Monsieur le ministre, l'actualité pour commencer, avec l' "affaire Fernelmont". Le Dr Bolly, à l'instar de ses confrères fernelmontois, se demande quelles sont les possibilités de prévention, d'expliquer le risque qu'encourent les femmes et les enfants concernant les pesticides ? L'Aviq est-il capable de rédiger une brochure ? Est-ce son rôle ou celui du Fédéral ?

Maxime Prévot : C'est la compétence de la Wallonie. Il n'y a pas de doute là-dessus. D'autant que les accords de la Sainte-Émilie et la sixième Réforme de l'État confient intégralement les compétences de prévention et de promotion de la Santé à la Région wallonne. C'est bien à nous de la faire. Maintenant, est-ce à l'Aviq ou à la Cellule environnement-santé de le faire ? Ça doit encore être clarifié.

Mais ça me donne l'occasion de vous dire, en écho aux propos du Dr Bolly, combien il a raison, dans ses interpellations, de mettre le focus sur la prévention. Je travaille, depuis plusieurs mois déjà, au grand Plan wallon de prévention et de promotion de la santé, plan que j'aurais souhaité, pour être transparent avec vous, déjà boucler début de cette année-ci. J'ai accumulé un peu de retard parce que les équipes ont été mobilisées notamment sur l'assurance autonomie. Mais je compte le boucler fin de cette année pour présenter au gouvernement les grands axes stratégiques des actions publiques de prévention et de promotion de la santé. Il est évident que parmi ces axes, il y aura tout ce qui concerne les interactions avec l'environnement immédiat.

Avoir un public cible tel que la femme enceinte comme il le suggère, avec l'aide d'une brochure plus spécifique, me paraît certainement être utile. Pas seulement pour les questions relatives aux pesticides, mais aussi pour d'autres éléments connexes qui concernent la santé du foetus ou le développement de celui-ci et qui concerne la santé de la femme enceinte elle-même. Ces informations pourraient être compilées dans une seule et même brochure plus utile, plutôt qu'avoir une information, qui, reconnaissons-le, si elle existe, est encore disparate.

Je voudrais vous faire part de deux chiffres, dont vous avez certainement eu vent via les lettres ouvertes des médecins fernelmontois : une étude de la Société des endocrinologues européens estime le coût des perturbateurs endocriniens à 157 milliards d'euros par an en Europe. Deuxième chiffre : l'Agence nationale française de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) estime que la mauvaise qualité de l'air intérieur coûte de 19 milliards d'euros par an en France. Si l'on applique une règle de 3, cela fait 3,3 milliards par an en Belgique. Alors que, je le rappelle, le Fédéral est à la recherche de 4,2 milliards d'euros pour boucler son budget. La mise en place d'une stratégie de promotion de la santé amènerait donc un pourcentage non négligeable d'économies. D'où ma question : est-ce que le monde politique a réellement conscience que les expositions environnementales, et surtout les perturbateurs endocriniens, représentent probablement le défi majeur de ces prochaines années? Est-ce qu'ils sont conscients du coût des externalités négatives que cela génère ?

Pour vous répondre en transparence, je n'ai pas la conviction aujourd'hui que le monde politique en général en est conscient. Les femmes et les hommes politiques qui sont sensibles aux questions de santé, de par les documentations parcourues, de par les échanges de terrain, mesurent combien cela devient un élément problématique.
D'autres sont parfois plus sensibles à un phénomène lorsqu'il est monétisé que quand il ne l'est pas. Bien qu'en soi, le problème mérite d'être traité pour des questions de Santé publique.

Le fait de pouvoir y accoler des chiffres comme vous le faites est une manière de mesurer l'ampleur du phénomène et surtout l'importance de pouvoir investir dans ces enjeux de prévention et de promotion de la santé. C'est un axe clé, sur lequel, comme je l'ai dit, je prépare un plan stratégique et je pense que c'est une opportunité qui doit être renforcée à la faveur de la mise sur pied de l'Aviq, qui doit avoir désormais une approche beaucoup plus transversale, poreuse entre les différentes thématiques plutôt qu'une approche en silos, chacun se regardant en chiens de faïence et n'étant attentif qu'au spectre de ses compétences directes. C'est la raison pour laquelle, au sein de l'Aviq, j'ai veillé à créer une commission spécifique, transversale, dédicacée aux questions de prévention et de promotion de la santé.

