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" Si l'attrait pour les services partagés (dans le secteur hospitalier) vient généralement de la volonté de faire des économies d'échelle, il existe d'autres moteurs tels que l'amélioration de l'efficacité et de la qualité, ou la diminution des effectifs. Au niveau international, des accords d'externalisation, de sous-traitance et de création d'entités de services partagés ont eu lieu dans plusieurs systèmes de santé. Dans le secteur public, c'est un moyen de réduire les effectifs et les coûts avec l'introduction de la concurrence, la mise en oeuvre du marché libre de la santé ou le changement des modalités de financement et d'achat ", peut-on lire en conclusion de l'étude Health Prospecting 2021 (1), présentée les 16 et 18 mars au secteur.En se basant sur des analyses, des exemples internationaux et des avis des key opinion leaders consultés, Antares Consulting - mandaté par ING pour réaliser cette étude - avance plusieurs réflexions. Nous présentons ici le niveau méso de cette analyse.Les auteurs du rapport estiment qu'il est essentiel pour les acteurs de terrain que les instances politiques affichent clairement leur volonté de soutenir et développer les services partagés, mais aussi définissent la direction qu'elles souhaitent prendre et la vision qu'elles ont de la collaboration dans le cadre des réseaux. Cela passe notamment par une communication forte de leurs ambitions en matière de qualité, de rentabilité, de prévention, de durabilité...Et de rappeler que la Belgique s'est engagée à rendre son système de santé plus durable et plus résilient à l'occasion de la COP26 à Glasgow. "Les initiatives privilégiant la durabilité environnementale doivent donc être encouragées." "Cette approche transformative implique de repenser le modèle actuel et d'y appliquer des exigences réglementaires spécifiques. D'abord, la révision de la législation au niveau des agréments : actuellement, le budget de l'hôpital (BMF) est attribué au titulaire de l'agrément, ce qui fait obstacle aux nouvelles formes de collaboration. La même logique s'applique aux programmes de soins. Ensuite la révision des seuils définis : l'idée est d'aboutir à une masse critique encourageant l'implantation de services non existants auparavant et/ou d'avoir un meilleur contrôle sur la qualité ", pointe Antares Consulting.Une simplification des règles et une adaptation de la normative est également nécessaire. "Cela implique de revoir la législation actuelle à une échelle différente, en considérant les normes et exigences non plus au niveau des hôpitaux, mais à celui des réseaux, ou d'une quelconque entité collaborative (en matière de réglementation des services médicaux et de support, mais aussi de mobilité du personnel) ", recommande Antares. " Si des formes de collaboration originales existent déjà en Belgique, elles doivent être revues dans cette nouvelle optique. Nous pensons notamment aux associations d'hôpitaux, qui permettent à deux hôpitaux ou plus d'exploiter conjointement un ou plusieurs services, départements, fonctions, unités ou services techniques (médicaux) ou de prendre part ensemble à un ou plusieurs programmes de soins. Dans ce cas, les hôpitaux ne doivent pas répondre individuellement aux normes d'agrément. Cependant, une clarification serait nécessaire sur les activités qui pourraient ou non rentrer dans un accord de collaboration, lorsqu'il s'agit de services allant au-delà de l'activité de base. On pense notamment aux aspects liés à la TVA - lors de la prestation de services qui ne sont pas uniquement médicaux - qui devrait, selon les cas, être payée ou non. "Pour le cabinet de consultance, une simplification des mécanismes de financement permettrait aux institutions hospitalières d'effectuer des choix pertinents et de réaliser des analyses de coûts appropriées sur les activités à partager.L'échelle des réseaux hospitaliers belges peut s'avérer insuffisante ou non-adaptée. Par exemple, lors de l'externalisation d'un service envisagé ou pour certaines thématiques allant au-delà des réseaux (dossiers patients informatisés, cybercriminalité...). "La réglementation doit être revue à travers le prisme global de collaborations plus larges, à savoir au niveau régional, national ou international. Dans ce cas, les obstacles juridiques pour les collaborations transfrontalières devraient être levés. L'intérêt est d'autant plus important lorsque l'on parle d'un petit territoire comme la Belgique ", conseillent les experts.Pour les auteurs du rapport, il est nécessaire d'avoir une évaluation complète et un benchmark des projets existants pour que les instances politiques puissent établir une stratégie de pilotage des services partagés, et aboutir à des recommandations pour la mise en place de projets communs au niveau des réseaux. Ils recommandent de fixer plusieurs échéances à court terme, plutôt que de longues échéances difficilement maîtrisables.La mise en place de services partagés peut demander des investissements initiaux importants. Les auteurs du rapport considèrent que des aides pourraient être proposées et que la stabilité des réformes permettra de limiter les risques pris par les institutions. " L'évaluation de ces projets devra présenter la valeur ajoutée pour le patient, l'hôpital et les pouvoirs publics et informer sur les décisions et sur la façon dont les ressources de santé seront investies ", recommande Antares Consulting." Dans le cadre de la réforme du paysage hospitalier, les hôpitaux doivent collaborer de manière plus structurelle afin de mieux se répartir les activités, de coordonner les soins et de maximiser la valeur apportée à la société et aux patients. Cette collaboration est un véritable enjeu dans la phase de transition. (...) La mise en place de services partagés peut être utilisée comme levier pour approfondir ces relations ", concluent les auteurs du rapport qui soulignent que les visions des acteurs sur les services partagés peuvent être très différentes. Ces services peuvent être vus comme un outil de rationalisation des moyens, d'amélioration de la qualité ou encore d'augmentation de la productivité. "Les motifs et objectifs peuvent être multiples et il y a lieu de bien les définir ", conseille Antares Consulting.(1) Health ProspectING, Réseaux hospitaliers, Comment faire décoller les services partagés ?, Antares Consulting.