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Le JM Hospitals: Vous teniez, avec cet anniversaire, à affirmer les atouts de votre hôpital. Quels sont-ils? Alexandre Hebert: C'est un hôpital aigu de proximité. On dénombre quatre pôles d'excellence. Première pôle: la revalidation. Nous disposons d'un pôle complet et sommes les seuls dans le Réseau hospitalier namurois (RHN) à avoir des lits d'hospitalisation classique Sp cardio-pulmonaire. Deuxième pôle: la santé mentale. Nous développons notamment l'hospitalisation de jour psychiatrique, des ateliers thérapeutiques extra-muros et des habitations protégées. Troisième pôle: les soins palliatifs, qui sont un secteur important pour nous. La responsable est aussi médecin généraliste, ce qui permet de faire le lien avec la première ligne. Quatrième pôle enfin, la gériatrie, un service en pleine expansion étant donné l'augmentation des besoins de la population à l'instar de la santé mentale par ailleurs. Au sein du groupement, nous développons des synergies médicales transversales avec le CHRSM - site Meuse. Service par service, nous essayons, avec mon homologue le Dr Marc Vranckx, de créer des trajets de soins intégrés, de nommer des coordinateurs médicaux transversaux pour créer du liant entre les deux sites du groupement. On s'intègre donc, in fine, avec la première ligne et la médecine générale, avec le groupement et avec le réseau, même si ce dernier est moins avancé. Vous êtes tous les deux jeunes dans votre fonction. Quelles sont vos aspirations? Jérôme Massart: Notre travail est d'équilibrer l'offre de soins entre proximité, traitement aigu et nos pôles d'excellence. Je suis convaincu que cet hôpital a un avenir et que nous arrivons à un vrai virage de la vie de l'hôpital. Nous formons un vrai duo avec Alexandre Hebert. Nous sommes arrivés presque en même temps dans nos fonctions respectives, nous avons quasi le même âge, et nous construisons ensemble. Nous avons la même vision de l'hôpital, et c'est très motivant. Alexandre Hebert: Cette opportunité de devenir directeur médical, je l'ai lue dans le journal du Médecin. Clin d'oeil à part, j'y ai vu l'opportunité de grandir et d'élargir mes horizons. J'ai démarré à ce poste en novembre 2021. C'est un beau challenge, avec de nombreux défis à relever. Il y a un mouvement en marche et nous avons la liberté, grâce à notre directeur général Stéphane Rillaerts, de réaliser de beaux projets. Notre approche est de mener ces projets en concertation, en co-construction. Est-ce un hasard si vos homologues du CHRSM - site Meuse ont également le même profil que vous, soit une infirmière de formation (Nathalie Debacker) qui dirige le site et un urgentiste (Dr Marc Vranckx) comme directeur médical? Jérôme Massart: Je pense qu'il n'y a pas énormément d'hôpitaux où la direction du site est confiée à un infirmier. C'est un beau signal vers cette profession. Mais effectivement, c'est le même schéma. Et cela joue sur la connivence entre les deux sites, indéniablement. Alexandre Hebert: C'est un hasard, mais il y a tout de même de nombreux profils à la direction des hôpitaux qui sont originaires des urgences. Comment se passe la collaboration au sein du groupement, justement? Alexandre Hebert: Elle se passe bien. Le Comité de direction se réunit tous les 15 jours et nous avons beaucoup de projets médicaux à l'échelle du groupement. Il y a souvent un quatuor qui se charge de certains dossiers, voire un sextuor car nous incluons également les responsables des deux départements infirmiers. Jérôme Massart: L'exemple doit venir de nous. Nous sortons de nombreuses années pendant lesquelles les la concrétisation de ce rapprochement était difficile. Mais l'arrivée d'un nouveau directeur général en mars 2020, Stéphane Rillaerts, a changé la donne. Il a pris le dossier en main avec un plan stratégique, le comité de direction s'est fortement renouvelé avec de nouvelles personnes et une intégration plus forte des directions transversales aux deux sites. Si l'on veut que les équipes lèvent leurs craintes, cela passe d'abord et avant tout par la direction qui doit montrer que l'union fait sens. Alexandre Hebert: L'objectif est désormais de mettre les médecins ensemble. C'est une gestion de changement, certes, mais les craintes sont peu à peu levées. L'ouverture à l'autre, c'est inévitablement renoncer un peu à ses habitudes et à son pré carré initial. C'est pour ça que l'on réalise une approche secteur par secteur, que l'on capitalise sur les réussites pour que la dynamique s'enclenche et que les dominos tombent dans le bon sens. Jérôme Massart: Il faut aussi rassurer: chaque site garde son identité. Nous avons une gouvernance commune, des projets communs, une identité commune au sein du CHRSM. Mais nous gardons également des éléments propres à l'identité et à la culture de chaque site, par exemple cet esprit familial et de proximité sur le site Sambre. Notre rôle est de présenter le groupement comme une opportunité pour les deux sites. Il y a quelque chose qui tout d'un coup traverse tous les étages de la structure. On a un alignement de planètes sur lequel on essaye de capitaliser le plus possible pour initier un mouvement positif. La santé du CHRSM est bonne malgré les crises. Comment voyez-vous l'avenir avec la succession de crises? Jérôme Massart: Notre plan d'infrastructure est subsidié par le plan de construction wallon. C'est donc un plan qui continue. Les coûts de l'énergie sont inquiétants. Cette augmentation risque de ne pas être tenable dans les prochains mois. On s'attend, en 2023 à voir les coûts tripler par rapport à nos coûts actuels. Cette augmentation représente plusieurs millions d'euros et il sera difficile de tenir nos comptes à l'équilibre. D'autant plus que cela ne comprend pas la hausse des coûts salariaux, des denrées alimentaires et des matériaux. Les indexations salariales ne sont compensées que plus tard par le BMF. Et nous ne pouvons pas répercuter cette hausse sur le patient. Nous sommes donc sans marge de manoeuvre. Alexandre Hebert: Le ministre Vandenbroucke a mis 80 millions d'euros sur la table, mais ce ne sera pas assez. Aucun hôpital n'aura les marges nécessaires pour absorber la hausse des coûts. Trouver des solutions ne se fera pas au détriment du confort du patient, ni au détriment des investissements en cours. Il faudra déployer, augmenter l'activité. On prend un risque mesuré pour faire croître l'activité et on table sur l'accroissement de l'activité pour améliorer la situation financière. Un rééquilibre des comptes passe par de l'investissement, de l'augmentation de l'activité orientés avec des approches nouvelles, technologiques, dont l'IA au service des soins de santé, une offre de soins la plus lisible possible. Cela nécessite des investissements, mais les besoins en santé ne font que grandir.