"En tenant ce chapter Health 2.0 à Bruxelles, nous voulons étendre la communauté eSanté créée à Bruxelles il y a quelques années au niveau national pour mieux faire connaître nos startups des professionnels et investisseurs", explique Azèle Mathieu, manager du cluster Lifetech.Brussels et organisatrice de l'événement. "Un écosystème élargi augmente la visibilité des solutions développées par ces entreprises et facilite leur intégration avec les professionnels de la santé."

L'objectif de l'événement est clair : il s'agit de développer une communauté nationale autour des innovations en digital health d'entreprises locales pour leur donner une visibilité à l'international.

L'idée n'est pas nouvelle per se, puisque le concept Health 2.0 existe depuis 2007. Depuis, des centaines d'entreprises ont émergé, près de 100.000 personnes ont assisté aux conférences Health 2.0 et 90 villes organisent aujourd'hui ces conférences en Amérique, en Asie, en Océanie et en Europe.

Le journal du Médecin : Que recouvre cet événement ? Est-ce qu'on peut parler de première ?

Azèle Mathieu : Oui et non. Ce n'est pas une première dans le sens où le but de Health 2.0 Brussels est d'avoir des rencontres de ce type de manière régulière, une initiative qui date d'octobre 2014. On a eu plusieurs rencontres et démonstrations d'entreprises depuis. Par contre c'est une première dans le sens où la conférence était ouverte pour la première fois aux partenaires régionaux pour en faire un événement national.

Le but est que chaque entrepreneur ait l'opportunité de s'exercer, de faire une démonstration de sa solution, mais aussi de rendre visible cette solution à toute personne intéressée. Les utilisateurs potentiels sont donc plus que bienvenus, au même titre que les investisseurs et les partenaires.

L'idée est de créer une communauté. Pour le moment, on compte pas moins de 300 membres inscrits dans cette communauté. Ce qui est remarquable, c'est la croissance que l'on a connu en l'espace de deux ans. L'événement est également une occasion d'étendre cette communauté aux partenaires régionaux : nous avons invité le Wallonia eHealth Living Lab (WeLL) en Région wallonne, Voka Health Community et le Microsoft Innovation Center (MIC) Vlaanderen en Région flamande et le MIC Brussels à Bruxelles. Le Caring Entrepreneurship Fund était le représentant national.

Quel était justement le rôle de ces partenaires ?

Chacun d'entre eux a proposé une entreprise qu'il accompagnait. Le but est toujours le même : faire grandir la communauté pour créer une communauté nationale, ce qui rend encore plus visible ces start-up.

Cela a fonctionné, puisqu'il y a eu plus de monde que d'habitude. On avait 90 inscrits, et 76 personnes ont participé.

Quel est votre sentiment après cet événement ? C'était une réussite ?

Oui. On s'attendait à 40 personnes. Alors 76 personnes sur 90, c'était plus qu'espéré, et le no show était nettement limité. Il y avait un grand intérêt des gens présents. Les entrepreneurs étaient largement satisfaits, ils ont pu nouer des contacts utiles, et les gens présents sont restés longtemps pour le networking qui a suivi, ce qui témoigne des bons contacts qui se sont créés.

Suite à cela, plusieurs sociétés ont manifesté leur intérêt de faire partie de la délégation qui irait à Health 2.0 Europe. C'est le même principe, à plus grande échelle. L'idée est de donner envie à ces start-up de montrer leur savoir-faire non pas à un niveau régional, mais national, voire international, et donc de se faire connaître et de rencontrer des gens qui pourront les aider dans le développement de leurs solutions.

Quelle est l'importance du corps médical dans ce processus ?

On a de plus en plus d'entrepreneurs qui sont issus du milieu médical, et/ou qui comptent dans leur rang un médecin, un comité ou un conseil où le corps médical est représenté. Il y a d'ailleurs une évolution notable au fur et à mesure des années.

