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" La concentration de l'offre de soins est justifiée à Bruxelles et est nécessaire en comparaison aux autres grandes villes belges pour répondre aux besoins. Ainsi, une répartition de la programmation entre les Régions sur seule base du nombre d'habitants se ferait au détriment des particularités et besoins bruxellois ", estime la Fédération bruxelloise des soins de santé.La fédération considère que la programmation doit rester un instrument flexible permettant des fluctuations selon les besoins entre les zones géographiques différentes. " Si, suite à une analyse approfondie, il apparaissait nécessaire de répartir la programmation entre les Régions, cette répartition devrait être décidée en Commission interministérielle Santé pour garantir la représentation de toutes les entités et devrait être révisable afin de garantir le respect des besoins de chacun. Ceci est d'autant plus important pour la Région de Bruxelles-Capitale qui compte plusieurs entités fédérées compétentes ".Gibbis pointe trois caractéristiques particulières de la Région de Bruxelles-Capitale : des facteurs géographiques (territoire urbain et grande densité de population), facteurs démographiques et socio-économiques (disparité entre les habitants et populations précaires) et offre de soins attractive (position géographique centrale, offre de soins spécialisée et patientèle spécifique, dont 35% provient d'une autre région). "Ces éléments justifient un nombre de lits hospitaliers par habitant plus important à Bruxelles que le seuil fixé par la programmation au niveau national. Il en va du respect des besoins des patients et de ceux qui les soignent. Aujourd'hui, l'offre de soins à Bruxelles ne permet pas de répondre à tous les besoins ", soutient Gibbis ; qui veut déconstruire l'idée selon laquelle Bruxelles dépasserait sa programmation.La fédération souligne que la densité de population est très différente en région bruxelloise (7.511 habitants au km2 ) par rapport à la Wallonie (216) ou la Flandre (488). " Il est donc difficile de comparer la Région de Bruxelles-Capitale aux autres régions qui n'ont pas les mêmes caractéristiques géographiques. Une comparaison avec les autres grandes villes de Belgique est plus adéquate ", conclut Gibbis. Elle démontre aussi qu'en comparaison avec d'autres grandes villes, la concentration des soins n'est pas plus grande à Bruxelles (voir tableau)." La position centrale de Bruxelles facilement accessible via les autoroutes ou en train ainsi que son caractère de capitale ont également conduit au développement d'une offre de soins importante et spécialisée ", peut-on lire dans cette note. " Par ailleurs, son offre de soins en français et en néerlandais (hôpitaux bicommunautaires) rend les hôpitaux bruxellois facilement accessibles aux non-bruxellois. Bruxelles compte trois des sept hôpitaux universitaires du pays et un nombre important de lits à caractère universitaire. Il existe des offres de soins de référence dans la plupart des hôpitaux universitaires, généraux, spécialisés ou psychiatriques bruxellois, par exemple en oncologie, en chirurgie cardiaque, en soins psychiatriques pour enfants et pour personnes internées, transplantation, maladies rares, NIC, etc. Bruxelles a ainsi développé une expertise hospitalière de référence, souvent suprarégionale. La présence d'un nombre élevé d'hôpitaux, dont certains très spécialisés, favorise la prise en charge d'une part considérable de patients non-bruxellois. L'expertise bruxelloise répond à un besoin de l'ensemble de la population belge. "Et de rappeler que 35,6% des admissions hospitalières classiques et 37,6% des hospitalisations réalisées à Bruxelles concernent des patients non domiciliés sur ce territoire. Ce taux monte à 50% pour les trois hôpitaux universitaires.Gibbis estime que l'exemple de la maternité est particulièrement illustratif. " Le cas de la maternité est parlant et démontre la réalité d'un besoin d'offre important à Bruxelles lorsque tous les facteurs sont combinés (facteurs démographiques, population cosmopolite, attractivité, position centrale, etc.) ", expliquent les experts. " Le nombre de naissance en Région bruxelloise est plus important. Ceci explique que le nombre de lits M pour 1.000 femmes de 15 à 49 ans soit plus élevé à Bruxelles (1,37 contre 1,22 pour la Flandre et 1,20 pour la Wallonie) et que le taux d'occupation moyen dans les maternités y soit plus élevé (à 66,6 % à Bruxelles, à 47,1 % en Flandre et à 44,3 % en Wallonie) justifiant le maintien de ces lits. "Par ailleurs, une étude réalisée en 2022 par Gibbis et la Plateforme bruxelloise pour la santé mentale démontre que l'offre hospitalière pour enfants et adolescents à Bruxelles ne permet pas de rencontrer les besoins actuels. " Les taux d'occupation sont également très élevés (plus de 80% ou plus de 100%) et d'importantes listes d'attente caractérisent les services bruxellois. Environ 500 jeunes attendent en général plusieurs mois avant d'être hospitalisés. De même, comme rappelé par l'étude du KCE relative à la capacité hospitalière nécessaire en 2025, l'offre proposée à Bruxelles doit tenir compte des besoins de plus en plus importants concernant les lits G et Sp."Pour répondre aux besoins spécifiques de la population bruxelloise, Gibbis estime qu'il est important d'adapter l'offre actuelle et de permettre la reconversion vers des activités plus chroniques et adaptées à la réalité bruxelloise.