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"Les hôpitaux auraient dû être au centre de la campagne de la vaccination, en collaboration avec la première ligne. Les autorités ont voulu faire plaisir à tout le monde et, pour finir, la stratégie vaccinale est complexe et peu lisible", me confiait récemment le directeur général d'un hôpital wallon, un peu dépité. Il est vrai que les hôpitaux disposent du personnel qualifié, des infrastructures et de parkings. Ils sont généralement bien connus de la population locale et accessibles en transport public. En plus, ils ont l'expérience de la vaccination de leur propre personnel et également, dans certains cas, de la première ligne de soins (lire en page 14). Ils peuvent également prendre rapidement en charge les patients qui feraient un malaise - une thrombo-embolie, par exemple - après avoir été vaccinés. Fallait-il dès lors créer des grands centres de vaccination en partant de zéro et dépenser des millions d'euros pour aménager des locaux plutôt que faire de la centaine d'hôpitaux belges la pierre angulaire de la vaccination? Fallait-t-il perdre un temps précieux dans la lutte contre le Covid en mobilisant les gouverneurs, les bourgmestres, les organisateurs d'événements et la première ligne plutôt que de s'appuyer sur des institutions de soins qui sont depuis un an au front et ont mis des procédures efficaces en place? Évidemment dans ce scénario, les médecins généralistes auraient pu, comme ils le réclament depuis des mois, être davantage intégrés dans la stratégie, en se chargeant en parallèle de la vaccination des personnes peu mobiles et isolées. Les hôpitaux auraient pu leur fournir les vaccins. Une occasion manquée. Le 17 mars, le CHBA, le CHR Huy, le CHR La Citadelle, le CHR Verviers, le CHRA Malmedy, le CHU de Liège et IsoSl alertaient les autorités face à la pénurie de vaccins. "Constatant l'augmentation des contaminations et la recrudescence des hospitalisations, nous regrettons les problématiques actuelles inhérentes à la livraison des vaccins en temps et en heure dans leurs centres de vaccination, au détriment des patients à risques et /ou âgés. Nous réclamons des garanties à plus long terme quant aux stocks disponibles afin de pouvoir organiser efficacement la vaccination de masse." Les "hôpitaux liégeois" confirmaient leur souhait et leur disponibilité pour, en support de la première ligne, pouvoir continuer à vacciner les patients à risque qu'ils sont les plus à même d'identifier et qui ont témoigné leur confiance dans les hôpitaux. Encore une occasion manquée?