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Point central du Benelux, Liège accueillait au sein de son université les quelques 200 participants à ce colloque dédié à l'e-santé. Au programme, de nombreuses conférences mettant le patient au centre des discussions : Comment préserver l'empathie avec l'avènement des nouvelles technologies ? Comment étendre la portée de l'autonomisation du patient ?Parmi les idées clés, citons la nécessité d'améliorer la communication et de rationaliser les flux de travail administratifs et financiers, ou encore l'exploration de nouveaux modèles de soins pour étendre la relation patient-soignant au-delà de l'hôpital.Premier sur les planches : le visionnaire Koen Kas. Les habitués n'apprendront rien de bien neuf : l'objectif, à long terme, est de payer pour être en bonne santé plutôt que payer pour se soigner. Le professeur d'oncologie moléculaire à l'Université de Gand explique comment arriver à ce changement de paradigme, par le biais de la technologie. " La biologie et la technologie vont changer le comportement des patients ", indique le conférencier international qui cite une technologie en exemple. " Chez les personnes âgées, survient le problème de déshydradation. Un patch mensuel a été créé pour rappeler au patient de bien s'hydrater en fonction des résultats de l'analyse de ses paramètres biologiques. "L'homme enchérit avec un autre exemple, davantage orienté santé publique : " La sédentarisation est le nouveau tabagisme. Des applications permettent aujourd'hui de motiver les gens afin qu'ils bougent plus. " Google Map, et même les applications de rencontres en ligne s'y mettent. L'idée : créer une communauté.Si le mérite du Pr Kas est de donner l'impulsion, plusieurs thématiques ramènent au terrain. Au terrain belge, d'abord, par l'entremise de Melchior Wathelet, CEO d'Xperthis. " On parle beaucoup d'informatisation, de technologies, mais où est la place de l'humain ? ", questionne l'ancien ministre qui promeut par la même occasion sa société qui, outre " vendre des logiciels DPI (dossiers patients informatisés) aux hôpitaux, offre d'autres solutions ". La société liégeoise propose donc de suivre deux aspects : le trajet patient et le volet administratif.Tout cela paraît bien loin de l'humain, et du lien entre le patient et l'hôpital. " Souvent, le DPI est vu comme une source de perte de temps. Et de fait, le praticien a l'impression de passé la moitié de son temps derrière le DPI. C'est scientifiquement prouvé ", avance Melchior Wathelet 7e du nom, qui illustre son propos avec quelques chiffres tiré d'une analyse faite par l'Université de Chicago. " Le DPI est vu comme une amélioration de la qualité des soins par 60% des médecins. Mais 30% estiment que cela ralentit leur travail. 35% estiment encore que le DPI réduit le temps de communication avec le patient. Le patient, justement, estime que l'accessibilité aux soins est réduite par ce manque d'interaction avec le médecin. "Le DPI est indispensable, note pourtant le CEO d'Xperthis. Mais s'il est source de plus-value, son intégration ne peut se faire au détriment de l'humain. " Il faut que le DPI améliore à terme la relation entre patient et médecin. "Un bien bel objectif, mais comment y parvenir ? " Le DPI permet de créer des ponts entre hôpitaux et de se centrer sur le patient ", estime Melchior Wathelet. " Cette intégration permet de placer le patient au coeur du DPI et du trajet de soins. " Le lecteur attentif comprendra que cette vision n'est valable que si tous les hôpitaux utilisent le même logiciel.La France propose un bel exemple d'intégration technologique entre différents hôpitaux. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) regroupe 39 hôpitaux. " Nous avons constaté que la relation entre le patient et l'hôpital se résume souvent à l'hospitalisation : la prise de rendez-vous, parfois compliquée, suivie de l'hospitalisation et de la sortie de l'hôpital, pas toujours optimale ", note Alex Dufrenot, directeur adjoint du département en charge de l'innovation numérique. " Cette séquence devait être améliorée sous l'axe patient-hôpital. L'idée était de connecter le patient à l'hôpital avant sa venue et après sa venue, pour une meilleure prise en charge en amont et en aval. "L'AP-HP a sondé le patient pour cerner ses attentes, ses besoins. " Le patient était demandeur d'un outil numérique connecté à l'hôpital qu'il puisse utiliser de chez lui. Le choix s'est porté sur un portail connecté qui dispose d'un support permettant aux patients de faire des retours sur l'outil. " Une manière de co-créer très en vogue qui permet l'amélioration continue du portail.L'offre est aujourd'hui vaste, allant des services d'accès aux soins aux services administratifs. Le patient peut par exemple préremplir ses données, prendre un rendez-vous, gérer son séjour à l'hôpital. " Le patient peut aujourd'hui voir, avant de se rendre aux urgences, quel service est le moins engorgé et choisir en conséquence ", explique encore Alex Dufrenot. Sur une plateforme reprenant 25 services d'urgence, ce n'est pas rien.