Volet hospitalier

Petite réaction sur l'affaire Vivalia. Il y aura bien un financement dès lors, pas de soubresauts de dernière minute ?
D'abord, il était temps. Parce que, qu'on le veuille ou non, je constate que la Wallonie est un confetti territorial qui doit probablement avoir sur son sol le plus haut niveau de densité d'hôpitaux par kilomètre carré.

On a aujourd'hui des structures hospitalières qui se regardent en chiens de faïence, parfois d'un côté et de l'autre d'une même rue. En matière de soins et de Santé publique, on doit quitter ces clivages. Ce sont des options qu'ont déjà choisies une série de structures hospitalières ces 15 dernières années. Je n'ai pas la prétention d'inventer les choses. On voit des structures qui ont fusionné entre public et associatif, impliquant parfois même les mutuelles, et avec succès.

Il faut de la proximité, de la qualité dans les soins. Pour ce faire, il faut une masse critique d'actes de soins, et donc une consolidation. D'autant que le prix des équipements de pointe est tellement lourd que mutualiser est une nécessité. Il faut donc ventiler de manière adéquate les outils sur le territoire. Je pense aux RMN notamment qui sont devenus indispensables.

Je me réjouis que Vivalia ait enfin pu converger vers un modèle. Cela va leur permettre de proposer un projet dans le cadre du premier programme quinquennal de financement. Il a de bonnes chances d'être retenu. Je ne peux pas encore affirmer qu'il le sera définitivement tant que le gouvernement n'aura pas été saisi du dossier officiellement. La certitude, c'est que si Vivalia n'avait pas pu converger, il était acquis qu'il aurait été hors du coup. C'est sûr.
Le plan infrastructures favorise la fusion des hôpitaux et on connait les chantiers en cours : le Mont Légia, Vivalia,... Mais est-il encore possible, financièrement, de restructurer le paysage hospitalier wallon, compte tenu du fait que plusieurs hôpitaux sont dans le rouge, comme le montre la dernière étude Maha, et que la méthode de financement est amenée à changer vers du 100% hospitalier ?

Votre question, c'est "est-il encore possible". Je dis qu'il est indispensable! Et l'étude Maha démontre une dégradation lente mais régulière des finances des structures hospitalières. Donc on doit être dans un processus de rationalisation. Les balises budgétaires et financières des hôpitaux, à la lumière de l'étude Maha, plaident pour accélérer le mouvement en la matière.
J'ai connu des conseils médicaux arcboutés sur leurs convictions - parfois davantage arcboutés sur leurs avantages que sur leurs convictions d'ailleurs - qui pensaient, tous seuls en restant sur leur île, consolider leur offre de soins, rencontrer les normes d'agréments...Je pense que c'est illusoire! Aujourd'hui, on doit travailler en réseaux, en collaboration renforcée, en synergie et parfois fusionner pour atteindre cette masse critique qui garantit la qualité des soins.

Pour ce faire, la coopération avec votre homologue fédérale est nécessaire, mais est-elle bonne ?

Toutes les collaborations peuvent être améliorées, mais aujourd'hui, à titre personnel, je ne me plains pas des collaborations que mon cabinet peut entretenir avec celui de Maggie. On ne mesure pas combien en politique, c'est aussi une affaire de qualité relationnelle entre les hommes et les femmes.

J'ai eu la chance de fréquenter Maggie De Block lorsque j'étais député fédéral. Nous étions ensemble en Commission de la Santé. Ça peut paraître marginal, mais le simple fait de s'être fréquenté et apprécié à l'époque facilite le contact. Aujourd'hui, j'ai un excellent contact personnel avec elle, même si je ne cautionne pas toutes les orientations qu'elle prend. C'est autre chose.

Je ferais un mauvais procès à Maggie De Block de donner le sentiment que je ne suis pas en capacité de nourrir une collaboration positive en matière de Santé publique avec elle. Ce n'est pas le cas. Les choses se passent bien depuis le début de la législature. Gageons qu'il en soit de même jusqu'à la fin de la législature.

