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La Clinique Saint-Jean a été contactée par le FSE Group pour l'aider à former des médecins en Mongolie. Cette structure internationale mène des projets d'équipements biomédicaux et de laboratoires un peu partout dans le monde. Elle a déjà réalisé plus de 300 projets médicaux dans une trentaine de pays. "Le grand avantage de FSE Group c'est que ses activités sont tout à fait transparentes et que l'on sait exactement à quoi sert l'aide. L'argent ne disparaît pas", explique le Dr Sam Ward qui est parti récemment en Mongolie dans le cadre d'une mission de formation de médecins spécialistes. FSE Group est actif depuis 1998 en Belgique. Son objectif est de faciliter les achats tout en transférant les compétences et les technologies pour faire émerger les talents. "Lorsque FSE achète du matériel, une partie significative du budget (+/_ 70%) doit être dépensée en Belgique. Donc nous aidons à l'étranger mais nous stimulons l'activité économique en Belgique. Ces deux objectifs m'ont directement plu", commente l'urologue. Le Dr Ward est parti former ses confrères dans une province mongole peuplée de seulement 300.000 habitants, Khovd. "La Mongolie étant 50 fois plus grande que la Belgique, pour un peu plus de trois millions d'habitants, les distances sont grandes entre les villes. La steppe n'en finit pas... En outre, une grande partie de la population est nomade et vit dans des campements", précise Sam Ward. "J'ai été former cinq chirurgiens et un urologue tant sur le plan théorique que sur le plan pratique. Je m'exprimais en français et une interprète traduisait en mongol. Mon objectif était de rencontrer les chirurgiens, qui font tous de la chirurgie générale, et l'urologue de l'hôpital. Il faut bien se rendre compte que les standards médicaux ne sont pas les mêmes qu'en Belgique. Par exemple, j'ai été le premier à réaliser une échographie transrectale sur place. J'ai aussi appris à l'urologue à faire lui-même une échographie plutôt que de demander à un radiologue de le faire et puis de devoir attendre durant plusieurs jours les résultats. Les professionnels de santé n'ont pas la notion d'efficience que nous avons en Belgique. Les patients doivent se débrouiller eux-mêmes pour pouvoir passer un scanner ou avoir une prise de sang. J'ai remarqué d'ailleurs que la moyenne d'âge des patients qui décèdent tourne autour de 65 ans. C'est interpellant. Il y a très peu de "vieux" patients", explique l'urologue bruxellois qui a été impressionné par l'hôpital situé à Oulan-Bator, la capitale du pays. "Tout est neuf et l'hôpital est bien équipé: CT-Scan, IRM... La capitale compte un hôpital universitaire et un hôpital semi-privé. Dans le reste du pays, les moyens sont nettement plus rudimentaires. Le ministre de la santé veut d'ailleurs changer la politique de centralisation des soins à la capitale et permettre aux 18 provinces d'être de plus en plus autonomes."L'hôpital de Khovd a récemment reçu un CT-Scan et un Cathlab. "Il est désormais possible de placer un stent coronarien à Khovd, comme dans les 15 autres hôpitaux du pays. Les médecins sont en train d'être formés par des cardiologues, entre autres par des médecins belges.""La province de Khovd se situe à 1.080 km de la capitale, il semble plus opportun pour l'hôpital de Khovd de collaborer avec les hôpitaux qui se situent dans les provinces limitrophes et d'acheter ensemble du matériel qui pourrait être mutualisé dans le cadre d'un réseau hospitalier. Actuellement, toutes les décisions d'achat de matériel sont centralisées. Les hôpitaux locaux ne peuvent pas gérer leur budget eux-mêmes. Par exemple tous les hôpitaux ont reçu récemment un urétéroscope mais ils n'ont pas eu la pince et le laser qui fonctionnent avec cet appareil. C'est un peu comme si on reçoit une Ferrari sans ses clés...", commente le Dr Ward qui a sensibilisé ses collègues à travailler de cette façon. En Mongolie, les futurs médecins peuvent se former dans l'unique université qui enseigne la médecine ou dans des écoles privées. Le cursus de médecine est de six ans, complété par une période de stage. La médecine chinoise est fort développée dans ce pays, de façon complémentaire à la médecine. Comme la majorité des praticiens ne parle pas anglais - cette langue n'a été introduite que depuis trois ans dans le cursus - la plupart des médecins n'ont pas accès aux revues médicales en ligne (Medscape...). "Ils font des efforts pour apprendre l'anglais. C'est la clé de la connaissance", soutient l'urologue belge. Revenu depuis quelques semaines de Mongolie, le Dr Ward organise, avec son interprète, des réunions via Teams avec ses confrères pour poursuivre la formation. Il compte finaliser avec eux le projet d'acheter un laser et un équipement de kiné. Un ophtalmologue de la Clinique Saint-Jean et le Pr Gillet d'Erasme devraient également se rendre sur place dans les prochains mois. "Notre objectif est véritablement d'inscrire ce soutien dans la durée et, pourquoi pas, de se rendre dans d'autres pays. Cette expérience est très enrichissante et permet aussi de mieux se rendre compte de la richesse dont on dispose dans son propre hôpital. Entre autres, par rapport, à l'accès aux médicaments, nettement moins présents sur le marché mongol. En exerçant sur place, on apprend à relativiser nos conditions de travail en Belgique", souligne avec humour Sam Ward.