Les médias, notamment spécialisés, couvrent de plus en plus ce genre d'événements, qui intéressent davantage le lectorat. Ces solutions sont développées au bénéfice du patient, mais le médecin joue un rôle important, car les applications sont avant tout créées pour améliorer sa pratique. L'utilisateur est majoritairement le médecin, ou le prestataire de soins en général. Ça les concerne directement.

Comment s'est porté le choix des démos ? S'agissait-il de projets finis ?

Nous avons demandé à chaque partenaire d'identifier une application mobile intéressante (ou plutôt une solution, pour reprendre la notion d'intégration dans une solution globale) à l'échelon national. Le seul projet accompagné par Lifetech.Brussels était le projet Polilink, le suivi chirurgical dermatologique.

Au niveau du stade de maturité des entreprises choisies, cela variait. Il y a des solutions plus avancées que d'autres. En tout cas, aucune n'avait encore présenté son produit, et le but était de le faire connaître.

Qu'est-ce que ces entreprises recherchent en participant à ce type d'événement ?

Soit elles recherchent une compétence en particulier, soit elles recherchent à lever des fonds.

Des projets mobiles

Cinq start-ups ont présenté une démonstration de leur projet au cours de la journée :

  • Pridiktiv, une plateforme de collaboration intelligente mobile autour de la santé;
  • Nephroflow, une plateforme intégrée de plusieurs applications qui soutiennent le processus de dialyse ;
  • Burnoutaid, une application visant à soutenir la prise en charge du burnout.
  • 2-observe, un appareil qui observe le patient et qui détecte l'absence de mouvement. En cas de détection, l'appareil envoie une information à un receveur détenu par une infirmière.
  • Polilink, une application visant à aider les patients à prendre en charge leurs propres plaies post-chirurgicales.

Quel est l'état du marché mHealth ?

Lors de cette conférence, Research2Guidance a proposé une étude sur l'état actuel du marché des applications mHealth. Un travail critique pour cerner l'ampleur du phénomène, qui permet de comprendre l'utilisation des applications mobiles.

"C'est bien de stimuler les applications mobiles, mais on n'a pas toujours une bonne notion de l'ampleur du phénomène et surtout, si ces applications mobiles sont fortement utilisées ou non. Le rapport est ici assez critique", note Azèle Mathieu. "Le rapport indique que de le nombre d'applications ne cesse de croître, mais aussi que l'adoption et l'utilisation de ces applications n'est pas nécessairement en hausse, que du contraire."

Ainsi, Research2Guidance note une forte augmentation d'éditeurs d'applications santé mobiles, augmentant de 29% entre 2013 et 2016, une explosion du nombre d'applications (59% en plus sur la même période) tandis que le téléchargement de ces applications n'augmente que de 7%.

Le médecin propagateur

Autre constat : il y a cinq ans, les développeurs d'applications pensaient que les applications se vendraient d'elles-mêmes via l'Appstore. Le bilan est plus mitigé (comme le montre le graphique), et montre que les institutions de soins au sens large sont prépondérantes dans la marché de la santé mobile. "Le prestataire de soins joue un rôle primordial dans la recommandation (ou pas) de ces applications", insiste Azèle Mathieu. "Il faut faire la distinction entre les applications qui font un peu le buzz et qui sont plus liées au bien-être, sans forcément être des applications médicales au sens strict, et les applications plus sérieuses, médicales, où le médecin continue de jouer un rôle prépondérant."

Ces applications ne sont effectivement que des outils, généralement à destination du corps médical bien qu'au bénéfice du patient. "Il est alors normal que ces applications ne se vendent pas d'elles-mêmes et que le patient ne va pas spontanément vers elles. L'intermédiaire, le médecin, continue à jouer un rôle important dans la recommandation ou pas de ces applications. Je pense que si certaines sociétés veulent se lancer dans le développement de nouvelles applications médicales, il faut que celles-ci soient sérieuses, validées cliniquement, et surtout que les praticiens trouve l'application utile et la valide."

L'intégration, primordiale

Pour Azèle Mathieu, si une application mobile veut voir le jour et perdurer, il faut vraiment prendre en compte l'utilisateur dans le développement des solutions. Et cet utilisateur est soit prestataire de soins, soit le patient.

