" La notion de soins fondés sur la valeur ou value-based health care (VBHC) désigne une approche qui vise à assurer la durabilité des soins en accordant une place centrale à leur valeur pour le patient ", explique le Dr Filip Ameye, chef du service d'urologie, président du conseil médical de l'AZ Maria Middelares et membre du Value-Based Health Care Center Europe, dont l'objectif est d'améliorer les résultats pour le patient tout en veillant à ce que le coût des soins reste maîtrisable. Le modèle a été imaginé par deux économistes, Michael Porter et Elizabeth Teisberg, et ce n'est pas un hasard. " Le concept des VBHC veut apporter une réponse au problème du coût croissant des soins de santé en Occident. "

Une approche par projets

Dans le modèle VBHC, des unités de pratique intégrées (Integrated Practice Units ou IPU) travaillent autour d'une pathologie spécifique ou de problèmes médicaux apparentés. Les collaborateurs de ces IPU se chargent de dispenser les soins, mais aussi d'y impliquer le patient et ses proches. " Ils sont les experts d'une maladie et utilisent des données de façon ciblée pour améliorer les soins en permanence. À l'AZ Maria Middelares, nous avons débuté trois projets-pilotes autour de pathologies spécifiques - le cancer de la prostate, les lombalgies et la sténose aortique. "

L'implémentation du VBHC nécessite une approche par projets et structurée. " Le VBHC ne peut débuter que quand toute l'organisation est convaincue et partante au niveau stratégique (conseil d'administration, direction, conseil médical) et opérationnel (médecins et autres soignants) ", explique le Dr Ameye. Pour y parvenir, l'AZ Maria Middelares a fait appel à un partenaire externe, The Decision Institute. " Ils ont organisé des cours et formations pour les médecins, les infirmiers, les cadres et les responsables TIC. Nous nous sommes lancés en pleine pandémie, en proposant les cours sous forme numérique. " Entre-temps, environ 80 médecins et soignants de l'AZ Maria Middelares ont décroché leur qualification " ceinture verte ou jaune "*.

Mesurer, c'est savoir

Le modèle VBHC mesure la valeur des soins pour le patient d'une façon la plus objective et la plus spécifique possible. " Dans ce cadre, il existe trois types de paramètres pour évaluer la qualité ", explique le Dr Ameye. " Les premiers sont les résultats cliniques objectifs (CROM ou clinically reported outcome measures), p.ex. les valeurs sanguines qui confirment la réussite de l'opération réalisée sur un cancer de la prostate. Les seconds sont les résultats rapportés par les patients (PROM ou patient-reported outcome measures), mesurés à l'aide de questionnaires-patients spécifiques à une pathologie qui évaluent le degré de rétablissement, le processus pour y parvenir, son caractère durable et les effets à long terme. Un traitement de radiothérapie peut p.ex. bien se passer dans l'immédiat mais provoquer des séquelles dix ans plus tard. Les troisièmes sont les PREM ou patient-reported experience measures, qui mesurent la manière dont le patient a vécu sa trajectoire de soins. "

Le modèle VBHC dresse aussi le tableau du coût réel par patient sur la totalité du cycle de soins, y compris pour le volet qui précède et suit l'hospitalisation proprement dite. " L'un des principaux facteurs pris en compte est ici le time-driven activity-based costing, qui consiste à évaluer le temps que les collaborateurs consacrent à différentes fonctions et processus de soins ", précise le Dr Ameye. " Le grand problème est qu'il n'existe aucun système pour mesurer automatiquement cet investissement en temps - il faudrait pratiquement pouvoir suivre chacun avec un chronomètre, ce qui n'est évidemment pas réaliste. La technologie pourrait nous rendre de fiers services à ce niveau. " D'autres facteurs de coût comme la durée des opérations ou des séjours, la consommation de médicaments, les investissements ou les frais généraux peuvent par contre être calculés de façon détaillée.

