépistées. Par ailleurs, beaucoup d'entre elles, en situation administrative précaire, limitent leurs déplacements de peur d'être arrêtées. Soins urgents et violence 40% des personnes rencontrées par MdM et leurs partenaires nécessitaient des soins de santé urgents ou assez urgents. L'ONG insistepar ailleurs sur le fait que seuls 3,1 % des patients ont cité la santé comme l'un des raisons de leur migration, précisant que les trois quarts des porteurs de pathologies chroniques ont découvert leur maladie une fois arrivés en Europe. Des chiffres à même de battre en brèche le mythe de la migration pour soins de santé. Autre focus de ce rapport, les violences subies par les patients rencontrés: 1.379 patients qui ont pu discuter de cette question ont été confrontés à au moins un type de violence (12,8 % du nombre total de patients) : 1 277 en Europe (13,3 % des personnes interrogées en Europe) et 102 en Turquie (12,2 % des patients rencontrés en Turquie.) Enfin, les données concernant la Grèce interpelleront certainement le lecteur car, le pays faisant face à une crise économique et migratoire, on remarquera que les patients grecs sont majoritaires sur tous les sites, à l'exception de Lesbos, et représentent jusqu'à 65% des patients à Perama (une ville de la banlieue d'Athènes où l'activité portuaire s'est effondrée avec la crise). En conclusion, l'ONG et ses partenaires demandent l'accès de tous aux systèmes de santé nationaux, des conditions d'accueil appropriées, et la mise en place de voies d'accès légales et sécurisées ainsi que le libre choix du pays d'asile. Détail "piquant": dernièrement, dans sa déclaration de politique générale, le secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, annonçait un durcissement de sa politique, en ayant notamment davantage recours au règlement européen de Dublin qui détermine le pays responsable pour une demande d'asile. Son but: envoyer le plus de dossiers possibles vers d'autres pays européens. En 2015, 1.913 personnes ont été rapatriées de force dans le cadre de cette procédure. Le secrétaire d'Etat N-VA annonçait aussi une accélération des transferts vers la Grèce afin de décourager les demandes d'asile en Belgique