Enfin, il faut également que l'application mobile soit intégrée dans une solution globale. "Juste penser qu'on va pouvoir vendre une solution en stand alone, je ne suis pas sûre que ça marche. Ça doit faire partie d'une solution globale thérapeutique ou préventive. Il faut une plus grande intégration de ces applications mobiles dans une solution globale", conclut Azèle Mathieu.

"En tenant ce chapter Health 2.0 à Bruxelles, nous voulons étendre la communauté eSanté créée à Bruxelles il y a quelques années au niveau national pour mieux faire connaître nos startups des professionnels et investisseurs", explique Azèle Mathieu, manager du cluster Lifetech.Brussels et organisatrice de l'événement. "Un écosystème élargi augmente la visibilité des solutions développées par ces entreprises et facilite leur intégration avec les professionnels de la santé."L'objectif de l'événement est clair : il s'agit de développer une communauté nationale autour des innovations en digital health d'entreprises locales pour leur donner une visibilité à l'international.L'idée n'est pas nouvelle per se, puisque le concept Health 2.0 existe depuis 2007. Depuis, des centaines d'entreprises ont émergé, près de 100.000 personnes ont assisté aux conférences Health 2.0 et 90 villes organisent aujourd'hui ces conférences en Amérique, en Asie, en Océanie et en Europe.Le journal du Médecin : Que recouvre cet événement ? Est-ce qu'on peut parler de première ?Azèle Mathieu : Oui et non. Ce n'est pas une première dans le sens où le but de Health 2.0 Brussels est d'avoir des rencontres de ce type de manière régulière, une initiative qui date d'octobre 2014. On a eu plusieurs rencontres et démonstrations d'entreprises depuis. Par contre c'est une première dans le sens où la conférence était ouverte pour la première fois aux partenaires régionaux pour en faire un événement national. Le but est que chaque entrepreneur ait l'opportunité de s'exercer, de faire une démonstration de sa solution, mais aussi de rendre visible cette solution à toute personne intéressée. Les utilisateurs potentiels sont donc plus que bienvenus, au même titre que les investisseurs et les partenaires. L'idée est de créer une communauté. Pour le moment, on compte pas moins de 300 membres inscrits dans cette communauté. Ce qui est remarquable, c'est la croissance que l'on a connu en l'espace de deux ans. L'événement est également une occasion d'étendre cette communauté aux partenaires régionaux : nous avons invité le Wallonia eHealth Living Lab (WeLL) en Région wallonne, Voka Health Community et le Microsoft Innovation Center (MIC) Vlaanderen en Région flamande et le MIC Brussels à Bruxelles. Le Caring Entrepreneurship Fund était le représentant national.Quel était justement le rôle de ces partenaires ?Chacun d'entre eux a proposé une entreprise qu'il accompagnait. Le but est toujours le même : faire grandir la communauté pour créer une communauté nationale, ce qui rend encore plus visible ces start-up. Cela a fonctionné, puisqu'il y a eu plus de monde que d'habitude. On avait 90 inscrits, et 76 personnes ont participé.Quel est votre sentiment après cet événement ? C'était une réussite ?Oui. On s'attendait à 40 personnes. Alors 76 personnes sur 90, c'était plus qu'espéré, et le no show était nettement limité. Il y avait un grand intérêt des gens présents. Les entrepreneurs étaient largement satisfaits, ils ont pu nouer des contacts utiles, et les gens présents sont restés longtemps pour le networking qui a suivi, ce qui témoigne des bons contacts qui se sont créés. Suite à cela, plusieurs sociétés ont manifesté leur intérêt de faire partie de la délégation qui irait à Health 2.0 Europe. C'est le même principe, à plus grande échelle. L'idée est de donner envie à ces start-up de montrer leur savoir-faire non pas à un niveau régional, mais national, voire international, et donc de se faire connaître et de rencontrer des gens qui pourront les aider dans le développement de leurs solutions.Quelle est l'importance du corps médical dans ce processus ?On a de plus en plus d'entrepreneurs qui sont issus du milieu médical, et/ou qui comptent dans leur rang un médecin, un comité ou un conseil où le corps médical