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L'offre d'emploi publiée par le GHdC a de quoi surprendre. On peut s'étonner de voir un hôpital général qui recherche un philosophe (H/F) pouvant travailler à temps plein, 38 heures par semaine, dans l'institution pour "accompagner le personnel de santé, confronté aux questions existentielles et de sens relatives aux soins, telles que la naissance, la mort, la vulnérabilité, le sens de la vie, la douleur, ... afin de co-construire des réponses avec lui."Le profil de fonction a été longuement réfléchi par la direction du GHdC. Cette personne devra pouvoir : - identifier et expliciter les questions de perte de sens qui émanent de la pratique actuelle des soignants ;- rencontrer individuellement les membres du personnel qui le souhaitent ;- proposer des groupes de réflexions sur des problèmes vécus comme récurrents (articulation vie prive/vie professionnelle, questions de reconnaissances, violence, limites des responsabilités, accélération des rythmes de travail, gestion des risques, etc...) ;- proposer des pistes de réflexion et d'élaboration du sens des soins via des propositions de lectures, de vidéos, de films, ou encore organisation de conférences, etc.- relayer et/ou développer des initiatives des membres du personnel." La toile de fond est liée à la pandémie : la pénurie de personnel, le burn-out, les démissions, l'absentéisme... Des problèmes dont on parle tous les jours depuis plus de deux ans dans le secteur hospitalier", confie Gauthier Saelens, directeur général du groupe hospitalier. " Ces facteurs étaient déjà présents avant la crise sanitaire, notamment le manque de bras et la faiblesse de l'encadrement en Belgique. Tout le système tenait de façon globale grâce aux efforts de tous les acteurs. Le Covid est venu bousculer cet équilibre fragile. Tout le monde a commencé à se poser des questions sur le métier de soignant. "Le directeur général souligne que le GHdC a pu mobiliser les initiatives qui étaient déjà présentes dans l'institution pour soutenir son personnel durant la crise : la cellule " sport et bien-être ", qui propose des activités sportives et culturelles aux travailleurs, et la présence d'une assistance sociale et d'une psychologue dédiées au personnel. " Nous nous sommes appuyés sur cette offre et nous avons renforcé l'aide, par exemple, psychologique. Mais, nous avons constaté que ce que nous mettions en place aidaient certaines personnes, mais pas d'autres. Nous entendions souvent des soignants, mais aussi des médecins, dire : " tout cela n'a pas de sens " ou " quel est encore le sens de mon métier ? " À force de les entendre, nous nous sommes dits qu'il fallait retrouver du sens. Une idée, au départ un peu anecdotique et livrée entre deux portes, a été proposée par la directrice du nursing, Marie-Cécile Buchin, en déclarant : " ce qu'il nous faudrait c'est un philosophe " ".Cette idée a ensuite été creusée par la direction avec l'aide d'une philosophe extérieure pour définir le profil et les missions. "Ce poste est totalement inédit en Belgique. Quelques philosophes hospitaliers travaillent au Canada et en France. Nous sommes en cours de recrutement. Ce n'est pas un poste de recherche académique, ni un poste de représentant du personnel ou de psychologue. Nous cherchons un philosophe qui va travailler le collectif. Les professionnels qui ont choisi d'exercer les métiers du soin - infirmières, kinés... - étaient très motivées lorsqu'ils ont choisi leurs études. Cette motivation a parfois été brisée. Nous voulons travailler là-dessus en retrouvant les raisons pour lesquelles ces personnes ont décidé de travailler à l'hôpital et ont aimé leurs études. Nous allons appendre ensemble. Notre philosophe devra être très à l'écoute, capable de comprendre les équipes et d'identifier les problèmes pour pouvoir aider ensuite les travailleurs à se mettre progressivement en mouvement."Soulignons qu'un tel poste n'est évidemment pas financé par le Budget des moyens financiers ou l'Inami et que l'hôpital a décidé d'investir sur fonds propres dans cette fonction en débloquant un budget spécifique.