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" Nous avons depuis longtemps conscience que le monde hospitalier est un très gros consommateur d'énergie et un grand producteur de déchets ", explique Catherine Goldberg, directeur général des Hôpitaux Iris Sud, HIS pour les intimes. " La direction a donc voulu afficher sa responsabilité citoyenne par rapport à cette lourde empreinte carbone. La cogénération figurait évidemment sur la liste de nos projets, logiquement suivie par les panneaux photovoltaïques. " Avec leurs toits plats, les quatre immeubles s'y prêtent : Baron Lambert, Etterbeek-Ixelles (le site qui bénéficie d'une cogénération), Joseph Bracops et Molière Longchamp, où les panneaux sont déjà installés. Quelques explications.La direction de HIS a rapidement écarté la voie d'une réalisation en direct au profit de celle du tiers investisseur. " Nous avons élaboré un cahier des charges l'an dernier ", complète Catherine Fabry, directeur des infrastructures, " en passant par un tiers investisseur pour éviter un débours de l'ordre d'un million d'euros. Parmi les critères : non seulement bénéficier de la production d'électricité, mais également percevoir une redevance. " C'est le duo Reno-Solutions (installateur) et Watt Matters (tiers investisseur) qui l'a emporté." Le message aux bénéficiaires potentiels de projets en tiers-investisseur est clair ", affirme Fanny Hellebaut, administratrice déléguée de Watt Matters : " il y a quelque chose de pertinent à faire sur le plan énergétique et cela peut ne rien vous coûter, car nous allons financer le projet et nous rembourser avec les économies d'énergie et les certificats verts. Ce remboursement sera étalé sur dix ans (c'est la durée d'octroi des certificats verts), pendant lesquels nous allons gérer le projet ".Une petite difficulté d'ordre juridique doit être soulignée : les dispositions relatives aux appels d'offres, obligatoires dans le secteur public, ne sont pas vraiment adaptées au mécanisme du tiers investisseur. " Dans un appel d'offre classique ", souligne Catherine Goldberg, " vous comparez les candidats au niveau des coûts. Ici, on devait presque faire l'inverse, en examinant le projet qui rapportait en quelque sorte le plus. Le contrat finalement signé fait état d'une "concession". Il fallait être très précis pour éviter toute contestation."Le certificat vert est une "commodité" octroyée par Brugel, le régulateur bruxellois du gaz et de l'électricité, suivant divers critères techniques précis, à raison d'un certificat pour 217 kilos de CO2 évités, majoré d'un coefficient multiplicateur, détaille Fanny Hellebaut. "L'idée est de soutenir les énergies vertes et économies d'énergie, car elles ne sont pas encore assez rentables en elles-mêmes. C'est d'ailleurs la rentabilité qui sert d'étalon, le but étant un remboursement en sept ans environ. La valeur retenue pour le coefficient multiplicateur est fonction de la technologie et de la puissance. Il va baisser si le rendement technologique s'améliore ou si le prix du matériel se replie. C'est ce qui se passe pour les panneaux photovoltaïques ".Et que fait-on de ces certificats verts? On les vend, sur un marché dédié, aux fournisseurs d'électricité qui sont obligés de déclarer annuellement un nombre déterminé de certificats verts (le retour quota), pour pouvoir satisfaire à leur obligation en matière d'électricité verte. "C'est un des risques supporté par le tiers investisseur ", poursuit l'administratrice déléguée de Watt Matters. "Si le prix du certificat chute, nous ne récupérerons pas notre investissement. L'autre risque est d'ordre technologique : il faut que l'équipement reste parfaitement à la hauteur. Pour recevoir ces certificats verts, nous devons d'ailleurs en faire la preuve en envoyant chaque mois à Brugel un relevé des consommations et productions. Nous sommes donc clairement incités à ce que l'installation fonctionne parfaitement pendant 10ans! Le tiers investisseur est une garantie de performance. "L'appel d'offre de HIS contenait une contrainte: 20 % du financement sera citoyen, avec une priorité pour le personnel. Pour y répondre, Watt Matters fera appel à la plate-forme de crowdlending spécialisée Econova. " Un nombre croissant de marchés publics comporte cette clause ", observe Fanny Helle-baut, "pour permettre aux citoyens de participer à la transition énergétique et pour les sensibiliser. "Un mot des installations en cours de montage chez HIS. Pas moins de 3.673 panneaux seront installés au total, couvrant 7.411 mètres carrés et produisant 1.260mégawatts-heure (mWh). En dépit de son ampleur, cette installation photovoltaïque ne couvrira, d'après les calculs, que 11% environ de la consommation électrique des quatre sites. Dans l'industrie, on arrive assez aisément au double. Le secteur hospitalier est donc vraiment un très gros consommateur! En raison à la fois d'un fonctionnement 24 heures sur 24 et des nombreux équipements. "Il a été calculé que la consommation énergétique d''un patient hospitalisé équivaut à celle d'un ménage de six personnes ", signale Catherine Fabry. Les panneaux photovoltaïques ne couvriront donc qu'une petite part du total, mais comme ce total est très élevé, l'économie sera substantielle : HIS devrait économiser 200.000 euros par an sur son budget énergie.Bruxelles Environnement impose depuis juillet 2019, à toute entité publique couvrant plus de 50.000 m2, une dynamique d'action pour la gestion de l'énergie. HIS, qui en développe 110.000, y répond donc clairement et y répondra plus encore à l'avenir. Les nouveaux bâtiments prévus sur le site de Joseph Bracops viseront en effet d'emblée l'optimisation énergétique. Autre volet de l'action menée pour diminuer l'empreinte écologique : l'hôpital fait des efforts pour diminuer les déchets produits. Pas facile, vu les contraintes liées aux objets stériles, mais on commence par abandonner les objets en plastique à usage unique. Petit à petit... Autre geste vert, fort sympathique et devenu à la mode : l'installation de ruchers aux abords de l'hôpital, sourit Catherine Goldberg. Avis aux amateurs: le miel est vendu dans les cafétérias !