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Faut-il adapter le nombre de lits de soins intensifs? Pour un quart de répondants, il en faut plus. Sept répondants sur dix estimaient durant l'été que le nombre actuel est suffisant. Répondraient-ils encore de la même façon actuellement vu la saturation des services de soins intensifs? "Au CHU de Liège, le nombre de lits de soins intensifs est un peu juste. Il faut réfléchir à d'autres types de lits. Nous manquons certainement de lits de "middle care" qui peuvent accueillir les patients qui doivent bénéficier d'une ventilation non-invasive. Ce qui se fait beaucoup plus actuellement dans la prise en charge du Covid", détaille Julien Compère CEO du CHU de Liège. "En temps normal, nous n'en manquons pas de lits de soins intensifs", souligne le Dr Ventura, président de l'AFMC. "Ce serait inutile d'avoir des lits USI supplémentaires, équipés à 100% et financés. Au GHDC, nous avons augmenté de façon considérable le nombre de nos lits USI. Nous dépassons les exigences du 2B parce que nous avons de la chance d'avoir de la place et une unité de soins intensifs qui n'était plus utilisée. Il a suffi de la réactiver. Dans une pandémie importante, unique, un hôpital tampon ne suffit pas non plus. En plus, le problème du personnel se posera toujours.""Lors de la première vague, les lits de soins intensifs n'ont pas été saturés. Or, il n'y a pas eu ou peu de solidarité entre les hôpitaux", rappelle Paul d'Otreppe. "Par contre, une leçon de la deuxième sera la transversalité. Les hôpitaux sont nettement plus solidaires entre eux maintenant. Il y a eu des soucis durant quelques jours pour les transferts des patients Covid, aujourd'hui cela se fait convenablement. Entre autres, les transferts du sud vers le nord du pays." Quid du nombre de lits hospitaliers, d'hôpitaux académiques et d'hôpitaux généraux? La moitié des répondants estime qu'il en faut moins. L'autre moitié est pour un statu quo. "En Belgique, nous avons peut-être été trop loin dans la réduction du nombre de lits hospitaliers", estime Julien Compère. "Le nombre d'hôpitaux académiques et d'hôpitaux généraux est correct. Une question fondamentale qu'il faut se poser aujourd'hui est de savoir si tous les patients Covid hospitalisés doivent l'être. Il faut réfléchir au meilleur trajet de soins du patient Covid. Il pourrait être pris en charge dans une structure mixte. Pour un hôpital académique, il est parfois frustrant de devoir limiter des pathologies telles que les opérations cardiaques et des traitements oncologiques, ce qui est le coeur de notre métier. Nous manquons en Belgique de capacités "réflexes" mobilisables. Il faudrait aussi prévoir des "réservistes" qui peuvent intervenir lorsque les hôpitaux manquent de bras."Notre enquête révèle également que les directions hospitalières sont favorables à un renforcement de la collaboration avec les autres acteurs. Elles sont toutes d'accord avec le fait que la pandémie a démontré la nécessité de mieux collaborer entre les différentes lignes de soins. Elles estiment qu'il revient aux hôpitaux, en collaboration avec les généralistes, d'organiser la continuité des soins et que la pandémie a renforcé la collaboration entre le secteur hospitalier, les médecins généralistes et le secteur des soins à domicile. "A Charleroi, l'association des généralistes est très efficace et organisée. Nous avons travaillé ensemble lors de la première vague à la mise sur pied du centre de testing. L'hôpital sert de structure faîtière et les généralistes gèrent la structure. Nous travaillons bien ensemble", précise le Dr Manfredi Ventura. Près de sept répondants sur dix sont favorables au développement de l'hospitalisation de jour et de l'hospitalisation à domicile et à la fermeture rapide de lits classiques. "Des patients Covid pourraient sortir plus vite de l'hôpital. Le problème est le suivi de ces patients à domicile. La première ligne est également débordée. Or, le médecin de famille est un maillon essentiel de la convalescence. Dans la situation actuelle, le numerus clausus montre ses limites", tempère Julien Compère. L'enquête révèle aussi que près de six répondants estiment que les hôpitaux ne doivent pas se limiter aux soins aigus. "Ces directeurs hospitaliers ont peur pour leur chiffre d'affaires parce que le système de financement actuel privilégie la réalisation d'actes", soutient le président de l'ABDH, Paul d'Otreppe.