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Les établissements de soins sont, on le sait, de gros consommateurs d'eau, d'énergie, de nourriture et de matières premières... et de par leur mission sociétale (soigner les patients), ils ont tout intérêt à investir dans la durabilité et dans un avenir sain. Les économies ou gains d'efficience sur les postes susmentionnés pourraient, par exemple, être réinvestis dans des soins de meilleure qualité.Qu'il s'agisse de l'attention à la diversité, du stockage de chaleur, de la gestion des résidus de médicaments, du confort thermique ou des conditions de luminosité, des études de cas réalisées en Flandre et aux Pays-Bas (1) révèlent que les fournisseurs de soins sont typiquement confrontés à trois grands obstacles lorsqu'ils veulent investir dans la durabilité. Mais pourquoi ?Un premier problème est de savoir qui est ou devrait être responsable de cet aspect au sein de l'établissement : le coordinateur environnemental, le service de gestion des infrastructures, le conseil d'administration ? Ensuite, il est parfois difficile de susciter une mobilisation suffisante à l'échelon interne, puisque la durabilité est perçue comme un investissement qui n'est pas directement lié aux soins médicaux et ne génère pas non plus de bénéfice financier immédiat. Une troisième difficulté, enfin, est que la durabilité n'est généralement pas pour les patients un argument déterminant dans le choix d'un établissement ou d'un autre.Ces obstacles sont toutefois loin d'être insurmontables, comme en témoigne l'exemple de certains établissements qui sont attentifs depuis si longtemps à la durabilité qu'ils ne pensent même plus à en parler. Pour d'autres, les engagements à grande échelle dans ce domaine sont plus récents. JM-Hospitals a demandé à quelques hôpitaux flamands quelles mesures ils avaient mises en place en vue d'une gestion d'établissement socialement responsable - comprenez, durable.L'UZ Leuven s'est vu décerner il y a deux ans le Gault&Millau Catering Award pour la responsabilité sociale des entreprises en récompense de ses efforts pour proposer une offre alimentaire plus durable. "En sus de privilégier les produits locaux de saison et les légumes frais, nous nous efforçons de travailler en chaîne la plus courte possible. Nous avons également lancé un nouveau projet pour mieux cartographier le gaspillage alimentaire tout au long de la chaîne et limiter les pertes au maximum", explique Herman Devriese, responsable du service prévention et environnement."Nous profitons aussi chaque année de l'initiative " Mai sans plastique " (une action qui appelle à utiliser un mois durant le moins possible de plastique, ndlr) pour réduire les quantités de plastique jetable utilisées dans nos cafétérias ", poursuit Herman Devriese. "Nous avons par exemple remplacé les plastiques jetables à base de matières fossiles par des emballages de service compostables d'origine biologique, qui sont désormais payants afin de promouvoir l'utilisation de couverts et de récipients durables et réutilisables. Notre personnel peut, par exemple, commander des verres à remplir à la cafétéria. ""L'UZ Leuven collecte aussi 50 types de déchets différents, certains sur la base des prescriptions légales qui existent en la matière, d'autres en raison des bénéfices écologiques du tri sélectif", poursuit-il. "Ces dernières années, nous avons ainsi introduit - en collaboration notamment avec la Fondation Roi Baudouin - la collecte d'un certain nombre de flux de déchets assez nouveaux pour le secteur hospitalier, comme les biberons jetables, les lingettes de stérilisation, le marc de café... Des entreprises proposant des solutions sur mesure se chargent du tri de manière à parvenir à un flux suffisamment pur pour servir de matière première à de nouveaux produits."Dans les années à venir, l'AZ Nikolaas aimerait notamment concentrer ses efforts en matière de durabilité sur la problématique de la mobilité, et plus précisément sur la transition de la voiture vers le vélo pour les navettes de ses collaborateurs. "Notre hôpital a signé il y a quelques années une convention avec un fournisseur des environs qui nous permet