Il y a quelques semaines, les manifestants de la FGTB ont montré qu'ils savaient paralyser une ville. En bloquant certains axes de l'agglomération liégeoise, ils ont causé un embourbement urbain qui est, directement ou indirectement, à la base de deux décès.

Le premier décès, grandement médiatisé, concerne une dame de 74 ans qui a été prise en charge plus tard que prévu par le chirurgien vasculaire de la clinique d'Hermalle, faisant partie du CHC. Un choc pour le centre hospitalier. " Nous avons été choqués, et le chirurgien responsable de l'opération, encore plus, évidemment ", explique le Dr Olivier. " Nous l'avons considéré comme une seconde victime, comme c'est souvent prévu dans ces cas-là. Nous lui avons proposé une aide. Il a été choqué à double titre. D'abord, il a dû prendre des risques, escorté par la police, en faisant un rodéo dans les bretelles d'autoroute, en contournant les embouteillages. Des risques pour lui et pour les autres usagers de la route. Ensuite, il a été choqué par la médiatisation autour de cette histoire ". Une médiatisation qui n'était pas du chef du CHC.

Un drame est venu calmer cette agitation médiatique, c'est l'infarctus d'une autre personne qui se rendait à la clinique de l'Espérance, à Saint Nicolas, qui fait également partie du CHC.


Une série noire qui crée le débat

Suite à ces événements malheureux, le CHC a décidé de porter plainte contre X pour homicide involontaire. La FGTB, derrière la manifestation, dit compatir et avoue ne pas pouvoir tout contrôler. Certains vont même plus loin, à l'instar de Francis Gomez, président de la FGTB Liège-Huy-Waremme, et s'interrogent sur la responsabilité de l'hôpital, qui n'aurait pas eu de plan B. " La prévision d'un plan B, c'est une méconnaissance totale du milieu hospitalier ", explique le Dr Olivier. Le Dr de Toeuf, président de l'Absym, n'a d'ailleurs pas manqué de le rappeler sur les plateaux de RTL soulignant qu'il est déjà arrivé qu'un hôpital prépare un plan B, et que des grévistes mettent des bâtons dans les roues du personnel.

" Je pense que débattre de savoir si c'est à l'hôpital de gérer les mouvements sociaux a peu de sens. On aurait un plan catastrophe par jour, si c'est ça ", explique le directeur médical. " La grève de la poste, des bus demain, une grève générale après, et encore après des grèves tournantes. Ca n'en finirait pas. C'est un faux débat. " Marc Goblet, président de la FGTB, a d'ailleurs pris ses distances par rapport aux dires de Francis Gomez sur le plateau de RTL.

Quid de la chirurgie de garde ?

Faut-il prévoir plus de chirurgiens de garde ? Le Dr Olivier répond sans détour : " Prévoir des chirurgiens de garde en plus est une ineptie. Le médecin doit-il être une personne célibataire sans vie de famille, qui dort dans un hôpital reconverti en forteresse ? Et quand bien même nous aurions 5 lignes de chirurgiens de garde, avec une circulation à ce point bloquée, comment être sûr que l'ambulance arriverait à bon port ? "
L'espoir qu'à l'avenir, les choses changent

Des manifestations qui débordent, c'est connu à Liège. La Cité Ardente s'embrase facilement à l'instar de supporters de l'équipe fanion. Cela fait partie du décor, les gens y sont habitués. Mais voilà, quand la vie de quelqu'un entre en jeu, il faut savoir dire stop. " Nous étions dans une sorte d'habitude fataliste ", explique le Dr Olivier. " Ce n'est pas la première fois que des piquets de grève perturbent notre travail. Mais c'est la première fois que les conséquences sont aussi dramatiques et que c'est autant médiatisé. "

L'hôpital ne doit pas être le dernier garant du libre accès à l'hôpital. C'est le rôle de l'autorité publique de garantir l'accès aux soins. C'est une fuite en avant de demander aux hôpitaux de mieux gérer les mouvements sociaux. Il faut travailler en amont.

Une prise de conscience a eu lieu. " C'est ce que j'espère ", indique le directeur médical du CHC. " On voit une prise de conscience à cause de cette série noire. Les organisateurs des manifestations sociales s'engagent à laisser la bande d'arrêt d'urgence libre pour que les soins vitaux puissent continuer leur travail. C'était le but de la plainte. Les bébés continuent à naître et les cardiaques sont sujets à des infarctus, même les jours de grève. Il faut pouvoir continuer à soigner ces gens. "


Une loi qui interdit d'entraver l'exercice régulier de l'art médical

Henri Anrys, secrétaire général de l'Absym, a tenu à rappeler l'article 30 de la loi du 10 mai 2015 coordonnant les dispositions sur l'exercice des professions de soins de santé, qui n'a pas été invoqué.
Selon cet article, " il est interdit d'empêcher ou d'entraver par voies de fait ou violences, l'exercice régulier et normal de l'art médical par une personne réunissant les conditions requises ". L'art 126, 3° prévoit une peine de 8 jours à 3 mois d'emprisonnement et une amende de 26 à 2.000 euros sans préjudice des autres peines prévues par le Code pénal, entre autres liées aux conséquences de ces voies de fait - comme l'homicide involontaire, sujet de la plainte déposée. Pour le Dr Olivier, directeur médical du CHC, cette loi doit être appliquée dans tous les cas, sinon, elle ne sert à rien.