Vers de meilleurs soins

L'objectif premier des VBHC est d'améliorer les soins en continu. Le potentiel d'amélioration peut se situer à différents niveaux, souligne le Dr Ameye. " Nous nous posons des questions critiques. Telle étape du traitement est-elle vraiment nécessaire ? Pourrions-nous nous y prendre autrement ? Comment améliorer les résultats ? Comment alléger la prise en charge pour le patient ? Nous oeuvrons ainsi à un processus optimal et susceptible de générer une réelle valeur ajoutée pour les soins apportés au patient. "

Un projet de VBHC demande un investissement conséquent et le conseil d'administration, la direction et le conseil médical de l'AZ Maria Middelares ont dégagé d'importants moyens financiers pour ce modèle de soins innovant. Dans l'actuel système de financement à la prestation, il n'y a aucun gain rapide à en attendre sur le court terme... mais ce n'est pas une raison pour ne pas se lancer, estime le Dr Ameye. " Ce genre de modèle ne peut en effet pas être financé purement par le biais de la nomenclature ou du prix de la journée d'hospitalisation. En Belgique aussi, nous finirons toutefois par en venir à un système de paiements groupés (bundled payments) pour couvrir les soins avant, pendant et après hospitalisation pour certains problèmes médicaux. Ce serait une bonne chose si les autorités mettaient en place des incitants adaptés en récompensant les organisations pour la valeur qu'elles génèrent. Cette approche contribue à améliorer la durabilité des soins et à créer plus de valeur pour le patient. "

* Les personnes porteuses de la qualification " ceinture verte " (Green Belt) où "ceinture jaune' possèdent une connaissance des aides utiles et une expérience qui peuvent être exploitées dans le cadre de l'optimisation des processus.

VBHC et TIC

Le processus du VBHC génère aussi une importante masse de données, et des outils informatiques adaptés sont nécessaires pour les recueillir et les analyser. "Les données cliniques peuvent être puisées dans le DPE et, après le séjour à l'hôpital, des paramètres cliniques comme la tension, la saturation en oxygène, le pouls ou la température peuvent être enregistrés automatiquement à l'aide de dispositifs mettables. Pour les PROM et PREM, il existe des questionnaires numériques qui peuvent être intégrés au DPE d'une manière structurée. Recueillir et enregistrer les réponses sur papier est extrêmement chronophage et devient de plus en plus inabordable d'un point de vue financier", explique le Dr Ameye.

Philips, fournisseur de technologies de l'information pour le secteur des soins, offre des solutions pour soutenir une approche VBHC. Philips QuestManager est un outil qui permet de réaliser des mesures de diagnostic, de qualité et d'effet dans le secteur des soins au moyen de questionnaires électroniques. Le patient peut compléter sur internet - depuis l'hôpital ou depuis son domicile - le ou les questionnaires qui lui ont été attribués par le prestataire de soins afin de recueillir par exemple les PROM et les PREM. Pour plus d'informations, consultez aussi le livre blanc de Philips sur le value-based care.

