...

Depuis la mi-mars, les travailleurs des hôpitaux ont tout donné : leurs compétences, leur énergie, leur créativité, leur sueur et parfois leurs larmes. La première vague lorsqu'elle s'est retirée a laissé les équipes fatiguées, essorées. Mais elles n'ont pas eu, ou à peine, le temps de se remettre de leurs émotions. Il a fallu rapidement relancer la machine hospitalière parce que les patients qui n'ont pas été pris en charge durant la crise doivent être examinés et soignés, parce que les institutions ont besoin de renflouer leur caisse. Certaines d'entre elles ont perdu beaucoup d'argent en luttant contre le coronavirus. L'impact pour le secteur hospitalier s'élèverait, pour les plus pessimistes, à entre cinq et sept milliards d'euros, pour les plus optimistes à deux milliards. L'argent débloqué par les autorités sous forme de deux avances d'un milliard, annoncées en avril et en juin (dont 500 millions libérés en octobre) permet aux hôpitaux de limiter les dégâts. " La première avance d'un milliard d'euros a permis de donner une bouffée d'oxygène aux hôpitaux, mais cela ne sera pas suffisant ", déclarait le 6 juin la ministre de la Santé publique. " Grâce aux avances, les hôpitaux disposent de suffisamment de liquidités pour couvrir leurs dépenses. "Maggie De Block a souligné que pour le calcul du budget supplémentaire définitif relatif au Covid-19, il sera tenu compte des surcoûts et des frais qui ont continué à courir dans les services qui ont dû reporter leurs soins. Une première enquête a déjà été menée auprès des hôpitaux généraux et psychiatriques. Les résultats sont actuellement analysés par le SPF Santé publique. " Une concertation intensive est en cours avec le secteur hospitalier afin de déterminer les modalités et l'étendue du financement supplémentaire. Le Conseil fédéral des établissements hospitaliers (CFEH) remettra à la ministre un avis à ce sujet. En outre, un groupe de travail composé du CFEH et de la médico-mut travaille à un avis sur les honoraires des prestataires de soins indépendants, qui financent également une partie des coûts hospitaliers. L'intervention financière définitive pour le secteur hospitalier s'inspirera de ces avis ", a annoncé le Cabinet. Depuis plusieurs semaines, les gestionnaires hospitaliers et les Conseils médicaux discutent de la répartition des honoraires entre ceux qui étaient au front et ceux qui n'ont pas pu travailler. Ces négociations, souvent tendues, mobilisent les directions hospitalières. Dans ce numéro, l'avocat spécialisé Stefaan Callens pose la question de ce partage des honoraires des médecins indépendants pour les semaines écoulées et à venir. Prenant du recul, plusieurs ténors du secteur - Paul d'Otreppe (ABDH) et Philippe Leroy (CHU Saint-Pierre) - proposent de revoir fondamentalement le mécanisme de financement du secteur hospitalier qui durant la crise aurait montré ses limites. Dans cette édition, nous donnons également la parole à plusieurs gestionnaires hospitaliers et médecins - François Burhin (Epicura), Frederik Coussée (AZ Maria Middelares), Erica Sermijn (ASZ Alost) - qui témoignent de la manière dont leurs institutions ont résisté à la crise sanitaire. Ils proposent également des pistes de relance pour l'avenir. Vous trouverez en complément de ce numéro une édition réalisée spécialement pour remercier tous les travailleurs, médecins, soignants, pharmaciens qui se sont mobilisés durant la pandémie. Un grand coup de chapeau de nos rédactions à l'ensemble du secteur de la santé.