Monsieur le ministre, l'actualité pour commencer, avec l' "affaire Fernelmont". Le Dr Bolly, à l'instar de ses confrères fernelmontois, se demande quelles sont les possibilités de prévention, d'expliquer le risque qu'encourent les femmes et les enfants concernant les pesticides ? L'Aviq est-il capable de rédiger une brochure ? Est-ce son rôle ou celui du Fédéral ? Maxime Prévot : C'est la compétence de la Wallonie. Il n'y a pas de doute là-dessus. D'autant que les accords de la Sainte-Émilie et la sixième Réforme de l'État confient intégralement les compétences de prévention et de promotion de la Santé à la Région wallonne. C'est bien à nous de la faire. Maintenant, est-ce à l'Aviq ou à la Cellule environnement-santé de le faire ? Ça doit encore être clarifié. Mais ça me donne l'occasion de vous dire, en écho aux propos du Dr Bolly, combien il a raison, dans ses interpellations, de mettre le focus sur la prévention. Je travaille, depuis plusieurs mois déjà, au grand Plan wallon de prévention et de promotion de la santé, plan que j'aurais souhaité, pour être transparent avec vous, déjà boucler début de cette année-ci. J'ai accumulé un peu de retard parce que les équipes ont été mobilisées notamment sur l'assurance autonomie. Mais je compte le boucler fin de cette année pour présenter au gouvernement les grands axes stratégiques des actions publiques de prévention et de promotion de la santé. Il est évident que parmi ces axes, il y aura tout ce qui concerne les interactions avec l'environnement immédiat. Avoir un public cible tel que la femme enceinte comme il le suggère, avec l'aide d'une brochure plus spécifique, me paraît certainement être utile. Pas seulement pour les questions relatives aux pesticides, mais aussi pour d'autres éléments connexes qui concernent la santé du foetus ou le développement de celui-ci et qui concerne la santé de la femme enceinte elle-même. Ces informations pourraient être compilées dans une seule et même brochure plus utile, plutôt qu'avoir une information, qui, reconnaissons-le, si elle existe, est encore disparate. Je voudrais vous faire part de deux chiffres, dont vous avez certainement eu vent via les lettres ouvertes des médecins fernelmontois : une étude de la Société des endocrinologues européens estime le coût des perturbateurs endocriniens à 157 milliards d'euros par an en Europe. Deuxième chiffre : l'Agence nationale française de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) estime que la mauvaise qualité de l'air intérieur coûte de 19 milliards d'euros par an en France. Si l'on applique une règle de 3, cela fait 3,3 milliards par an en Belgique. Alors que, je le rappelle, le Fédéral est à la recherche de 4,2 milliards d'euros pour boucler son budget. La mise en place d'une stratégie de promotion de la santé amènerait donc un pourcentage non négligeable d'économies. D'où ma question : est-ce que le monde politique a réellement conscience que les expositions environnementales, et surtout les perturbateurs endocriniens, représentent probablement le défi majeur de ces prochaines années? Est-ce qu'ils sont conscients du coût des externalités négatives que cela génère ? Pour vous répondre en transparence, je n'ai pas la conviction aujourd'hui que le monde politique en général en est conscient. Les femmes et les hommes politiques qui sont sensibles aux questions de santé, de par les documentations parcourues, de par les échanges de terrain, mesurent combien cela devient un élément problématique. D'autres sont parfois plus sensibles à un phénomène lorsqu'il est monétisé que quand il ne l'est pas. Bien qu'en soi, le problème mérite d'être traité pour des questions de Santé publique. Le fait de pouvoir y accoler des chiffres comme vous le faites est une manière de mesurer l'ampleur du phénomène et surtout l'importance de pouvoir investir dans ces enjeux de prévention et de promotion de la santé. C'est un axe clé, sur lequel, comme je l'ai dit, je prépare un plan stratégique et je pense que c'est une opportunité qui doit être renforcée à la faveur de la mise sur pied de l'Aviq, qui doit avoir désormais une approche beaucoup plus transversale, poreuse entre les différentes thématiques plutôt qu'une approche en silos, chacun se regardant en chiens de faïence