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Les Cliniques universitaires Saint-Luc ne font pas usage du leasing financier, en tout cas pour leur équipement médical, affirme d'emblée Jean Stoefs, directeur de l'administration des patients et des achats. La raison en est simple : " Etant donné notre faible endettement et un cash-flow libre de l'ordre de 30 millions d'euros par an, nous avons accès aux financements bancaires à des taux plus avantageux. " Avantage accessoire : une ouverture de crédit assez globale est plus simple que de négocier des contrats de leasing financier au cas par cas.Le leasing financier peut s'imposer quand les conditions de crédit bancaire sont moins intéressantes. Tel fut le cas de l'Hôpital Erasme voici une dizaine d'années, signale Chantal Walravens, membre du comité de direction en charge des finances. " Notre endettement était alors élevé et les banques exigeaient une marge plus importante. En conséquence, nous faisions davantage appel au leasing financier, ce qui nous était d'ailleurs imposé par les banques dans le cadre de leurs octrois de crédit. Cet endettement décroît depuis et nous n'avons plus cette pénalité. " Erasme a toutefois continué à faire appel au leasing financier, car ses conditions sont équivalentes à celles du crédit bancaire, observe-t-elle. Et ce leasing financier se pratique tant en direct auprès du fournisseur que par le biais de sociétés spécialisées.Et qu'en est-il du leasing opérationnel ? Jean Stoefs estime que la formule pourrait séduire les Cliniques Saint-Luc à plus grande échelle qu'aujourd'hui. Le principe est simple et bien connu du public, au travers du leasing automobile : la facture mensuelle couvre tant les assurances que les réparations. La formule est du reste pratiquée dans un tas d'autres domaines au niveau des entreprises. Un exemple classique, qui est d'ailleurs d'application ici, est celui des imprimantes et photocopieurs. Les Cliniques Saint-Luc en utilisent pas moins de 1.200 sur l'ensemble du site ! Le paiement s'effectue à l'impression.Le leasing opérationnel reste par contre assez peu répandu dans le domaine médical, mais il existe. Une question aussi simple qu'évidente se pose : sur quelle base s'opérera le paiement ? En fonction de l'usage, sans autre paramètre ? Voilà qui ne fera pas l'affaire du fournisseur si l'hôpital en fait un usage inférieur aux prévisions. " C'est pour cette raison que l'on passe généralement par une formule "à cliquets ", explique Jean Stoefs. "Notre chaîne d'analyse automatisée fonctionne de cette manière. Nous payons le fournisseur Roche à l'analyse, mais avec un tarif dégressif : plus on en réalise, plus le prix diminue, ce qui est très logique. C'est un modèle qui nous intéresse, car il offre une bonne visibilité. " Détail pratique : les consommables sont compris dans le tarif et c'est d'ailleurs la machine qui les commande automatiquement quand le besoin apparaît.Autre cas : " Nous avons un contrat-cadre en cours avec Philips pour nos échographes en cardiologie et imagerie ", ajoute Jean Stoefs. " La maintenance corrective est inclue dans le contrat et un planning de remplacement tous les 5 à 6 ans permet de garder un parc "up to date." "Le leasing opérationnel fait partie de notre paquet de solutions", confirme Jeroen Gaudissabois, porte-parole de Philips. "Nous examinons les diverses formules possibles avec nos clients, sur le plan technologique, mais aussi celui de l'attrait financier. C'est effectivement le cas avec les Cliniques Saint-Luc, notamment, dans le domaine des ultra-sons."Le leasing opérationnel reste toutefois une exception dans le paysage belge, observe-t-on chez Saint-Luc. " La plupart des fournisseurs ne pratiquent pas cette formule ", signale Jean Stoefs. " Ou plutôt pas encore, car plusieurs se disent prêts à franchir le pas. "Le leasing opérationnel n'est par contre pas pratiqué chez Erasme, du moins pour le matériel médical. " Etant donné que nous gardons parfois les équipements un peu plus longtemps que la durée prévue dans le leasing opérationnel, ce dernier n'est pas intéressant ", explique Chantal Walravens. Pourquoi un peu plus longtemps ? Parce qu'on ne va pas remplacer le matériel alors que l'un ou l'autre regroupement est dans l'air et qu'il faudra alors de toute façon revoir la situation. " Il fut pratiqué naguère pour les échographes, car nous étions sûrs de devoir remplacer le matériel à l'issue du contrat, mais ce n'est plus le cas. ", ajoute-t-elle.Souhaiterait-on, à l'Hôpital Erasme, que les fournisseurs fassent davantage de propositions en ce domaine ? " Plus on nous propose de formules de financement, mieux c'est, pour l'équipement médical comme pour les gros travaux ", explique Chantal Walravens. " Nous devons toutefois être prudents sur un point : comme nous sommes soumis à la réglementation en matière de marchés publics, nous ne pouvons pas formuler d'exigences qui ne peuvent pas être proposées par certains fournisseurs. Il s'agit d'éviter les recours et les complications. Notre département juridique est très attentif à cela ! "Ici comme là, on reste très loin du modèle " ultime ", dans lequel le fournisseur de gros équipement en assure aussi le fonctionnement, mettant donc du personnel à disposition. Certains fabricants étudient cette option, mais sans application jusqu'ici en Belgique, semble-t-il. " Ce pourrait être une formule intéressante ", observe Jean Stoefs, " car le personnel est parfois difficile à trouver ou à former pour opérer un équipement très spécifique. " Cela risque toutefois de présenter quelques difficultés, reconnaît-il. Sauf personnel très spécialisé, qu'en irait-il ainsi en matière de barèmes par exemple ?Situation intermédiaire : les fournisseurs de gros équipements s'occupent également des travaux d'installation. " Aujourd'hui, quand nous prospectons le marché, nous demandons au fournisseur quel service additionnel il peut proposer : maintenance, installation, travaux... ? Nous venons de signer un contrat pour la radiothérapie et le fournisseur aménagera la salle, en plus de livrer l'équipement et d'en assurer la maintenance. Nous n'allons pas plus loin que cela : on ne lui demande ni de financer l'équipement ni de l'opérer ", conclut Jean Stoefs.