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L'objectif, pour l'hôpital auvelaisien, est de garder l'équilibre entre pénurie et fidélisation du personnel en place. Une problématique prise à bras-le-corps par la direction qui nous explique la stratégie de l'hôpital en quatre axes. "Je suis profondément convaincu qu'il y a un sens global du travail du monde hospitalier à redonner", estime Jérôme Massart, directeur du CHRSM - site Sambre, qui a une expérience en accompagnement d'équipes et de managers. Selon lui, il faut insister, "redire combien les métiers de soins sont beaux, ont du sens, même s'ils sont difficiles". Il ne s'agit pas de vendre un monde idéal, mais de rappeler le sens profond du 'care'. "Nous sommes un des derniers remparts de la société quand la société est en crise, et le Covid l'a rappelé dernièrement."En outre, il faut tenir compte que la relation au travail, à l'emploi est aujourd'hui différente. "Il faut adapter la manière dont les équipes sont gérées avec différentes générations qui se côtoient. Il y a toujours eu différentes générations qui se superposent, mais on est ici avec une génération qui désire un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle.""Cet équilibre vie privée et vie professionnelle est plus important qu'avant", confirme Alexandre Hebert, directeur médical de l'hôpital. "Les médecins aujourd'hui organisent leurs gardes en fonction de leur vie privée et non l'inverse. Le temps de travail ne s'oriente plus vers des temps pleins mais davantage vers des temps partiels. Hommes et femmes sont concernés par ce changement."L'objectif est également de veiller à l'équilibre des forces en présence. "Au sein du département infirmier par exemple, il faut tous les jours recomposer le puzzle en fonction de l'absentéisme pour garantir l'activité", explique le directeur du site, infirmier urgentiste de formation. "On pourrait très bien fermer des lits et concentrer les ressources, mais grâce à l'optimalisation, on peut maintenir l'activité tout en maintenant la qualité des soins."Et le Dr Hebert de pointer une autre problématique. "La continuité des soins pour assurer un rôle de garde avec certaines spécialités qui délocalisent leurs activités en-dehors de l'hôpital, en cabinet privé ou en polyclinique est une problématique. Nous devons assurer des gardes, et une continuité des soins, avec parfois des spécialités où le nombre de dixièmes prestés en intra-hospitalier diminue. Si l'Inami fixe la même nomenclature pour une consultation de spécialiste à l'hôpital et en cabinet privé, c'est compliqué. Ou alors il ne faut pas imposer aux hôpitaux de tenir des rôles de garde, mais réfléchir à organiser une garde au sein du bassin de soins ou de la région, comme cela se fait pour les dentistes."Le recrutement est une problématique qui enfle depuis quelques années pour les hôpitaux, et le Covid n'a pas arrangé les choses. "Effectivement, mais paradoxalement, nous avons fait une job's night pendant le week-end anniversaire du site Sambre, et cela restera comme un de mes plus beaux souvenirs de ce moment", répond Jérôme Massart. "C'est un événement qui a vraiment bien pris. Nous avons accueilli plus de 100 personnes. J'ai pu leur présenter l'hôpital, ce que l'on y fait et les grands projets. Car un hôpital n'est pas qu'une affaire de soignants, mais bien de divers métiers qui se brassent et vivent ensemble."Concernant les métiers en pénurie, le CHRSM - site Sambre ne cherche pas à réinventer la roue, mais mise sur ses forces. "Tous les hôpitaux ont essayé de réinventer leur communication, leur package salarial, etc.", constate le directeur de site. "Les travailleurs ont assez de choix en fonction du modèle qui leur convient. Et ce choix n'est pas uniquement lié au salaire et aux avantages extralégaux, mais aussi aux commodités: j'habite plus près, mes enfants vont à l'école pas loin, etc. Il n'y a pas une recette magique pour recruter le personnel.""Nous sommes dans une bonne dynamique au niveau médical", ajoute Alexandre Hebert. "Si l'on veut développer des projets, il faut plus de ressources. Nous avons donc engagé 15 nouveaux médecins et deux dentistes."Le CHRSM - site Sambre est le premier employeur de la région. "Nous sommes un recruteur permanent. À certains moments, il y a plus de besoins dans tels secteurs, à d'autres moments, ce sont d'autres secteurs qui sont concernés. Mais, dans un hôpital où il y a plus de 800 salariés et entre 1.000 et 1.100 personnes si l'on ajoute les indépendants, il y a des mouvements permanents."C'est une réflexion qui occupe les esprits de la direction de l'hôpital auvelaisien. "Ce n'est, au risque de me répéter, pas qu'une question de salaire. Même si évidemment, le salaire est important. Nous devons d'ailleurs composer avec l'Ific. Quel sera son poids? Qui va y adhérer? Combien va coûter la rétroactivité? Il est impossible aujourd'hui de répondre à ces questions. Nous sommes en pleine transition", explique Jérôme Massart. Au-delà du salaire, il y a le sens du travail. "Travailler à l'hôpital est plus difficile qu'hier", admet le directeur. "Mais quand je vois comment les soignants parlent de leur métier, on ne peut que constater que la passion les anime toujours. Les soignants restent mobilisés, engagés, même si c'est difficile. Notre travail est d'améliorer les conditions de travail. Il faut pousser les choses plus loin et faire croire les employés en le projet de l'hôpital.""Le modèle de management que l'on essaye d'implémenter, avoir notre porte ouverte au terrain, sentir le mouvement de l'hôpital...tout cela contribue à garder le personnel en place. Pourquoi aller voir ailleurs? Une partie des difficultés seront les mêmes, mais ici, la direction est accessible", conclut Jérôme Massart.