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" Les réunions de crises rythment le quotidien de l'hôpital depuis des mois et des mois : On fait face, on analyse, on s'adapte, on trouve des solutions, on motive, on rassemble, on encourage, ...afin de faire face à cette crise qui s'éternise. Depuis plus de deux ans, l'ensemble du personnel hospitalier réalise la plus grosse part de l'effort que la lutte contre le Covid-19 exige ! On a épuisé toutes les ressources qui nous permettent d'assumer nos missions d'hôpital général. On arrive au bout de ce qui est humainement possible de supporter. Le taux d'absentéisme explose. Les prestations et les pauses s'enchaînent sans répit possible. Les tensions se multiplient. La pénurie se creuse encore ... ", constate la direction médicale de la Clinique André Renard." Nous estimons que la situation devient démesurément critique. Avant que celle-ci ne nous échappe, la direction médicale prend la décision de fermer les urgences ce jour à 14h jusqu'à ce lundi 13 décembre 8h afin de stopper l'afflux de nouveaux patients et de pouvoir offrir à ceux que nous avons pris en charge des soins de qualité. Dans ce même créneau horaire, l'activité chirurgicale va également être réduite pour se limiter exclusivement aux interventions essentielles ", a prévenu jeudi l'hôpital de Herstal.Le directeur médical de la clinique, le Dr Thierry Lemineur, souligne que la problématique principale n'est pas le nombre de cas de Covid. "La pandémie a exacerbé une situation qui était déjà un état de souffrance pour le personnel soignant. Nous nous retrouvons face à un personnel épuisé et qui ne se sent pas respecté. Cette fermeture des urgences et la limitation de l'activité du bloc opératoire va nous permettre de leur donner une bouffée d'oxygène durant quelques jours. Nous arrivons dans une situation dans laquelle nous ne pouvons plus assurer des soins de qualité aux personnes qui sont actuellement hospitalisées dans notre clinique. Il aurait été irresponsable de notre part de ne pas essayer de diminuer durant quelques jours le nombre d'entrants dans ce contexte." La direction médicale est bien consciente que ces mesures vont seulement permettre de réduire un peu la pression en interne durant quelques jours. " Nous redoutons l'arrivée du 1er janvier ! Sans un arrêt immédiat des mesures vexatoires à l'égard des soignants, sans une revalorisation de la profession, la situation va s'aggraver dans les prochains mois... des mesures structurelles sont indispensables au plus vite ! ", prévient le directeur médical, le Dr Thierry Lemineur.Le Cabinet du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, qui dit déplorer cette situation a toutefois réagi fermement, jeudi soir. "Chaque fois que l'hôpital va refuser de prendre en charge un patient transmis par le 112, l'inspecteur d'hygiène du SPF Santé publique pourra établir un PV pour infraction à la loi de 1964 sur l'aide médicale urgente et l'envoyer au parquet ainsi qu'à la clinique André Renard", prévient le Cabinet.Le Dr Thierry Lemineur s'attendait à cette réaction ministérielle. "Nous connaissons bien entendu la législation. Malheureusement, le ministre Vandenbroucke n'a rien d'autre à proposer à l'heure actuelle. Nous ne nous attendions pas à une autre réaction de sa part. Il mène un combat d'arrière-garde. Nous espérons une réflexion du monde politique par rapport à une revalorisation globale du secteur infirmier pour permettre de sauver le système hospitalier."Quid des moyens importants libérés pour les soignants par le gouvernement fédéral ? "Des budgets ont été dégagés mais nous n'en voyons pas encore les effets sur le terrain. Cela ne répond pas au ras-le-bol et à la fatigue psychique et physiologique. Les autorités ont demandé, il y a un an, aux infirmières épuisées et contaminées de venir travailler pour renforcer les équipes. Un an plus tard, on menace de les licencier si elles ne sont pas vaccinées. Ce n'est pas très respectueux." La clinique organise tout de même une prise en charge pour les urgences vitales et a prévenu les hôpitaux de son réseau qui, solidaires, sont prêts à accueillir ces patients.