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La pandémie de Covid-19 a provoqué un chamboulement dans diverses professions de soignants. La question du sens n'a jamais été aussi prégnante qu'aujourd'hui. "Je suis profondément convaincu qu'il y a un sens global du travail du monde hospitalier à redonner", explique par exemple Jérôme Massart, directeur du CHRSM - site Sambre (lire pages 14-15). Selon lui, il faut insister, "redire combien les métiers de soins sont beaux, ont du sens, même s'ils sont difficiles". Il ne s'agit pas de vendre un monde idéal, mais de rappeler le sens profond du 'care'. "Nous sommes un des derniers remparts de la société quand la société est en crise." Les médecins ne sont pas les seuls concernés. Les professionnels de l'art infirmier sont en sous-effectif dans la plupart, si pas tous les hôpitaux du pays. Le Fonds blouses blanches et les réformes initiées par Frank Vandenbroucke, ministre fédéral de la Santé, à l'instar de l'Ific, sont évidemment les bienvenus, mais ils n'arriveront pas, à eux seuls, à endiguer cette perte de sens qui est palpable. Cette perte de sens est accompagnée d'un désir d'équilibre entre vie privée et vie professionnelle plus important que par le passé. Il en découle un attachement moindre pour l'institution que représente l'hôpital. Il s'agit certainement là d'un des facteurs expliquant le turn-over important et les fermetures de services qui sévissent aujourd'hui dans les institutions hospitalières. Huit hôpitaux sur dix ferment des lits en raison d'un manque de personnel, selon une enquête menée par Zorgnet-Icuro en juin. Heureusement, des solutions existent. Certaines sont politiques. Ainsi, le ministre Vandenbroucke a mis une série de mesures en branle pour que les hôpitaux puissent traverser ce moment compliqué. À partir de janvier, le secteur pourra par exemple faire appel à des flexi-jobs pour des fonctions supports. Ce n'est toutefois qu'une solution temporaire. D'autres solutions émanent donc des hôpitaux eux-mêmes. Les services RH redoublent d'efforts pour mettre sur pied des politiques de recrutement attrayantes, à coup de jobnights, de packages salariaux, de mises en exergue des valeurs de l'hôpital - notamment la proximité - voire de centres d'innovations, à l'instar du RADar, le centre d'apprentissage et d'innovation de l'AZ Delta à Roulers (lire pages 28-29). Il faudra cependant du temps aux hôpitaux pour digérer ce changement. Un temps qui fait malheureusement défaut en ces heures de crises.