est représenté. Il y a d'ailleurs une évolution notable au fur et à mesure des années.Les médias, notamment spécialisés, couvrent de plus en plus ce genre d'événements, qui intéressent davantage le lectorat. Ces solutions sont développées au bénéfice du patient, mais le médecin joue un rôle important, car les applications sont avant tout créées pour améliorer sa pratique. L'utilisateur est majoritairement le médecin, ou le prestataire de soins en général. Ça les concerne directement.Comment s'est porté le choix des démos ? S'agissait-il de projets finis ?Nous avons demandé à chaque partenaire d'identifier une application mobile intéressante (ou plutôt une solution, pour reprendre la notion d'intégration dans une solution globale) à l'échelon national. Le seul projet accompagné par Lifetech.Brussels était le projet Polilink, le suivi chirurgical dermatologique. Au niveau du stade de maturité des entreprises choisies, cela variait. Il y a des solutions plus avancées que d'autres. En tout cas, aucune n'avait encore présenté son produit, et le but était de le faire connaître.Qu'est-ce que ces entreprises recherchent en participant à ce type d'événement ?Soit elles recherchent une compétence en particulier, soit elles recherchent à lever des fonds. Lors de cette conférence, Research2Guidance a proposé une étude sur l'état actuel du marché des applications mHealth. Un travail critique pour cerner l'ampleur du phénomène, qui permet de comprendre l'utilisation des applications mobiles. "C'est bien de stimuler les applications mobiles, mais on n'a pas toujours une bonne notion de l'ampleur du phénomène et surtout, si ces applications mobiles sont fortement utilisées ou non. Le rapport est ici assez critique", note Azèle Mathieu. "Le rapport indique que de le nombre d'applications ne cesse de croître, mais aussi que l'adoption et l'utilisation de ces applications n'est pas nécessairement en hausse, que du contraire." Ainsi, Research2Guidance note une forte augmentation d'éditeurs d'applications santé mobiles, augmentant de 29% entre 2013 et 2016, une explosion du nombre d'applications (59% en plus sur la même période) tandis que le téléchargement de ces applications n'augmente que de 7%. Le médecin propagateurAutre constat : il y a cinq ans, les développeurs d'applications pensaient que les applications se vendraient d'elles-mêmes via l'Appstore. Le bilan est plus mitigé (comme le montre le graphique), et montre que les institutions de soins au sens large sont prépondérantes dans la marché de la santé mobile. "Le prestataire de soins joue un rôle primordial dans la recommandation (ou pas) de ces applications", insiste Azèle Mathieu. "Il faut faire la distinction entre les applications qui font un peu le buzz et qui sont plus liées au bien-être, sans forcément être des applications médicales au sens strict, et les applications plus sérieuses, médicales, où le médecin continue de jouer un rôle prépondérant." Ces applications ne sont effectivement que des outils, généralement à destination du corps médical bien qu'au bénéfice du patient. "Il est alors normal que ces applications ne se vendent pas d'elles-mêmes et que le patient ne va pas spontanément vers elles. L'intermédiaire, le médecin, continue à jouer un rôle important dans la recommandation ou pas de ces applications. Je pense que si certaines sociétés veulent se lancer dans le développement de nouvelles applications médicales, il faut que celles-ci soient sérieuses, validées cliniquement, et surtout que les praticiens trouve l'application utile et la valide."L'intégration, primordialePour Azèle Mathieu, si une application mobile veut voir le jour et perdurer, il faut vraiment prendre en compte l'utilisateur dans le développement des solutions. Et cet utilisateur est soit prestataire de soins, soit le patient. Enfin, il faut également que l'application mobile soit intégrée dans une solution globale. "Juste penser qu'on va pouvoir vendre une solution en stand alone, je ne suis pas sûre que ça marche. Ça doit faire partie d'une solution globale thérapeutique ou préventive. Il faut une plus grande intégration de ces applications mobiles dans une solution globale", conclut Azèle Mathieu.