Selon les chiffres de l' United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (Unscear) et de l'OMS, la population à proximité de la centrale nucléaire a été particulièrement exposée à l'iode radioactif (I-131) et au césium radioactif (Cs-137). Heureusement, l'exposition au rayonnement est demeurée relativement limitée grâce au vent soufflant vers l'océan pendant les rejets de matières radioactives.

L'avis du CSS mentionne que, selon la zone, la dose de rayonnement à laquelle un habitant a été exposé serait de l'ordre de 10 mSv ou moins. En ce qui concerne la glande thyroïde, l'exposition est de quelques dizaines de mSv. Cependant, au fil des ans, le rayonnement provenant du sol et des matières radioactives présentes dans les aliments et l'eau potable peuvent faire augmenter ces valeurs, selon le lieu de résidence
et les habitudes alimentaires. L'avis va même plus loin. " D'après les estimations de l'OMS en 2013, la population des zones les plus exposées devrait connaître une augmentation, sur toute la vie, du risque de cancer de quelques pour cent chez les personnes âgées d'une vingtaine d'années en 2011 et de 1,4 % à 4 %, selon le type de cancer, chez les personnes âgées d'une dizaine d'années en 2011. "

Il faut également prendre en compte d'autres répercussions sur la santé. Un accident nucléaire crée une désorganisation sociale qui laisse des traces en termes de santé. C'est ce qu'une enquête de santé japonaise de 2013, mentionnée par l'avis, tend à confirmer : " de nombreuses mères des zones touchées se sentaient déprimées. En outre, elles craignaient d'allaiter leurs enfants en raison de la contamination radioactive possible de leur lait. "

Une préparation insuffisante

Comment expliquer un tel désastre sanitaire dans une région aussi avancée technologiquement ? " Comme vous pouvez facilement l'imaginer, la préparation d'équipes médicales et le système de medical screening pour la population susceptible d'être contaminée suite à l'accident étaient absolument insuffisants à Fukushima ", explique Reiko Hasegawa, chercheuse à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'Université de Liège.

Comme l'explique le rapport de l 'Investigation Committee on the Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations of TEPCO (Incaps) 1 , le plan d'urgence japonais n'a pas tenu compte de la proximité des centres de soins avec la centrale nucléaire. " Trois des cinq hôpitaux désignés comme les établissements responsables du traitement de patients en urgences radio-logiques à Fukushima ne fonctionnaient pas à cause de leur proximité avec la centrale accidentée. Ils étaient situés dans un rayon de 10km ", précise Reiko Hasegawa.

Si l'on se penche sur le screening médical, l'équipe sur place a été missionnée pour évaluer la contamination radioactive sur 200.000 personnes en l'espace de quelques jours. " Dans cette situation, le seuil de screening a été augmenté de 10.000/13.000cpm à 100.000cpm par l'équipe locale. C'est 10 fois plus ! Et cela contredisait le conseil donné par l'autorité de sûreté nucléaire et radioprotection de l'époque, la NSC ", remarque la chercheuse japonaise. " De plus, cette décision n'a pas été prise dans le but de protéger la population mais parce qu'il y avait trop de monde à screener et que l'eau chaude, utilisée pour nettoyer les corps, n'était pas suffisamment disponible dans tous les centres de screening . "

Concernant les pastilles d'iode, comme précisé dans le rapport de l'Incaps, elles n'ont pas été administrées, malgré le stock suffisant, à tous les habitants à Fukushima, sauf à Miharu, où le maire a décidé de faire administrer des pastilles d'iode à ses habitants malgré l'interdiction donnée par le département de Fukushima. Preuve, encore, que la communication et le manque de prévision ont fait défaut à de nombreux échelons.
Une perte de confiance

Aujourd'hui, la Fukushima Medical University , l'hôpital de référence pour le suivi de la santé des populations et qui effectue le fameux examen de thyroïde pour les enfants de Fukushima, est très critiqué. Il est même accusé d'être une institution essayant de minimiser les effets et les conséquences sanitaires de l'accident nucléaire de Fukushima. " Les habitants et évacués de Fukushima ont énormément perdu confiance en les experts médicaux, les autorités et les institutions publiques quant à leur gestion du système de santé publique et des conséquences sanitaires de l'accident ", confie Reiko Hasegawa.

