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La chronique démarre par une biographie expresse très centrée sur la famille, d'une importance capitale pour cette gestionnaire hospitalière: "Mère, femme, fille, belle-fille, amie. Je dirige la Clinique Saint-Jean à Bruxelles, engagée de tout mon coeur dans les soins et vers les personnes. Ma vie et mon travail. Je suis née le 28 mai 1973 à Gand dans une famille chaleureuse de quatre enfants. Pour moi, s'engager au service de la société, prendre et partager mes responsabilités, allaient de soi. Cela forme le socle de ce que je suis devenue et où je me trouve actuellement. J'habite à Schaerbeek avec Bernard, mon mari, et notre famille recomposée. Mon mari a deux enfants déjà adultes, Nicolas (29 ans) et Marie (27 ans). Ils ont trouvé leur voie professionnelle dans le domaine médical et des soins. Bernard et moi avons trois enfants: Arthur (13 ans), Emile (11 ans) et Emma (9 ans). Tous les trois sont totalement différents et ont déjà bien leur propre personnalité."Autre signe de son attachement à sa famille, Vic De Corte a carrément confié ses enfants à une famille d'accueil pour éviter tout risque de contamination. Elle entre ensuite dans le vif du sujet, soulignant sa surprise après le congé de Carnaval de voir déferler la terrible première vague. "Et en toute confiance, j'ose le dire: nous nous sommes bien préparés. Des tentes pour le tri et des unités de soins supplémentaires ont été préparées et sont prêtes. Des services ont été dédoublés pour les patients Covid-19 positifs et pour ceux qui sont négatifs: les urgences, le quartier opératoire, la dialyse, etc. Les équipes ont été réorganisées parce que, même si notre propre personnel peut tomber malade, nous devons être en mesure de fournir des soins optimaux. Nous établissons des listes de tâches et des listes de personnes: qui peut prendre en charge quoi, qui s'implique dans quel domaine. Et à ce moment, on remarque une fois de plus que, dans un hôpital, tous les métiers sont vitaux."La crise a développé au sein de l'hôpital de nouvelles solidarités entre les membres du personnel mais aussi avec l'ensemble des volontaires qui se sont présentés pour aider. D'emblée, pourtant, c'est la recherche d'équipements vitaux qui est au centre des préoccupations. "Les tabliers, les masques, le gel désinfectant, les pièces de respirateur sont rares. Des bénévoles cousent des masques buccaux, des entreprises réajustent leur production, des écoles viennent à la rescousse, l'impression 3D est testée, de nouveaux partenariats émergent..." L'équipement de protection maison rassure au fur et à mesure que le stock fond... Il faut rédiger les protocoles d'utilisation, une fois le matériel utilisable, les modes d'emploi... De nombreux médecins se retrouvent sans travail et sans revenus en raison de l'arrêt subi des soins non-urgents. Des aides publiques sont promises déjà à l'époque. Elles se concrétiseront plusieurs mois plus tard. La crise est là: "De plus en plus de gens se sont présentés à notre hôpital et de plus en plus de collaborateurs et de médecins sont tombés malades."L'hôpital réagit rapidement: "Nous avons divisé notre hôpital en zones virtuelles et visuelles dans un schéma clair. Chaque zone a ses propres directives de protection qui s'appliquent à toutes celles et tous ceux qui y travaillent. Pour l'infirmière et la technicienne de surface, pour le médecin et le technicien. Quelle que soit leur tâche dans le cadre des soins, leur protection doit être optimale. Nous avons toujours veillé à cela."Un "exit plan" en quatre étapes est élaboré pour que le personnel puisse récupérer en temps utile, les rendez-vous annulés seront reprogrammés et il est question de conserver les gestes barrière après la pandémie. L'hôpital Saint-Jean étant au coeur des quartiers immigrés du centre-ville de Bruxelles, c'est aussi une Tour de Babel linguistique. La communication en est rendue plus complexe: l'hôpital approfondit le visuel universel dans les espaces hospitaliers. "Tout le monde fait partie d'une seule grande famille hospitalière. Nos collaborateurs deviennent ainsi les meilleurs ambassadeurs de la Clinique Saint-Jean."La Clinique s'investit déjà dans le suivi: " Nous sommes le premier hôpital belge à utiliser une application pour surveiller les patients Covid-19 après leur sortie de l'hôpital élaborée en collaboration avec une start-up bruxelloise, MoveUp."Encore mieux que le gouvernement provisoire, Saint-Jean s'est doté d'une cellule de crise: "Elle se réunit quotidiennement le matin. Un comité de pilotage ratifie les mesures, un staff médical discute chaque jour des patients Covid-19."L'hôpital organise des rencontres de haut niveau avec des participants comme Geert Noels (Econopolis), Marc Noppen (UZ Brussel), Peter De Keyzer (Growth Inc) et l'écrivain Yasmine Naciri. La clinique participe aussi à une étude internationale sur l'impact de la santé mentale post-Covid. Pour l'avenir, l'hôpital approfondira le concept de Connecting Leadership. "Cette crise prouve qu'en tant qu'équipes, nous pouvons déplacer des montagnes et que chaque individu porte en lui une force incroyable."Face à la litanie de dysfonctionnement, ce témoignage nous offre une leçon de vie...