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Ces personnalités ont d'abord été invitées à s'exprimer sur l'avenir et les défis du secteur hospitalier. Ensuite, elles ont été interrogées sur leur vision de la digitalisation dans le secteur hospitalier.Comment ces experts voient-ils évoluer la situation financière des hôpitaux dans les cinq prochaines années ? Sera-t-elle meilleure ou sera-t-elle pire ? Pour la majorité des interviewés, cette situation sera pire. " L'écart financier entre les hôpitaux va s'approfondir : les plus grands s'en sortiront bien, les plus petits auront des difficultés et pourraient même disparaître ", analyse un intervenant. Un autre conseille de s'attaquer à la nomenclature malgré le lobby qui résiste face à ce changement. Rappelons que ce chantier a commencé. Il a été officiellement lancé par l'Inami en septembre 2019. Durant les prochaines années, il va falloir revoir 3.748 actes pour un montant de huit milliards. Un travail de titan.De l'avis des experts réunis par Akkanto, à politique inchangée, la situation financière des hôpitaux va continuer à se détériorer. Ils conseillent donc d'arrêter de tout faire dans chaque institution, de rationnaliser, de spécialiser, de collaborer... Une certitude pour les intervenants : " les résultats des efforts doivent bénéficier aux hôpitaux ".Les défis auxquels le secteur hospitalier doit faire face sont nombreux : vieillissement de la population et virage ambulatoire, concrétisation de la réforme des réseaux grâce à des choix radicaux et à une réforme fondamentale du financement, gestion et financement de la transformation digitale, charge de la pension des statutaires pour les hôpitaux publics, équilibre entre les amortissements importants liés aux travaux d'infrastructure et des marges faibles...Serait-il positif pour les hôpitaux d'évoluer vers un système dans lequel la prévention, les soins et la guérison constitueront un seul et même continuum de soins ? Pour la majorité des participants, c'est indéniablement la piste à suivre. " Demain, il faudra construire l'hôpital " sans murs " car les soins iront au-delà de ce qu'on peut offrir dans l'hôpital ", commente un intervenant. " Si vous la jouez finement, vous pourrez vous concentrer sur votre "core business", ajoute un autre.À l'avenir, selon les interviewés, l'hôpital deviendra un " épisode de soin " et non plus un centre autour duquel tout gravite. Il se positionne comme un centre d'intervention technologique " sans murs ". Dans le cadre du virage ambulatoire, l'hôpital va de plus en plus jouer un rôle de coordinateur des soins autour du patient. L'idéal serait de rendre le système plus logique et intuitif pour le patient. Il est donc temps de changer de point de vue : remplacer le besoin du médecin par celui du patient. Ces évolutions demandent de repenser totalement le financement et de confectionner un budget total qui incite les différents acteurs à coopérer.On ne s'étonnera pas de voir que les professionnels interrogés réclament une vision globale et à long terme malgré le fait que les décideurs politiques changent tous les cinq ans. Dans le secteur de la santé, les industries du médicament et du matériel médical ont pu conclure des accords pluriannuels avec les autorités. Pourquoi pas avec le secteur hospitalier ?Faudra-t-il plus ou moins de lits dans chaque hôpital ? Depuis des années, le nombre de lits aigus généraux diminue. Certains hôpitaux ont même réduit considérablement leur voilure. Le Grand hôpital de Charleroi a annoncé vouloir réduire à terme le nombre de ses lits de 30%. Qu'en pensent les personnalités sondées par Akkanto ? Elles sont toutes convaincues que l'hôpital du futur comptera moins lits. Certains mettent le curseur (voir graphique) plus loin que d'autres. " Si demain, on trouve un remède contre certains cancers, cela va avoir une vraie influence sur le nombre de lits ", analyse un participant. " Il y a 15 ans, sur 1.000 lits, 800 étaient en hospitalisation classique et 200 en hospitalisation de jour. Demain, on aura 700 lits en hôpital de jour ", prédit un autre.Comme l'hôpital deviendra un centre de savoirfaire et de technologie où les médecins réaliseront des interventions, le suivi peut se faire à distance grâce aux systèmes de monitoring, entre autres, pour l'hospitalisation à domicile.Les interlocuteurs mettent en garde contre la réduction des journées justifiées. Il faut prévoir un véritable accompagnement pour les patients qui sortent de l'hôpital afin d'éviter les ré-hospitalisations. Des pistes existent, création d'équipes volants et d'hôtel de soins offrant un encadrement léger aux patients.Autre constat : la réduction des lits aigus va se traduire par une augmentation des lits en hôpital de jour et dans les soins palliatifs, gériatriques, psychiatriques et en revalidation. Le nombre de sites hospitaliers va diminuer mais ils compteront plus de lits par site.