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C'est ce que concluent des chercheurs européens, dont le professeur de médecine du travail Lode Godderis (KU Leuven), sur la base d'une analyse documentaire récemment publiée dans le cadre du projet METEOR financé par l'UE. Il s'agit d'une collaboration entre notre pays, les Pays-Bas, l'Italie et la Pologne dont l'objectif est, entre autres, de comprendre les raisons pour lesquelles les médecins et les infirmières quittent leur emploi. C'est nécessaire: dans le monde entier, la pénurie de prestataires de soins de santé s'aggrave. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'il manquera près de 14 millions de professionnels de la santé (infirmières, médecins, sages-femmes) dans le monde d'ici à 2030. "Traditionnellement, les initiatives visant à remédier à ces pénuries se sont principalement concentrées sur la motivation des personnes à choisir une formation en soins de santé ou à choisir un établissement de soins de santé particulier. Ces dernières années, cependant, une attention croissante a été accordée à la manière dont nous pouvons nous assurer que les soignants déjà actifs restent dans le secteur des soins", déclare Lode Godderis. "Les initiatives visant à maintenir les personnes dans le secteur des soins doivent tenir compte de plusieurs facteurs", poursuit le professeur de médecine du travail. "Les travailleurs du secteur des soins restent pour différentes raisons, et ce n'est certainement pas seulement une question de salaire."Une analyse documentaire de 37 articles européens et de 308 articles extracommunautaires, à laquelle le Pr Godderis a contribué, classe les facteurs déterminants de la décision de quitter ou non le secteur des soins en six catégories: caractéristiques personnelles, exigences du poste, avantages professionnels, conditions de travail, relations de travail et culture organisationnelle. Il apparaît notamment que le degré d'autonomie d'un médecin ou d'une infirmière réduit la probabilité de quitter son emploi. Plus l'ancienneté est grande, plus la personne est âgée, et le fait d'avoir beaucoup d'expérience réduit également la probabilité de quitter les soins. Le travail à temps partiel est un facteur d'attraction pour les médecins et les infirmières, tandis que le travail à temps plein est un facteur de répulsion. Si les médecins et les infirmières ont des possibilités d'évolution de carrière, ils sont moins susceptibles de partir. En outre, le leadership a un effet positif sur l'intention de rester, tout comme les relations sociales et le soutien dont bénéficient les médecins et les infirmières au sein de l'organisation. "Avec les décideurs politiques, nous examinons dans le cadre du projet METEOR les initiatives politiques qui existent déjà aujourd'hui en ce qui concerne les différents déterminants, et si elles sont conformes à ce que nous avons identifié dans notre recherche", explique le Pr Godderis. "En Belgique, par exemple, l'accent a été mis jusqu'à présent sur la charge de travail, en pensant à ce que l'on appelle le "droit à la déconnexion.""En ce qui concerne la politique, nous nous pencherons également sur les facteurs déterminants pour lesquels il n'existe pas encore de mesures. S'attaquer à la surcharge administrative, par exemple, améliorerait certainement la satisfaction professionnelle des médecins et des infirmières et leur donnerait le sentiment qu'ils peuvent mieux faire leur travail."