et n'étant attentif qu'au spectre de ses compétences directes. C'est la raison pour laquelle, au sein de l'Aviq, j'ai veillé à créer une commission spécifique, transversale, dédicacée aux questions de prévention et de promotion de la santé.Volet hospitalierPetite réaction sur l'affaire Vivalia. Il y aura bien un financement dès lors, pas de soubresauts de dernière minute ? D'abord, il était temps. Parce que, qu'on le veuille ou non, je constate que la Wallonie est un confetti territorial qui doit probablement avoir sur son sol le plus haut niveau de densité d'hôpitaux par kilomètre carré. On a aujourd'hui des structures hospitalières qui se regardent en chiens de faïence, parfois d'un côté et de l'autre d'une même rue. En matière de soins et de Santé publique, on doit quitter ces clivages. Ce sont des options qu'ont déjà choisies une série de structures hospitalières ces 15 dernières années. Je n'ai pas la prétention d'inventer les choses. On voit des structures qui ont fusionné entre public et associatif, impliquant parfois même les mutuelles, et avec succès. Il faut de la proximité, de la qualité dans les soins. Pour ce faire, il faut une masse critique d'actes de soins, et donc une consolidation. D'autant que le prix des équipements de pointe est tellement lourd que mutualiser est une nécessité. Il faut donc ventiler de manière adéquate les outils sur le territoire. Je pense aux RMN notamment qui sont devenus indispensables. Je me réjouis que Vivalia ait enfin pu converger vers un modèle. Cela va leur permettre de proposer un projet dans le cadre du premier programme quinquennal de financement. Il a de bonnes chances d'être retenu. Je ne peux pas encore affirmer qu'il le sera définitivement tant que le gouvernement n'aura pas été saisi du dossier officiellement. La certitude, c'est que si Vivalia n'avait pas pu converger, il était acquis qu'il aurait été hors du coup. C'est sûr. Le plan infrastructures favorise la fusion des hôpitaux et on connait les chantiers en cours : le Mont Légia, Vivalia,... Mais est-il encore possible, financièrement, de restructurer le paysage hospitalier wallon, compte tenu du fait que plusieurs hôpitaux sont dans le rouge, comme le montre la dernière étude Maha, et que la méthode de financement est amenée à changer vers du 100% hospitalier ? Votre question, c'est "est-il encore possible". Je dis qu'il est indispensable! Et l'étude Maha démontre une dégradation lente mais régulière des finances des structures hospitalières. Donc on doit être dans un processus de rationalisation. Les balises budgétaires et financières des hôpitaux, à la lumière de l'étude Maha, plaident pour accélérer le mouvement en la matière. J'ai connu des conseils médicaux arcboutés sur leurs convictions - parfois davantage arcboutés sur leurs avantages que sur leurs convictions d'ailleurs - qui pensaient, tous seuls en restant sur leur île, consolider leur offre de soins, rencontrer les normes d'agréments...Je pense que c'est illusoire! Aujourd'hui, on doit travailler en réseaux, en collaboration renforcée, en synergie et parfois fusionner pour atteindre cette masse critique qui garantit la qualité des soins.Pour ce faire, la coopération avec votre homologue fédérale est nécessaire, mais est-elle bonne ? Toutes les collaborations peuvent être améliorées, mais aujourd'hui, à titre personnel, je ne me plains pas des collaborations que mon cabinet peut entretenir avec celui de Maggie. On ne mesure pas combien en politique, c'est aussi une affaire de qualité relationnelle entre les hommes et les femmes. J'ai eu la chance de fréquenter Maggie De Block lorsque j'étais député fédéral. Nous étions ensemble en Commission de la Santé. Ça peut paraître marginal, mais le simple fait de s'être fréquenté et apprécié à l'époque facilite le contact. Aujourd'hui, j'ai un excellent contact personnel avec elle, même si je ne cautionne pas toutes les orientations qu'elle prend. C'est autre chose. Je ferais un mauvais procès à Maggie De Block de donner le sentiment que je ne suis pas en capacité de nourrir une collaboration positive en matière de Santé publique avec elle. Ce n'est pas le cas. Les choses se passent bien depuis le début de la législature. Gageons qu'il en soit de même jusqu'à la fin de la législature.