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L'objectif de 'Health Care Without Harm Europe' (HCWH) est de créer un secteur de la santé durable en Europe, en menant des actions au sein des hôpitaux et d'autres à destination des médecins, des infirmiers et des pharmaciens. Ainsi le projet "Greening the Brussels Healthcare Sector" a été mené dans des hôpitaux bruxellois en 2022 et 2023. Il s'agissait d'intégrer des pratiques de soins de santé durables, en renforçant les connaissances et compétences du personnel, et en mettant sur pied des plans de durabilité. Parmi les actions proposées, des formations et webinaires sur la santé circulaire, la gestion des émissions de carbone et l'alimentation durable. Un audit des déchets, un plan de durabilité et une analyse des substances toxiques présentes en maternité ont également été réalisés. Deux guides - "Mesurer et réduire les plastiques" et "Matériaux en contact avec les denrées alimentaires" - ont été mis à disposition des personnels de santé, en français et en néerlandais [2]. Aux Cliniques universitaires Saint-Luc, la collaboration avec HCWH s'est concrétisée par un audit des déchets B1 (10-11 janvier 2023), il s'agissait du premier audit plastique réalisé dans un hôpital belge. Quatre objectifs étaient poursuivis: disposer d'un instantané représentatif du nombre de déchets plastiques générés, sensibiliser au bon tri, réorienter les techniques d'achats vers des choix plus durables et tendre vers une consommation responsable. Résultats? Ils ont évalué à 15 tonnes la quantité de déchets produits annuellement, dont 60% en plastique et 40% non triés, les emballages représentaient 26%. De son côté, le CHU Saint-Pierre s'est lancé dans une action de réduction des perturbateurs endocriniens (PE). Basée sur l'étude du projet AHIMSA (Aide à la prise en compte au niveau HospItalier et dans le secteur Médical des enjeux de SAnté environnement) sur la présence des PE dans les produits de la maternité et du service pédiatrique, des solutions de réduction des PE ont été proposées: alternatives sans BPA, gants en nitrile, nettoyants à base d'eau plus savon ou alcool, et couches sans PE, réutilisables, labellisées NordicSwan. "Ces projets nous ont permis d'élaborer des recommandations générales: il faut d'abord réaliser des audits pour connaître et analyser la situation de l'hôpital, identifier les priorités et élaborer un plan d'actions. Il faut aussi impliquer et former le personnel et adopter des pratiques d'approvisionnement durable. On peut commencer par les plastiques non médicaux, par des actions qui apportent des gains rapides. Enfin, il faut donner la priorité aux patients les plus vulnérables, comme par exemple en maternité", a expliqué Tristan Coubères (HCWH). En conclusion de cette journée de conférences, cinq hôpitaux membres du projet "Greening the Brussels Healthcare Sector", à savoir les Cliniques de l'Europe, le Chirec, le CHU Saint-Pierre, les Cliniques universitaires Saint-Luc et les Hôpitaux Iris Sud, ont présenté leur déclaration commune pour des achats plus durables dans les hôpitaux belges. "D'après une étude de 'Health Care Without Harm' publiée en 2019, le secteur de la santé belge a une empreinte carbone importante (9 MT CO2e), soit 5,5% des émissions nettes du pays. Nos achats y contribuent grandement et ont donc un impact considérable sur l'environnement et la société. Nos hôpitaux veulent favoriser les produits ayant le plus faible impact sur la durabilité de leur établissement. Nous appelons donc les fournisseurs à davantage de transparence sur leurs produits et à un plus grand partage d'informations clés. En raison de réglementations européennes qui seront de plus en plus contraignantes, les fournisseurs devront tôt ou tard mieux mesurer et communiquer leurs impacts sur la durabilité.""Par cette déclaration commune, nous appelons à la mobilisation d'autres hôpitaux belges et européens pour créer un mouvement de grande ampleur. Nous souhaitons faire passer un message fort au marché: nous serons, collectivement, de plus en plus exigeants dans la durabilité de nos futurs achats."Six objectifs clés motivent cet appel: la réduction de la pression sur les ressources, la réduction de la pollution liée à la production et à la fin de vie des dispositifs médicaux, la réduction des gaz à effet de serre tout au long du cycle de vie des produits, les choix raisonnés sur base d'informations claires, la sécurité du patient et la qualité des soins et enfin, la réduction de l'impact environnemental, social et sociétal des achats. En pratique, il est demandé aux industriels de fournir diverses informations comme la composition du produit, la présence de substances nocives dangereuses, la traçabilité et l'origine, la responsabilité sociale de l'entreprise, les normes de production et de fabrication, la durée de vie du produit, des emballages et la gestion des déchets. "Depuis 2021 et le partenariat avec HCWH Europe, je suis impressionné par le nombre de projets lancés par les hôpitaux afin de réduire leur impact environnemental. Je considère cet enjeu comme crucial, et je tiens aussi à ce qu'il ne se fasse pas au détriment des soins de santé. J'affirme mon soutien à la déclaration commune car sans collaboration avec l'industrie, nous ne pourrons pas réussir cette transition globale", a conclu Alain Maron, ministre bruxellois de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie, de l'Action sociale et de la Santé.