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L'honneur de guider les visiteurs vers l'accueil revient à Luk Van Soom, dont l'oeuvre à la limite entre imagination et réalité est à la fois très accessible et pleine de fantaisie. La fantaisie est, plus largement, le fil rouge des oeuvres présentées à l'AZ Damiaan par les quatre artistes sélectionnés. La composition de cinq arbres sculptés qui mène à l'entrée porte le nom un peu énigmatique de Walking to Magdalena - une référence, explique leur créateur, au jardin où le Christ a rencontré Marie-Madeleine après sa résurrection. Jésus était-il vraiment physiquement présent, où n'était-il plus qu'un être de lumière? Le titre de la sculpture figurative sur le parvis de l'hôpital (également signée Luk Van Soom) est tout aussi mystérieux. Baptisée Entre veille et sommeil (NDLR), l'oeuvre représente un homme aux yeux masqués et aux bras tendus entre deux sphères. Une référence au combat entre rêve et réalité, entre vie et mort? La Madonne des brumes du même artiste, installée dans le petit parc devant l'établissement, est littéralement nimbée de brouillard avec sa longue robe qui semble ondoyer autour de son corps et se poursuit dans la flamme de sa chevelure dressée vers le ciel. Lorsque l'on emprunte la porte tambour qui donne accès à l'hôpital, on tombe immédiatement sur la sculpture La poule et l'oeuf de Kamagurka, qui évoque le questionnement philosophique sur l'origine de la vie tout en invitant l'observateur à pénétrer dans l'univers absurde de l'artiste. Pour l'AZ Damiaan, cet Ostendais de souche (de son vrai nom Luc Zeebroek) a sélectionné exclusivement des oeuvres de sa série Statues en oeuf sur le plat 1, où l'oeuf, le germe de la vie, représente pour Kamagurka un symbole d'espoir assorti d'une bonne dose de légèreté. Des titres comme Le cholestéréléphant, Cheval sur le plat, OEuf sur le plat vertical et Homme miroir ne peuvent que faire sourire, et quoi de mieux pour apporter un peu de réconfort aux visiteurs d'un hôpital? Nick Ervinck, dont on peut voir les sculptures d'un jaune caractéristique en plein air à Ostende, Westende et Middelkerke, est également présent à l'AZ Damiaan avec une structure multifonctionnelle qui est à la fois un point d'arrêt et un banc. Des formes sculpturales s'échappent de l'ensemble comme autant de fleurs irréelles, symboles de vie et de mutation. On pourrait dire la même chose de l'oeuvre de Johan Tahon, La chambre de quartz, qui trône dans l'espace silence où les patients et visiteurs peuvent venir se recueillir un instant, quelle que soit leur croyance ou leur philosophie de vie. Deux parois formant un angle ont été habillées de carreaux de céramique blancs sertis de quartz qui rappellent les palais ottomans d'Istanbul, où l'artiste a un atelier. Deux figures en léger relief émergent du mur tels Adam et Ève, le couple primordial qui a donné naissance à l'humanité. Le nouvel hôpital ayant été construit avec le soutien du fonds d'infrastructure flamand pour les matières personnalisables, une partie de son budget devait être consacré à des oeuvres d'art intégrées au bâtiment. La commission artistique a voulu faire le choix de l'optimisme, avec des créations qui sautent aux yeux mais qui aident aussi patients et visiteurs à trouver un moment de paix, de réflexion et d'espoir dans cet environnement frénétique. À l'AZ Damiaan, l'art n'est donc pas vécu purement de façon passive: il contribue activement à améliorer la qualité de l'environnement et à favoriser la guérison.