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Pour revoir le mode de financement, de nombreux directeurs proposent de réduire l'importance des actes médicaux dans le financement et de favoriser le financement forfaitaire de certaines pathologies. Six répondants sur dix déclarent d'ailleurs être favorables à une augmentation du forfait pour les pathologies (comme pour les soins à basse variabilité). La moitié des directeurs généraux et médicaux sont également pour la suppression des prélèvements sur les honoraires des médecins avec une révision du système. Un petit tiers y est opposé. "Il est clair que l'impact financier de la crise sur les hôpitaux est lié au fait que la prise en charge des patients Covid génère relativement peu d'examens médico-techniques. A titre de comparaison, la chirurgie élective, qui est relativement bien monenclaturée, est plus "rentable"", précise Julien Compère, patron du CHU de Liège "Il faut réfléchir à la création de financements structurels qui peuvent aider lors des pandémies. Toute l'infrastructure hospitalière belge est dimensionnée pour une situation normale. Comme dit le bourgmestre de Liège, on ne dimensionne pas ses égouts en se basant sur la crue du siècle. Il faut tout de même prévoir une capacité hospitalière tampon, financée spécifiquement, pour faire face à ce type de pandémie. Cela peut peut-être se faire au niveau des réseaux hospitaliers loco-régionaux."La première vague a obligé de nombreux patients à postposer des consultations, des examens ou des interventions durant plusieurs mois. Sans surprise, les directeurs généraux et médicaux estiment que l'impact sur la qualité des soins a été le plus élevé en cardiologie, oncologie, neurologie et maladies vasculaires. "Les pathologies les plus graves ont été le plus affectées (voir graphique) . Durant la première vague, nous n'avons presque pas eu d'AVC aux urgences durant plusieurs semaines. Les patients ont retardé leur prise en charge", précise le CEO du CHU de Liège. "Au niveau de la santé publique, l'impact de la crise sur les pathologies non-Covid va être très important durant les prochaines années. Des concitoyens risquent de négliger leurs soins durant de longues périodes", s'inquiète Julien Compère. En septembre, 74% des répondants s'attendaient cependant à une augmentation limitée des pathologies non-Covid dans les prochaines années en raison du retard pris dans la réalisation de screening et d'autres examens et 67% à une augmentation limitée en raison du report des soins. 12% des directions s'attendaient à une augmentation importante des pathologies à cause du Covid-19 et 65% à une augmentation limitée. "L'impact de la crise sur les pathologies non-Covid a été diabolisé lors de la première vague alors que l'enquête montre que les directions estimaient avant la deuxième vague que l'impact ne sera pas si important à long terme en termes de santé publique", tempère Paul d'Otreppe. "Cela sera pire pour la deuxième vague. Des patients ne sont plus traités selon les standards de qualité de 2020. Par exemple, nous avons dû postposer le placement de valves Tavi parce que cette intervention demande trop de ressources infirmières et de soins intensifs. Nous devons faire des choix", explique Manfredi Ventura. Pour le directeur médical du Grand hôpital de Charleroi, il ne faut pas oublier l'impact de la crise sur les maladies mentales. "Le confinement a été très difficile à vivre pour certains patients qui avaient besoin de pouvoir consulter leur médecin." Et d'ajouter que le dépistage a également été fort réduit. "Durant la première vague, nous n'avons presque pas opéré de cancers du sein suite à des dépistages. Les cancers du colon ont également été moins détectés."