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C'est ainsi que le Conseil fédéral des établissements hospitaliers conseille de compenser les coûts supplémentaires de la pandémie. L'impact financier est en effet énorme, indique Frederik Coussée, directeur financier de l'AZ Maria Middelares à Gand. Pour commencer, les recettes ont fortement chuté. " Les autorités ont interdit de réaliser les soins non urgents, les interventions électives, etc. De ce fait, les activités ordinaires ont fortement reculé pendant le confinement. Une enquête de la coupole des hôpitaux flamands Zorgnet-Icuro montre que les consultations et les soins ambulatoires ont diminué de deux tiers, le nombre d'admissions de 40%, l'occupation de l'hôpital de jour de 50 à 60%, les interventions chirurgicales de 75%, ... "Entretemps, les restrictions, la distanciation physique, l'interdiction des visites, etc. a conduit à des parkings vides et à la fermeture des cafétarias. Les recettes 'diverses' ont donc aussi reculé de manière spectaculaire. Coûts supplémentairesEn même temps, les hôpitaux ont organisé des unités Covid et ont divisé les flux de patients en Covid et non Covid. Tout cela a exigé des investissements en infrastructure, en personnel, en EPI, etc. pour compenser ces coûts, le CFEH planche maintenant sur un avis. " Chaque hôpital devait se préparer à accueillir des patients Covid. Peu importe le nombre, le CFEH recommande que les hôpitaux puissent facturer un montant en fonction de la grandeur d'échelle et de rémunérer l'activité par un forfait par patient Covid traité. "Déjà pendant la crise, la nomenclature a été adaptée. Pas mal de médecins d'autres services sont en effet venus prêter main forte aux urgences, aux soins intensifs et dans les unités Covid. " L'Inami a ouvert le champ d'application dans la nomenclature aux non-titulaires et a même introduit une nouvelle nomenclature. Ainsi, un gastroentérologue peut facturer un honoraire de surveillance supplémentaire dans un service Covid s'il assiste un pneumologue dans son travail. Cette facturation se fait via le circuit de facturation ", commente Frederik Coussée. AvancesDébut le 6 juin, le gouvernement a décidé de dégager un milliard supplémentaire pour les hôpitaux - dont 500 millions pour les hôpitaux psychiatriques. Il leur avait déjà octroyé une première avance d'un milliard accompagnée d'une circulaire avec des instructions sur la façon de partager ce montant. L'argent est de toute façon le bienvenu. Il manque toutefois toujours de la clarté par rapport au statut de ce milliard. " Il s'agit d'une avance provisoire. La question est de savoir si nous ne pouvons pas le considérer comme de l'acquis, comme une compensation pour des recettes perdues et des surcoûts. " Un point problématique est aussi la question de savoir comment le Conseil médical va s'y prendre avec la partie du milliard destinée au corps médical. " Sera-t-elle utilisée pour donner un peu de revenu garanti aux médecins qui étaient en chômage technique pendant la crise ? Et pour quelle période alors ? Et qu'adviendra-t-il s'ils se rattrapent et que leur activité annuelle - et leurs revenus - sont finalement comparables à ceux d'une année moyenne ? Il s'agit d'une matière complexe. Le SPF est en train d'analyser les résultats d'une enquête sur les surcoûts. Il faut maintenant attendre les résultats ", indique Frederik Coussée. Selon le directeur financier de l'AZ Middelares, la question cruciale est maintenant de savoir dans quelle mesure la pandémie aura un impact durable sur les activités hospitalières ordinaires. " En guise de préparation à une éventuelle deuxième vague, les autorités nous demandent de pouvoir augmenter à court terme notre nombre de lits USI et ordinaires. C'est la 'nouvelle normalité'. Est-ce possible tout en ayant le plus possible d'activité ordinaire (l'ancienne normalité') ? Au fur et à mesure que nous y parvenons, les recettes et flux financiers 'normaux' reviennent. Pourra-t-on rattraper le retard ou perdrons-nous définitivement une partie des activités ? Peut-être bien. Certaines plaintes disparaissent, des patients décèdent, ... Mais chiffrer cette perte est mission impossible. "Frederik Coussée est toutefois relativement optimiste : " La pandémie ne fait pas diminuer la demande de soins hospitaliers ou de soins de santé. Elle a peut-être un impact sur le nombre de vacances en avion ou sur le télétravail. Mais il n'y a pas de raison de penser qu'il se produise un shift dans les pathologies à plus long terme ou que la fréquence de certaines pathologies diminue. "Il pense que c'est dans l'intérêt du patient, du médecin et de l'hôpital que tout rentre dans l'ordre le plus rapidement possible. " Voir le même nombre de patients en consultation demande toutefois une autre planification. Des salles d'attente pleines sont exclues. Il faut une délimitation. Il vaut mieux vaut aussi éliminer les files d'attente. Eventuellement en commençant les consultations plus tôt et en travaillant un peu plus longtemps. " Il est incontestable que 2020 sera une mauvaise année sur le plan financier. " À quel point ? Les hôpitaux ont en partie la main ", relève Coussée qui prend avec des pincettes les messages évoquant des déficits de 5 à 7 milliards. " Il ressort de l'étude Maha que les cent hôpitaux généraux en Belgique génèrent ensemble 16 milliards de chiffre d'affaire et un bénéfice de 70 millions. Pour arriver alors à 5 à 7 milliards sur 16 milliards... "Le CHU Saint-Pierre dit avoir un trou de 60 millions. Si l'on extrapole ce montant, on arrive en effet à une perte globale de 6 milliards. " Selon moi, ce montant est gigantesque. En comparaison, Maria Middelares n'a jamais été dans une zone de danger, mais en 2020, il se peut que nous soyons dans le rouge. Ce n'est pas gai, mais tout le monde comprendra que c'était une situation exceptionnelle. Et nous disposons de tampons financiers. L'avenir de l'hôpital n'est pas en péril. Certains hôpitaux étaient déjà en grandes difficultés. Pour eux, il existe alors un problème existentiel. La cause est-elle à chercher dans le Covid ? Ou y a-t-il des raisons historiques ? En tout cas, il est très invraisemblable et pour l'instant politiquement inimaginable que des hôpitaux fassent faillite. " Beaucoup d'encre a déjà coulé sur la question de savoir si les hôpitaux pourraient être, avec un tout autre financement, moins dépendants des rétrocessions des médecins (lire en page 12). Le Gantois fait référence aux réformes déjà menées, dont les paiements forfaitaires dans les soins à basse variabilité. " Cela ne concerne que les honoraires. Les frais de la pharmacie ou des unités de soins ne s'y retrouvent par exemple pas. Dès que ce sera le cas, nous serons à nouveau obligés d'organiser certains processus et certaines activités plus intelligemment. Les réseaux hospitaliers pourraient aussi être un levier pour harmoniser certaines réglementations au niveau des réseaux hospitaliers. "" Commencer à écrire une nouvelle histoire d'une page blanche, c'est beau. Mais cela ne tient pas compte des réglementations financières existantes. Et il y a tout un historique là-dedans." Il estime donc qu'un 'big bang' ne serait pas réaliste "Il n'y a que pendant une pandémie que l'on accepte des mesures draconiennes sans broncher. Si les autorités continuent dans le style des circulaires qui ont été envoyées pendant la pandémie en imposant de nouvelles règles du jeu et de nouveaux équilibres, le Conseil d'Etat va avoir beaucoup de travail... " Toutefois, Frederik Coussée pense qu'il est possible d'arriver à un 'résultat équilibré' si les autorités vont dans une certaine direction et que le terrain peut par ailleurs arriver à des accords en faisant preuve de créativité.