d'acheter des vélos à des prix fortement réduits", explique Koen Neve, directeur en charge de la gestion des infrastructures. " Les vélos électriques, en particulier, semblent rencontrer un franc succès. Les membres du personnel qui vivent un peu plus loin et qui privilégiaient autrefois la voiture utilisent de plus en plus ce moyen de transport pour venir travailler.""Cette transition va pleinement décoller lorsque nous aurons bouclé les investissements dans nos parkings pour vélos", poursuit Koen Neve. "Le fonds flamand pour la promotion d'une mobilité durable pour les trajets domicile-travail nous a en effet attribué près de 200.000 euros de subsides." L'hôpital compte les utiliser pour construire des structures qui pourront abriter plusieurs centaines de vélos supplémentaires, ainsi que quelques dizaines de points de recharge pour les modèles électriques. À terme, il espère voir environ 500 travailleurs de plus adopter le deux-roues.Le reste des subsides et des investissements de la clinique elle-même serviront à financer des infrastructures telles que des pompes à vélo, des points de réparation, des douches et du matériel de campagne (e.a. casques, lampes, gilets, housses de selle, pantalons imperméables...)."Le nouveau parking pour vélos de notre site de Beveren, en particulier, est utilisé de manière intensive", précise Koen Neve. "Sa spécificité est aussi que son toit est entièrement couvert de panneaux photovoltaïques (qui convertissent la lumière du soleil en électricité, ndlr), donc tout le monde y gagne ! Nous avons aussi prévu sur plusieurs de nos sites des bornes de recharge pour les voitures électriques. "" Lors de la conception du nouvel hôpital, sur le site Kennedylaan, nous avons été attentifs à l'utilisation durable de l'énergie sur différents plans ", explique Thomas Van de Walle, expert en énergie à l'AZ Groeninge de Courtrai. " Au cours de la première phase des travaux, en 2009, nous avions déjà mis en place un système de pré-refroidissement et de pré-chauffage de l'air de ventilation à l'aide de tuyaux souterrains, ainsi que des toitures végétalisées qui font office de tampon pour l'eau de pluie. "Au cours de la seconde phase (clôturée en 2017), l'établissement a été encore plus loin en installant notamment des panneaux solaires d'une puissance totale de 931,5 kWc, qui couvrent environ 5 % de ses besoins annuels en électricité. Il s'est également doté d'un champ de stockage géothermique par puits de forage comportant 237 puits de 60 m de profondeur, combiné à une pompe à chaleur qui contribue à réguler la température du bâtiment. " Ce système utilise le sol comme tampon thermique et permet de réaliser une économie de gaz d'environ 13 % ", poursuit Thomas Van De Walle. " Enfin, l'hôpital a mis en place un système de cogénération, " qui produit simultanément de la chaleur et de l'électricité et couvre environ 25 % de nos besoins en électricité ", précise encore l'expert.Thomas Van De Walle souligne l'importance d'une gestion énergétique active pour optimiser le recours à ces diverses approches alternatives. " Le système classique reposant exclusivement sur des chaudières à gaz, avec un réglage unique, est aujourd'hui dépassé. Ces machines n'interviennent que lors des pics de consommation ou en dépannage. Pour obtenir une réelle économie d'énergie, les alternatives (cogénération et pompes à chaleur) doivent couvrir leur part de la demande énergétique aux moments et régimes de chauffage voulus ; ce n'est ainsi que l'on peut obtenir une économie réelle. "Grâce à cette gestion énergétique active, la consommation effective du nouvel hôpital n'est pas supérieure à la somme de celles de ses anciens sites, en dépit de sa plus grande taille et du confort accru assuré par une ventilation et un refroidissement efficaces, conclut l'expert." Nous continuons aussi à réfléchir à de nouveaux projets d'optimisation ; un nouvel ensemble de panneaux solaires d'environ 420 kWc devrait ainsi être installé dans un avenir proche. Plusieurs initiatives sont également en cours en vue de moduler davantage la ventilation en fonction de la demande et de passer à un éclairage LED lorsque c'est économiquement possible. "