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De nombreux patients psychiatriques sont confrontés à des problèmes non seulement psychologiques, mais aussi physiques. La prise en charge somatique de leurs patients est souvent laissée aux seuls psychiatres. Cet obstacle, ancien, pourrait être résolu en 2023: le budget Inami prévoit, cette année-là, 6,4 millions d'euros pour les "soins somatiques" dans les hôpitaux psychiatriques. Un budget d'un peu plus de 3 millions au moment de l'admission et un second, de plus de 3,3 millions, pour l'élaboration du plan de traitement et des soins ultérieurs après consultation multidisciplinaire. "Les textes doivent être mis au point dans le groupe de travail du Conseil technique médical. J'espère que la proposition fera ensuite rapidement chemin afin que le budget prévu à cet effet ne reste pas largement inutilisé en 2023", explique le Pr Frieda Matthijs, psychiatre à l'UZ Brussel et membre du conseil d'administration de l'ASGB. "Ce timing suppose que dans les SPHG, le problème est moins aigu parce que les soins spécialisés sont disponibles dans les hôpitaux. Même si, en pratique, il ressort que d'autres spécialistes pensent que les psychiatres devraient tout simplement aussi s'occuper des soins somatiques", indique le Pr Matthys. Bien sûr, les psychiatres sont principalement formés pour traiter les maladies mentales, souligne-t-elle. Les patients psychiatriques ont une espérance de vie inférieure de plus de dix ans à celle de la population générale. Ils souffrent souvent aussi de maladies somatiques. Il n'est pas rare qu'ils aient un mode de vie malsain. Ils vivent souvent dans la pauvreté. Les médicaments qu'ils reçoivent ont aussi souvent des effets secondaires non négligeables. "Mais un honoraire pour un dépistage à l'admission, et pour un plan de traitement après une concertation multidisciplinaire, nous semblait tout de même plus judicieux qu'un petit montant forfaitaire pour chaque jour que passent ces patients à l'hôpital. Il n'est pas exact non plus que tous les patients psychiatriques ont immédiatement besoin de soins somatiques importants", précise le Pr Matthys. Côté néerlandophone, d'ailleurs, le Vlaams Instituut Kwaliteit van de Zorg travaille à l'élaboration de lignes directrices pour le dépistage des pathologies somatiques chez les patients psychiatriques, ce qui apporte une base scientifique. Il y a quelques mois, le Pr Matthys, ainsi que le Dr Robert Rutsaert et le Pr De Lepeleire pour l'ASGB, ont établi un document sur les soins somatiques pour les patients psychiatriques. Un montant de 5 millions d'euros était prévu pour 2022 dans le cadre des projets de soins transversaux. Mais ce budget a alors été entièrement consacré à la psychiatrie infanto-juvénile: une consultation par le pédiatre pour les adolescents admis à l'hôpital avec un trouble alimentaire. Entre-temps, la Conférence interministérielle Santé publique planche également sur un texte politique relatif aux soins transversaux pour les jeunes souffrant de troubles alimentaires. Cela devrait permettre de définir l'approche entre les différents volets et projets. "La prise en charge des troubles alimentaires est principalement ambulatoire, le traitement dans un centre tertiaire n'en étant qu'une petite partie", relève le Pr Matthys. Et de faire aussi remarquer que dans les textes politiques, une grande partie de la proposition de l'ASGB a été reprise. "Les gens de l'Inami font principalement le travail de bureau. Ils ont besoin de l'apport du terrain."