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L'AZ Maria Middelares possède déjà de longues années d'expérience du suivi à distance en milieu hospitalier, précise le Dr Henk Vanoverschelde, spécialiste en médecine intensive. Une équipe d'intervention rapide ( Rapid Response Team ou RRT) composée d'infirmiers spécialement formés et supervisés par un intensiviste est alertée par le biais d'un tableau de bord numérique qui reprend l'ensemble des paramètres des patients afin de pouvoir intervenir de façon proactive si leur situation se détériore. "Cela permet d'éviter bien des problèmes. Il est prouvé que, grâce à ce système, nous pouvons éviter de nombreuses réanimations mais aussi limiter la thérapie de façon ciblée", explique le Dr Vanoverschelde. C'est sur la base de cette expérience que l'équipe de l'AZ Maria Middelares - qui comprend également, outre le Dr Vanoverschelde, son collègue urgentiste Diederik Van Sassenbroeck et les pneumologues de l'établissement - a élaboré une proposition pour le projet pilote de l'Inami. L'objectif est le même que celui du monitoring à l'hôpital: éviter que les patients n'arrivent trop tard au niveau de soins dont ils ont besoin, mais aussi à l'inverse qu'ils ne soient suivis d'une manière trop intensive, explique le Dr Vanoverschelde. Pour l'exécution concrète du projet, l'AZ Maria Middelares collabore également avec des généralistes et des infirmiers à domicile. Le télémonitoring s'articule en trois niveaux. Une évaluation quotidienne est organisée via la plateforme-patients centrale MijnMariaMiddelares, sur la base d'un questionnaire complété par le patient lui-même. Les questions portent sur les paramètres de la maladie (p.ex. fièvre, essoufflement), mais aussi sur le bien-être psychologique ou sur des questions pratiques (p.ex. le soutien éventuellement nécessaire pour les activités ménagères). La RRT examine au moins trois fois par jour les données de tous les patients enregistrés. Les généralistes, eux, reçoivent un aperçu quotidien qui leur permet de suivre leurs malades de façon proactive. Lorsque le patient rapporte une détérioration de son état de santé ou que la RRT observe des signaux d'alarme, le télémonitoring peut être renforcé en concertation avec l'infirmier à domicile et le médecin, qui pourra réaliser une évaluation clinique le cas échéant. Le service de soins infirmiers à domicile peut aussi, si nécessaire, apprendre au patient à mesurer lui-même des paramètres vitaux comme la saturation en oxygène ou la tension. Si l'état du patient s'aggrave encore, il est possible de passer en concertation avec le généraliste à un monitoring continu en temps réel organisé à l'aide de " wearables", des dispositifs portables pour mesurer le pouls, la tension et la saturation qui se présentent sous la forme d'un bracelet, d'une montre intelligente ou d'un patch. Les résultats des mesures automatiques sont transmises grâce à une connexion sans fil par le biais d'une appli sur smartphone ou tablette, puis utilisés pour dresser un tableau concret permettant de suivre la situation du patient dans la durée. Il donne une idée de la gravité de son état et de l'intensité du suivi nécessaire. Trois types de patients sont candidats au télémonitoring, précise le Dr Vanoverschelde. "Tout d'abord, les généralistes et infirmiers à domicile peuvent proposer eux-mêmes des patients dont ils estiment qu'ils nécessitent un suivi. Un second groupe se compose de patients qui se présentent pour une admission aux urgences et dont l'urgentiste juge que l'état, sans vraiment justifier une hospitalisation, mérite tout de même une surveillance. Le troisième est celui des patients Covid-19 qui peuvent quitter l'hôpital moyennant un monitoring adéquat."Le patient reçoit évidemment toutes les informations nécessaires sur les données qui seront collectées et sur la manière dont elles seront utilisées, afin de pouvoir donner son indispensable "consentement éclairé". Le portail MijnMariaMiddelares repose sur la plateforme Well@Home de BeWell Innovations, dotée de toutes les fonctionnalités nécessaires pour rendre possible le suivi à domicile dans un environnement numérique sécurisé et classée au niveau deux de la pyramide de validation de mHealth Belgium. Le projet a été lancé dans le contexte de la pandémie du Covid-19, mais l'AZ Maria Middelares est convaincu qu'il représente aussi le modèle de soins du futur, précise le Dr Vanoverschelde. "Nous y voyons une foule de possibilités pour le suivi des patients après chirurgie cardiaque ; ce genre de système permet par exemple d'identifier très facilement la survenue de troubles du rythme. Une autre application potentielle réside dans le suivi interactif de la glycémie. Nous espérons évidemment être rapidement délivrés du Covid-19, mais c'est aussi une expérience riche d'enseignements pour le suivi d'autres maladies dans le futur."Sabine D'Hoop est l'une des patientes enrôlées dans le projet. "Le Covid-19 est vraiment une maladie à ne pas sous-esti mer. Étant moi-même infirmière, je possède un certain bagage... mais grâce à cet outil, même les patients sans connaissances médicales particulières peuvent assurer leur propre monitoring à la maison tout en sachant que quelqu'un les suit à distance. Il est possible d'intervenir plus rapidement en cas d'irrégularité, et on évite ainsi de perdre un temps précieux."