" La notion de soins fondés sur la valeur ou value-based health care (VBHC) désigne une approche qui vise à assurer la durabilité des soins en accordant une place centrale à leur valeur pour le patient ", explique le Dr Filip Ameye, chef du service d'urologie, président du conseil médical de l'AZ Maria Middelares et membre du Value-Based Health Care Center Europe, dont l'objectif est d'améliorer les résultats pour le patient tout en veillant à ce que le coût des soins reste maîtrisable. Le modèle a été imaginé par deux économistes, Michael Porter et Elizabeth Teisberg, et ce n'est pas un hasard. " Le concept des VBHC veut apporter une réponse au problème du coût croissant des soins de santé en Occident. "Dans le modèle VBHC, des unités de pratique intégrées (Integrated Practice Units ou IPU) travaillent autour d'une pathologie spécifique ou de problèmes médicaux apparentés. Les collaborateurs de ces IPU se chargent de dispenser les soins, mais aussi d'y impliquer le patient et ses proches. " Ils sont les experts d'une maladie et utilisent des données de façon ciblée pour améliorer les soins en permanence. À l'AZ Maria Middelares, nous avons débuté trois projets-pilotes autour de pathologies spécifiques - le cancer de la prostate, les lombalgies et la sténose aortique. "L'implémentation du VBHC nécessite une approche par projets et structurée. " Le VBHC ne peut débuter que quand toute l'organisation est convaincue et partante au niveau stratégique (conseil d'administration, direction, conseil médical) et opérationnel (médecins et autres soignants) ", explique le Dr Ameye. Pour y parvenir, l'AZ Maria Middelares a fait appel à un partenaire externe, The Decision Institute. " Ils ont organisé des cours et formations pour les médecins, les infirmiers, les cadres et les responsables TIC. Nous nous sommes lancés en pleine pandémie, en proposant les cours sous forme numérique. " Entre-temps, environ 80 médecins et soignants de l'AZ Maria Middelares ont décroché leur qualification " ceinture verte ou jaune "*.Le modèle VBHC mesure la valeur des soins pour le patient d'une façon la plus objective et la plus spécifique possible. " Dans ce cadre, il existe trois types de paramètres pour évaluer la qualité ", explique le Dr Ameye. " Les premiers sont les résultats cliniques objectifs (CROM ou clinically reported outcome measures), p.ex. les valeurs sanguines qui confirment la réussite de l'opération réalisée sur un cancer de la prostate. Les seconds sont les résultats rapportés par les patients (PROM ou patient-reported outcome measures), mesurés à l'aide de questionnaires-patients spécifiques à une pathologie qui évaluent le degré de rétablissement, le processus pour y parvenir, son caractère durable et les effets à long terme. Un traitement de radiothérapie peut p.ex. bien se passer dans l'immédiat mais provoquer des séquelles dix ans plus tard. Les troisièmes sont les PREM ou patient-reported experience measures, qui mesurent la manière dont le patient a vécu sa trajectoire de soins. "Le modèle VBHC dresse aussi le tableau du coût réel par patient sur la totalité du cycle de soins, y compris pour le volet qui précède et suit l'hospitalisation proprement dite. " L'un des principaux facteurs pris en compte est ici le time-driven activity-based costing, qui consiste à évaluer le temps que les collaborateurs consacrent à différentes fonctions et processus de soins ", précise le Dr Ameye. " Le grand problème est qu'il n'existe aucun système pour mesurer automatiquement cet investissement en temps - il faudrait pratiquement pouvoir suivre chacun avec un chronomètre, ce qui n'est évidemment pas réaliste. La technologie pourrait nous rendre de fiers services à ce niveau. " D'autres facteurs de coût comme la durée des opérations ou des séjours, la consommation de médicaments, les investissements ou les frais généraux peuvent par contre être calculés de façon détaillée.L'objectif premier des VBHC est d'améliorer les soins en continu. Le potentiel d'amélioration peut se situer à différents niveaux, souligne le Dr Ameye. " Nous nous posons des questions critiques. Telle étape du traitement est-elle vraiment nécessaire ? Pourrions-nous nous y prendre autrement ? Comment améliorer les résultats ? Comment alléger la prise en charge pour le patient ? Nous oeuvrons ainsi à un processus optimal et susceptible de générer une réelle valeur ajoutée pour les soins apportés au patient. "Un projet de VBHC demande un investissement conséquent et le conseil d'administration, la direction et le conseil médical de l'AZ Maria Middelares ont dégagé d'importants moyens financiers pour ce modèle de soins innovant. Dans l'actuel système de financement à la prestation, il n'y a aucun gain rapide à en attendre sur le court terme... mais ce n'est pas une raison pour ne pas se lancer, estime le Dr Ameye. " Ce genre de modèle ne peut en effet pas être financé purement par le biais de la nomenclature ou du prix de la journée d'hospitalisation. En Belgique aussi, nous finirons toutefois par en venir à un système de paiements groupés (bundled payments) pour couvrir les soins avant, pendant et après hospitalisation pour certains problèmes médicaux. Ce serait une bonne chose si les autorités mettaient en place des incitants adaptés en récompensant les organisations pour la valeur qu'elles génèrent. Cette approche contribue à améliorer la durabilité des soins et à créer plus de valeur pour le patient. "* Les personnes porteuses de la qualification " ceinture verte " (Green Belt) où "ceinture jaune' possèdent une connaissance des aides utiles et une expérience qui peuvent être exploitées dans le cadre de l'optimisation des processus.