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Le service des urgences du CHRSM - site Meuse est le plus ancien (1977) et le plus important de la province de Namur. Rénové en 1988, il commençait néanmoins à accuser le poids des années et l'hôpital a décidé d'investir dans son avenir. Le chantier est estimé à 11 millions d'euros, financés à deux millions par l'hôpital public et à neuf millions par la Région wallonne. Au fil des années, le nombre de patients se présentant aux urgences a explosé. Passant de 9. 000 entrées en 1977 à 49.000 en 2019, il était plus que nécessaire de repenser complètement l'organisation du service. "50% des patients hospitalisés entrent par les urgences", précise Gilles Mouyard, président du CHRSM. "C'est donc l'une des principales portes d'entrée de notre hôpital et il est capital que l'accueil y soit agréable et que la prise en charge soit facilitée par l'agencement du service.""C'est quelque chose que nous attendions depuis très longtemps, parce que nous étions vraiment à l'étroit dans ce bâtiment de 1988 qui était prévu pour gérer 15.000 entrées. Pour faire face à l'augmentation du nombre d'admissions aux urgences, il a fallu mettre en place des aménagements,un tri, des trajets de patients. Les pathologies et les prises en charge ont également évolué. C'est le cas de la cardiologie, des polytraumatismes par exemple. Une évolution au niveau du bâtiment était donc nécessaire pour répondre à ces nouveaux besoins et nous avons vraiment le sentiment d'avoir été écoutés", se réjouit le Dr Pascale Lievens, médecin chef du service des urgences. Le projet a toutefois mis cinq ans à sortir de terre. "Cela a pris du temps mais c'était indispensable. Il fallait que ce soit un projet durable. Ce temps a permis que le projet soit co-construit avec les utilisateurs, le département technique, la direction et les architectes. La collaboration pour faire émerger ce projet a été très positive. Nous avons réussi à atteindre un équilibre entre les problèmes d'espace et les problèmes financiers, tout en rencontrant les exigences des besoins du terrain."Le bâtiment fera plus de 2.500 m2 hors sols en plus de 680 m2 rénovés au sein du rez-de-chaussée de l'aile C du bâtiment existant pour prévoir dix lits d'hospitalisations provisoires. On dénombrera V/O lits de consultation, de quoi agrandir la capacité de prise en charge. Enfin, une attention est également portée aux accompagnants qui peuvent attendre en périphérie du projet tout en ayant une vue sur la ville et la Meuse. "Le principe général du nouveau concept architectural est de disposer de beaucoup plus d'espace avec des zones réservées à tout le monde: soignants, patients, et proches. Tout cela permet un mieux-être pour tous", explique Pascale Lievens. Le concept architectural se veut innovant. Dans une sorte de panoptique moderne, la nouvelle infrastructure" sera accueillante et contribuera à réduire le sentiment de stress qui survient lorsque les patients se rendent aux urgences, notamment en appliquant le concept de 'Marche en avant' selon lequel le patient évolue au sein du service de manière à ne jamais revenir en arrière dans sa prise en charge physique. Accompagné d'une gestion du flux améliorée, ce concept permettra de limiter le temps d'attente, et donc le stress à la fois pour les patients mais également pour le personnel"."Un projet de service d'urgences est exaltant, car c'est complexe. C'est un projet à haute technicité, notamment au niveau de l'organisation. Il s'agit presque d'un hôpital dans l'hôpital. Il y a de la réanimation, de la consultation, de la pédiatrie, de la radio, ou encore de la psychiatrie", détaille Julien Duplat, architecte du bureau Espace Architectes. "Il y a deux axes dans un tel projet: la place du bâtiment dans son environnement et son fonctionnement interne." L'emplacement du service des urgences était délimité et imposé. Les contraintes expliquent la forme particulière du bâtiment. Néanmoins, ce dernier présente de nombreux atouts. "Il s'agit de facto de l'entrée de l'hôpital puisque la moitié des admissions se font par cette entrée. C'est également l'entrée de nuit, donc son usage est multiple. Le bâtiment revêt une symbolique visuelle par rapport à la ville puisqu'il est situé entre l'hôpital et la ville. Toute l'organisation de l'arrivée des patients - via ambulance, parking ou transport en commun - a été repensée."L'intérieur a quant à lui été réalisé sur mesure pour les soignants. "L'une des difficultés a été de rencontrer l'un des besoins des soignants. Ceux-ci se plaignent actuellement d'être à l'étroit, mais en même temps, cette promiscuité a permis de tisser des liens que les soignants ne veulent pas voir disparaître. Il a donc fallu penser à donner plus d'espace aux soignants sans les éloigner les uns des autres pour garder l'esprit de camaraderie qui règne dans les équipes."Pour le reste, le concept architectural s'efforce de traduire concrètement dans l'espace le concept de marche en avant précédemment expliqué. " Lorsque le patient entre aux urgences, il passe par un premier accueil administratif. Il se dirige ensuite vers une salle d'attente et passe par un box de tri d'orientation. À partir de là, le patient entre soit directement dans un box de consultation et de soins, soit dans une seconde salle d'attente avant la prise en charge à proprement parler."On notera enfin que le bâtiment se veut écologique grâce, entre autres, à la lumière naturelle apportée par les nombreuses fenêtres, au forage géothermique et à une toiture végétalisée. "Le bâtiment répond à notre stratégie globale de réduction de l'empreinte carbone", conclut Gilles Mouyard.