Selon les chiffres de l' United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (Unscear) et de l'OMS, la population à proximité de la centrale nucléaire a été particulièrement exposée à l'iode radioactif (I-131) et au césium radioactif (Cs-137). Heureusement, l'exposition au rayonnement est demeurée relativement limitée grâce au vent soufflant vers l'océan pendant les rejets de matières radioactives. L'avis du CSS mentionne que, selon la zone, la dose de rayonnement à laquelle un habitant a été exposé serait de l'ordre de 10 mSv ou moins. En ce qui concerne la glande thyroïde, l'exposition est de quelques dizaines de mSv. Cependant, au fil des ans, le rayonnement provenant du sol et des matières radioactives présentes dans les aliments et l'eau potable peuvent faire augmenter ces valeurs, selon le lieu de résidence et les habitudes alimentaires. L'avis va même plus loin. " D'après les estimations de l'OMS en 2013, la population des zones les plus exposées devrait connaître une augmentation, sur toute la vie, du risque de cancer de quelques pour cent chez les personnes âgées d'une vingtaine d'années en 2011 et de 1,4 % à 4 %, selon le type de cancer, chez les personnes âgées d'une dizaine d'années en 2011. " Il faut également prendre en compte d'autres répercussions sur la santé. Un accident nucléaire crée une désorganisation sociale qui laisse des traces en termes de santé. C'est ce qu'une enquête de santé japonaise de 2013, mentionnée par l'avis, tend à confirmer : " de nombreuses mères des zones touchées se sentaient déprimées. En outre, elles craignaient d'allaiter leurs enfants en raison de la contamination radioactive possible de leur lait. " Une préparation insuffisante Comment expliquer un tel désastre sanitaire dans une région aussi avancée technologiquement ? " Comme vous pouvez facilement l'imaginer, la préparation d'équipes médicales et le système de medical screening pour la population susceptible d'être contaminée suite à l'accident étaient absolument insuffisants à Fukushima ", explique Reiko Hasegawa, chercheuse à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'Université de Liège. Comme l'explique le rapport de l 'Investigation Committee on the Accident at the Fukushima Nuclear Power Stations of TEPCO (Incaps) 1 , le plan d'urgence japonais n'a pas tenu compte de la proximité des centres de soins avec la centrale nucléaire. " Trois des cinq hôpitaux désignés comme les établissements responsables du traitement de patients en urgences radio-logiques à Fukushima ne fonctionnaient pas à cause de leur proximité avec la centrale accidentée. Ils étaient situés dans un rayon de 10km ", précise Reiko Hasegawa. Si l'on se penche sur le screening médical, l'équipe sur place a été missionnée pour évaluer la contamination radioactive sur 200.000 personnes en l'espace de quelques jours. " Dans cette situation, le seuil de screening a été augmenté de 10.000/13.000cpm à 100.000cpm par l'équipe locale. C'est 10 fois plus ! Et cela contredisait le conseil donné par l'autorité de sûreté nucléaire et radioprotection de l'époque, la NSC ", remarque la chercheuse japonaise. " De plus, cette décision n'a pas été prise dans le but de protéger la population mais parce qu'il y avait trop de monde à screener et que l'eau chaude, utilisée pour nettoyer les corps, n'était pas suffisamment disponible dans tous les centres de screening . " Concernant les pastilles d'iode, comme précisé dans le rapport de l'Incaps, elles n'ont pas été administrées, malgré le stock suffisant, à tous les habitants à Fukushima, sauf à Miharu, où le maire a décidé de faire administrer des pastilles d'iode à ses habitants malgré l'interdiction donnée par le département de Fukushima. Preuve, encore, que la communication et le manque de prévision ont fait défaut à de nombreux échelons. Une perte de confiance Aujourd'hui, la Fukushima Medical University , l'hôpital de référence pour le suivi de la santé des populations et qui effectue le fameux examen de thyroïde pour les enfants de Fukushima, est très critiqué. Il est même accusé d'être une institution essayant de minimiser les effets et les conséquences sanitaires de l'accident nucléaire de Fukushima. " Les habitants et évacués de Fukushima ont énormément perdu confiance en les experts médicaux, les autorités et les institutions publiques quant à leur gestion du système de santé publique et des conséquences sanitaires de l'accident ", confie Reiko Hasegawa.