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Après les hôpitaux du groupe GZA à Anvers à la fin de l'année dernière, ce sont les cliniques universitaires de Gand qui ont décidé en juin dernier de se distancier du système d'accréditation classique. Nous avons demandé de plus amples explications au professeur Frank Vermassen, médecin-chef de l'établissement. La volonté affichée de l'UZ est de s'engager pleinement dans une " nouvelle politique de qualité ambitieuse ". Un audit aurait en principe dû être réalisé ce printemps en vue du renouvellement de l'accréditation Niaz-Qmentum, mais il est évidemment tombé à l'eau dans le contexte de la pandémie du Covid-19. " Cette crise sanitaire a été une mise à l'épreuve sans précédent sur le plan de la qualité ", souligne le Pr Vermassen. " Heureusement, nous avions tout sous contrôle, nos préparatifs et procédures ont porté leurs fruits. "L'hôpital a toutefois profité de l'occasion pour mettre fin à son trajet d'accréditation, évoquant en première instance la lourde charge de travail qui y est associée. S'y ajoute le fait que les efforts ne sont pas toujours durables et que l'accent se focalise parfois trop sur le profilage externe plutôt que sur l'amélioration interne. " Et vu que pratiquement tous les hôpitaux sont aujourd'hui accrédités, le certificat perd évidemment de sa valeur. "Pour sa future stratégie-qualité, l'établissement est à la recherche d'une évaluation externe qui rejoigne mieux sa spécificité et ses priorités. " C'est nous qui déterminons nous-mêmes les normes à respecter pour chaque facette de la qualité - sécurité, efficacité, place centrale du patient... ", explique Frank Vermassen. " Nous allons aussi analyser en profondeur nos procédures internes actuelles. Tout ce qui n'a aucune valeur ajoutée ou s'accompagne d'une charge administrative déraisonnable sera supprimé, et de nouvelles normes de qualité seront définies au départ d'analyses des risques. "L'hôpital s'attache actuellement à mettre sur pied des groupes de travail thématiques et a également l'intention de réaliser une vaste enquête auprès des professionnels de terrain. " Nous souhaitons par exemple développer des directives claires pour organiser l'évaluation de la morbi-mortalité ", illustre le Pr Vermassen. " Elles existent à l'échelon de la plupart des disciplines, mais nous ne disposons pas jusqu'ici d'un cadre global pour l'ensemble de l'établissement. Nous fournissons aussi systématiquement pour cela des données provenant des notifications d'incidents, des mesures de résultats, etc. "Un " quality review board " composé de soignants de terrain doit assurer le balisage et l'évaluation permanente du cadre de qualité. " C'est l'organe de coordination, composé de membres de l'établissement, de représentants des patients et de quelques externes possédant une expertise pertinente. "L'UZ Gent met l'accent sur les méthodes qui contribuent à une amélioration des résultats cliniques, comme les indicateurs de qualité VIP2, qui permettent de comparer les résultats pour des pathologies courantes. " L'UZ voudrait toutefois aussi pouvoir organiser un suivi systématique des résultats de traitements plus spécialisés et les comparer à ceux d'autres établissements internationaux ", explique le Pr Vermassen. C'est pour cette raison que l'hôpital est en train de développer un consortium de centres avec lesquels une collaboration existe déjà dans le cadre des réseaux de référence européens pour les maladies rares. Même un cadre de qualité propre nécessite toutefois une évaluation externe pour identifier les zones aveugles et inventorier les risques. " Dans le passé, nous avons entretenu une collaboration positive avec l'institut néerlandais pour l'accréditation dans les soins (Niaz) et nous souhaitons qu'elle se poursuive ", précise Frank Vermassen. " Organiser notre propre système de " peer review " n'est en effet pas efficient sur le plan financier et ne relève pas de notre " core business ". "Un audit Niaz " nouvelle mouture " doit jauger le niveau de qualité de l'établissement tout en mettant l'accent sur l'évaluation et l'analyse des risques du cadre. " Nous nous détachons donc du cadre normatif strict et extrêmement étendu de Niaz-Qmentum ", résume le Pr Vermassen. " Le Niaz pourrait toutefois encore nous fournir un ensemble plus restreint de normes essentielles. Un audit systémique de la manière dont l'UZ gère les exigences de qualité - et les implémente - est une autre possibilité qui reste envisageable. "Les modalités concrètes du contrôle de la qualité dans les hôpitaux qui ne participent plus à l'accréditation classique ne sont pas encore clairement établies. " L'accréditation reste un libre choix ", précise le Dr Dirk Dewolf, administrateur-général de l'Agence flamande pour les soins et la santé. " L'autorité de tutelle peut demander aux hôpitaux qui ne souhaitent plus y participer comment ils surveillent et améliorent la qualité des soins... mais nous ne sommes pas partants pour un retour à l'ancienne approche, avec une surveillance du système par les services d'inspection des soins de santé. "De son côté, le Niaz a réagi avec enthousiasme dans un communiqué de presse. " La première vague d'accréditation a été le fondement de l'assurance- qualité. Le temps est venu de passer à l'étape suivante. " Geert Verrijken