Quelques mois après l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, qui a secoué l'opinion publique mondiale, le dessin caricatural a connu un regain d'intérêt considérable. Focus sur un titre-phare du dessin français, centré sur la vie hospitalière, mais dont la thématique dépasse largement les frontières de l'Hexagone.
Pour tous, il faut affronter les patients, leurs revendications, leurs exigences, leurs angoisses, leur maladie, leur mort toujours un jour ou l'autre. Pour les chefs de service et les Conseils d'administration, il s'agit également de figurer en bonne place sur la carte des villes étapes du Tour de France des meilleurs établissements de soins. La responsabilité des directeurs financiers est de maintenir une rentabilité économique, dans un secteur où les marges bénéficiaires sont faibles.
À chacun son but
Pour le corps médical, tout en surveillant ces paramètres, il s'agit de se tenir au courant des dernières avancées scientifiques, via les traités, les sites internet spécialisés, les revues internationales. Les gardes, les congrès, les communications absorbent un temps souvent considérable. Il faut savoir affronter la grogne de son nursing, souvent surchargé de tâches ingrates, et pour ce dernier, parfois subir la fatigue - et la mauvaise humeur subséquente - de leurs " docs ".
Pour les médecins-chefs et les présidents des conseils médicaux, il faut aussi gérer les " égos " parfois surdimensionnés des médecins. Pour ceux-ci, il faut vivre sous le parapluie nucléaire permanent du départ de Madame ou de Monsieur, valises à la main, le perroquet sur l'épaule, le chat, le chien et les enfants autour des jambes, sous le prétexte fallacieux quoique véridique que le véritable lieu de vie n'est pas le lit conjugal, mais le bureau de l'hôpital. Il faut tenir compte des syndicats, des comités de vigilance pharmacologique, du comité d'éthique, du comité des escarres, des plaintes, de législations en constante évolution, des décrets réguliers émanant des Comités éthiques nationaux et des directives internationales, des tâches et exigences administratives émanant des Ministères, de plus en plus carnivores de temps. La notion de temps médical est une réalité qui a tendance à s'effilocher au fil des années.
Et que dire des visites intempestives des délégués pharmaceutiques, des pressions des firmes, des invitations de-ci, de-là? Chaque minute de la vie en vient à devenir un objet d'âpre négociation entre les exigences familiales et celles d'une médecine devenant de plus en plus sophistiquée.
Les forçats de la route ont devant eux une tâche simple, quoique fatigante: gravir l'Aubisque, le Tourmalet, l'Alpe-Duez, le Ventoux? Mais il n'y a que quelques cols de première catégorie lors de chaque édition du Tour de France. En revanche, la plupart des journées hospitalières sont des étapes de haute montagne.
Un milieu propice à la caricature
Ce monde a une organisation, laquelle n'est souvent qu'apparente. Heureusement, les caricaturistes sont là pour en rire et en faire rire. La vie serait-elle vivable sans Aristophane, sans Plaute, sans Molière, sans Jarry, sans Kroone et ses confrères? Car ce monde hospitalier ressemble aussi à un caravansérail, avançant parfois de manière chaotique vers un but pas toujours évident, telle la caravane décrite par Borodine tout au long de son poème symphonique Dans les steppes de l'Asie centrale. A ce cheminement, il importe aussi de donner tant bien que mal une ligne directrice.
C'est un monde où la fatigue et les nuits blanches règnent en maîtresses absolues. C'est un univers que décime le burn-out. C'est le monde de la médecine moderne, tel qu'il est, loin des images d'Épinal.
Il fallait le talent fou de Seiler, né à Troyes le 3 décembre 1952, passionné de peinture, de musique classique et de cuisine, dont le parcours d'auteur de BD est impressionnant (de Tintin à Astérix, de Pilote à Charlie-Hebdo, de l'Echo des savanes à Fluide glacial) pour évoquer en quelques planches bien senties, où l'humour caustique n'est jamais loin de la tendresse, où la vigueur du trait soutient une information de premier plan, ce microcosme fascinant qu'est l'hôpital.