" On entend par voie de fait un acte de contrainte de nature à impressionner la victime. C'est un acte grossièrement illégal ", rappelle le secrétaire général de l'Absym. " C'est l'équivalent de menaces sans qu'une victime ne soit touchée. En 1967, on avait considéré qu'une barricade, qu'un piquet de grève à l'entrée d'un hôpital était une voie de fait... "

Il y a quelques semaines, les manifestants de la FGTB ont montré qu'ils savaient paralyser une ville. En bloquant certains axes de l'agglomération liégeoise, ils ont causé un embourbement urbain qui est, directement ou indirectement, à la base de deux décès. Le premier décès, grandement médiatisé, concerne une dame de 74 ans qui a été prise en charge plus tard que prévu par le chirurgien vasculaire de la clinique d'Hermalle, faisant partie du CHC. Un choc pour le centre hospitalier. " Nous avons été choqués, et le chirurgien responsable de l'opération, encore plus, évidemment ", explique le Dr Olivier. " Nous l'avons considéré comme une seconde victime, comme c'est souvent prévu dans ces cas-là. Nous lui avons proposé une aide. Il a été choqué à double titre. D'abord, il a dû prendre des risques, escorté par la police, en faisant un rodéo dans les bretelles d'autoroute, en contournant les embouteillages. Des risques pour lui et pour les autres usagers de la route. Ensuite, il a été choqué par la médiatisation autour de cette histoire ". Une médiatisation qui n'était pas du chef du CHC. Un drame est venu calmer cette agitation médiatique, c'est l'infarctus d'une autre personne qui se rendait à la clinique de l'Espérance, à Saint Nicolas, qui fait également partie du CHC. Une série noire qui crée le débat Suite à ces événements malheureux, le CHC a décidé de porter plainte contre X pour homicide involontaire. La FGTB, derrière la manifestation, dit compatir et avoue ne pas pouvoir tout contrôler. Certains vont même plus loin, à l'instar de Francis Gomez, président de la FGTB Liège-Huy-Waremme, et s'interrogent sur la responsabilité de l'hôpital, qui n'aurait pas eu de plan B. " La prévision d'un plan B, c'est une méconnaissance totale du milieu hospitalier ", explique le Dr Olivier. Le Dr de Toeuf, président de l'Absym, n'a d'ailleurs pas manqué de le rappeler sur les plateaux de RTL soulignant qu'il est déjà arrivé qu'un hôpital prépare un plan B, et que des grévistes mettent des bâtons dans les roues du personnel. " Je pense que débattre de savoir si c'est à l'hôpital de gérer les mouvements sociaux a peu de sens. On aurait un plan catastrophe par jour, si c'est ça ", explique le directeur médical. " La grève de la poste, des bus demain, une grève générale après, et encore après des grèves tournantes. Ca n'en finirait pas. C'est un faux débat. " Marc Goblet, président de la FGTB, a d'ailleurs pris ses distances par rapport aux dires de Francis Gomez sur le plateau de RTL. Quid de la chirurgie de garde ? Faut-il prévoir plus de chirurgiens de garde ? Le Dr Olivier répond sans détour : " Prévoir des chirurgiens de garde en plus est une ineptie. Le médecin doit-il être une personne célibataire sans vie de famille, qui dort dans un hôpital reconverti en forteresse ? Et quand bien même nous aurions 5 lignes de chirurgiens de garde, avec une circulation à ce point bloquée, comment être sûr que l'ambulance arriverait à bon port ? " L'espoir qu'à l'avenir, les choses changent Des manifestations qui débordent, c'est connu à Liège. La Cité Ardente s'embrase facilement à l'instar de supporters de l'équipe fanion. Cela fait partie du décor, les gens y sont habitués. Mais voilà, quand la vie de quelqu'un entre en jeu, il faut savoir dire stop. " Nous étions dans une sorte d'habitude fataliste ", explique le Dr Olivier. " Ce n'est pas la première fois que des piquets de grève perturbent notre travail. Mais c'est la première fois que les conséquences sont aussi dramatiques et que c'est autant médiatisé. " L'hôpital ne doit pas être le dernier garant du libre accès à l'hôpital. C'est le rôle de l'autorité publique de garantir l'accès aux soins. C'est une fuite en avant de demander aux hôpitaux de mieux gérer les mouvements sociaux. Il faut travailler en amont. Une prise de conscience a eu lieu. " C'est ce que j'espère ", indique le directeur médical du CHC. " On voit une prise de conscience à cause de cette série noire. Les organisateurs des manifestations sociales s'engagent à laisser la bande d'arrêt d'urgence libre pour que les soins vitaux puissent continuer leur travail. C'était le but de la plainte. Les bébés continuent à naître et les cardiaques sont sujets à des infarctus, même les jours de grève. Il faut pouvoir continuer à soigner ces gens. " Une loi qui interdit d'entraver l'exercice régulier de l'art médical Henri Anrys, secrétaire général de l'Absym, a tenu à rappeler l'article 30 de la loi du 10 mai 2015 coordonnant les dispositions sur l'exercice des professions de soins de santé, qui n'a pas été invoqué. Selon cet article, " il est interdit d'empêcher ou d'entraver par voies de fait ou violences, l'exercice régulier et normal de l'art médical par une personne réunissant les conditions requises ". L'art 126, 3° prévoit une peine de 8 jours à 3 mois d'emprisonnement et une amende de 26 à 2.000 euros sans préjudice des autres peines prévues par le Code pénal, entre autres liées aux conséquences de ces voies de fait - comme l'homicide involontaire, sujet de la plainte déposée. Pour le Dr Olivier, directeur médical du CHC, cette loi doit être appliquée dans tous les cas, sinon, elle ne sert à rien. " On entend par voie de fait un acte de contrainte de nature à impressionner la victime. C'est un acte grossièrement illégal ", rappelle le secrétaire général de l'Absym. " C'est l'équivalent de menaces sans qu'une victime ne soit touchée. En 1967, on avait considéré qu'une barricade, qu'un piquet de grève à l'entrée d'un hôpital était une voie de fait... "