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Le leasing opérationnel rencontre parfois une objection spontanée et bien compréhensible: une formule de financement global ne revient-elle pas plus cher que des achats classiques, réalisés en direct? Oui, en première approche, mais l'essentiel est ailleurs, répond en substance Danny Havenith, directeur général de MercurHosp, centrale d'achat de services et de fournitures pour les soins hospitaliers. Il est donc un observateur privilégié mais également neutre, puisque MercurHosp n'est pas actif sur le terrain des gros équipements, ni du financement en général. "Il faut changer sa vision du management d'un hôpital et acheter en fonction de la qualité de la médecine que l'on veut proposer", explique-t-il. "Concrètement, le grand défi est de trouver une concordance entre la durée du financement, qui est a priori fort statique, et la réalité de terrain". Un quartier opératoire, par exemple, se compose d'éléments qui ont des durées de vie fort différentes: dix ans pour certains, comme les tables, mais plutôt cinq ans pour d'autres, comme les tours d'endoscopie. Et comment réagir si, après trois ans seulement, on assiste à une super-innovation? "Il faut avoir la possibilité de retirer l'élément ancien pour le remplacer par la nouvelle technologie".Ce n'est pas possible dans le schéma de financement classique. C'est à de pareils besoins que répondent les formules de leasing opérationnel que proposent une entreprise spécialisée comme CHG Meridian, ainsi que plusieurs banques, en particulier ING. La troisième voie est le leasing opérationnel proposé par les fabricants de matériel: Siemens, Philips, Toshiba et autres General Electric, qui ont leur propre société de leasing. Mais cette approche-ci est évidemment un peu différente, même si certains se disent prêts à inclure du matériel d'autres fabricants dans leur offre. L'intérêt d'un leasing opérationnel est double, juge encore Danny Havenith. D'abord, il peut inclure la maintenance, et ceci dès la première journée d'utilisation des équipements. Ensuite, les médecins étant en Belgique majoritairement des indépendants, on peut leur proposer des plages horaires dans un quartier opératoire, pour un prix défini et super-transparent. Coup de projecteur sur les deux acteurs jugés les plus pointus dans le leasing opérationnel des matériels hospitaliers de pointe. Groupe familial allemand présent dans 28 pays, y compris l'Australie et la Nouvelle-Zélande, CHG Meridian occupe en Belgique une place de choix dans le leasing opérationnel des équipements médicaux de pointe. Il se présente comme "un acteur de financement et de service technologique". Et ceci avec une vision très large. Dans un récent article concernant la robotique dans les soins, la société explique ainsi: "En plus des nombreux avantages médicaux, l'achat d'un robot chirurgical est aussi un véritable avantage concurrentiel. Il peut par exemple attirer ou permettre de retenir des talents à l'hôpital". La société est reconnue pour la souplesse de son approche, elle-même soulignant les avantages d'une "structure agile" dans la gestion des hôpitaux. Loin de ces considérations stratégiques, on relève au passage, parmi les arguments avancés par la société, la possibilité de revendre le matériel "ancien" qui sera remplacé par le nec plus ultra du moment. En prenant pour exemple un robot, CHG Meridian explique: "Les robots étant remis sur le marché après une certaine période d'utilisation (après cinq ans par exemple), le coût d'acquisition est considérablement réduit par rapport à un investissement à long terme jusqu'à la fin du cycle de vie du robot". C'est un atout considérable de la formule, souligne Danny Havenith. D'autant qu'il ne faut pas nécessairement imaginer ce matériel envoyé dans un pays en développement, à l'instar des voitures européennes arrivées en bout de course: toujours performant, il suffit aux besoins d'une institution axée sur les soins de base. Cela pourrait du reste se faire assez aisément dans le cadre d'une meilleure coopération entre institutions de soin au niveau belge... "Il est fréquent que le fabricant rachète lui-même l'équipement de départ", complète Filip Indigne, responsable ventes & marketing d'ING Lease, "parce qu'il veut en conserver le contrôle qualitatif quand il devient de seconde main. Ceci se fera par exemple à 30 ou 40% du prix. C'est convenu au départ, ce qui permet dès lors d'établir une projection financière". Et de rendre le leasing compétitif face à un achat pur et simple? Autrement dit d'effacer l'étiquette "cher" que certains lui collent? "J'entends cette remarque depuis 20 ans, sourit notre interlocuteur, qui rappelle par ailleurs l'intérêt fondamental du leasing opérationnel: n'est-il pas préférable d'utiliser un équipement en sachant qu'on pourra bénéficier d'une avancée technologique quand celle-ci se présentera? Il ne s'agit pas nécessairement de changer d'équipement: souvent, le constructeur y apportera des améliorations." Lesquelles peuvent améliorer les soins, mais aussi baisser les coûts. Au fait, comment se situe ING Lease? "Nous sommes un acteur du financement et avons des accords avec plusieurs partenaires", situe Filip Indigne. "Avec un intégrateur comme CHG Meridian, mais aussi avec les fabricants d'équipements". Il faut savoir qu'ING Lease a mis l'accent sur quelques créneaux en particulier, dont les équipements médicaux. Il ne s'agit pas simplement de financement, car il faut aller plus loin dans l'offre: on observe clairement une demande de flexibilité dans l'utilisation de l'équipement. De leur côté, les fournisseurs veulent pouvoir proposer le pay per use, ou paiement en fonction de l'utilisation, une des grandes tendances du moment, souligne le dirigeant d'ING Lease. On s'oriente de plus en plus vers une approche de service, résume-t-il ; en ce compris la maintenance, dans laquelle ING n'est pas impliqué. La crise sanitaire a mis les hôpitaux sous pression physiquement, mais aussi sur le plan budgétaire, observe Filip Indigne: les dépenses engagées pour soigner les patients du Covid pèsent sur les autres investissements. "Nous pouvons faciliter ces derniers via le leasing", conclut-il.