Pour tous, il faut affronter les patients, leurs revendications, leurs exigences, leurs angoisses, leur maladie, leur mort toujours un jour ou l'autre. Pour les chefs de service et les Conseils d'administration, il s'agit également de figurer en bonne place sur la carte des villes étapes du Tour de France des meilleurs établissements de soins. La responsabilité des directeurs financiers est de maintenir une rentabilité économique, dans un secteur où les marges bénéficiaires sont faibles. À chacun son but Pour le corps médical, tout en surveillant ces paramètres, il s'agit de se tenir au courant des dernières avancées scientifiques, via les traités, les sites internet spécialisés, les revues internationales. Les gardes, les congrès, les communications absorbent un temps souvent considérable. Il faut savoir affronter la grogne de son nursing, souvent surchargé de tâches ingrates, et pour ce dernier, parfois subir la fatigue - et la mauvaise humeur subséquente - de leurs " docs ". Pour les médecins-chefs et les présidents des conseils médicaux, il faut aussi gérer les " égos " parfois surdimensionnés des médecins. Pour ceux-ci, il faut vivre sous le parapluie nucléaire permanent du départ de Madame ou de Monsieur, valises à la main, le perroquet sur l'épaule, le chat, le chien et les enfants autour des jambes, sous le prétexte fallacieux quoique véridique que le véritable lieu de vie n'est pas le lit conjugal, mais le bureau de l'hôpital. Il faut tenir compte des syndicats, des comités de vigilance pharmacologique, du comité d'éthique, du comité des escarres, des plaintes, de législations en constante évolution, des décrets réguliers émanant des Comités éthiques nationaux et des directives internationales, des tâches et exigences administratives émanant des Ministères, de plus en plus carnivores de temps. La notion de temps médical est une réalité qui a tendance à s'effilocher au fil des années. Et que dire des visites intempestives des délégués pharmaceutiques, des pressions des firmes, des invitations de-ci, de-là? Chaque minute de la vie en vient à devenir un objet d'âpre négociation entre les exigences familiales et celles d'une médecine devenant de plus en plus sophistiquée. Les forçats de la route ont devant eux une tâche simple, quoique fatigante: gravir l'Aubisque, le Tourmalet, l'Alpe-Duez, le Ventoux? Mais il n'y a que quelques cols de première catégorie lors de chaque édition du Tour de France. En revanche, la plupart des journées hospitalières sont des étapes de haute montagne. Un milieu propice à la caricature Ce monde a une organisation, laquelle n'est souvent qu'apparente. Heureusement, les caricaturistes sont là pour en rire et en faire rire. La vie serait-elle vivable sans Aristophane, sans Plaute, sans Molière, sans Jarry, sans Kroone et ses confrères? Car ce monde hospitalier ressemble aussi à un caravansérail, avançant parfois de manière chaotique vers un but pas toujours évident, telle la caravane décrite par Borodine tout au long de son poème symphonique Dans les steppes de l'Asie centrale. A ce cheminement, il importe aussi de donner tant bien que mal une ligne directrice. C'est un monde où la fatigue et les nuits blanches règnent en maîtresses absolues. C'est un univers que décime le burn-out. C'est le monde de la médecine moderne, tel qu'il est, loin des images d'Épinal. Il fallait le talent fou de Seiler, né à Troyes le 3 décembre 1952, passionné de peinture, de musique classique et de cuisine, dont le parcours d'auteur de BD est impressionnant (de Tintin à Astérix, de Pilote à Charlie-Hebdo, de l'Echo des savanes à Fluide glacial) pour évoquer en quelques planches bien senties, où l'humour caustique n'est jamais loin de la tendresse, où la vigueur du trait soutient une information de premier plan, ce microcosme fascinant qu'est l'hôpital.