Première franco-belge revendiquée: le Centre hospitalier de Wallonie picarde (Chwapi) a investi dans un exoscope, un microscope d'un genre très particulier qui permet au chirurgien, assis dans un fauteuil, de suivre ses gestes sur une télé 4K et 3D et d'en faire profiter toute l'équipe. Nous sommes allés découvrir cette merveille à Tournai sur le site Union de l'hôpital(1).
Orbeye (joli nom pour un appareil qui coûterait aux environs de 500.000 euros) est un modèle microscope sans oculaire développé par Sony (spécialiste des télé et de cinéma) et Olympus qui permet une vision en 3D (avec lunettes ad hoc) et résolution ultra-haute (4K - comme les smartTV modernes) de la zone opérée. Technologie unique en Europe pour laquelle l'hôpital du Tournaisis revendique l'avant-première franco-belge sur son bassin de soin d'environ 300.000 patients.
Gain de temps dans l'intérêt du patient
Le Dr Michel Triffaux, médecin-chef de service de Neurochirurgie, explique: "C'est lors d'une visite à Hambourg, Allemagne, ville pionnière en la matière en février 2019, que nous nous sommes convaincus de la nécessité de nous doter de cette technologie. Doté d'un bras motorisé, d'une caméra orbitale et d'un équipement informatique up to date, l'exoscope, contrairement au microscope traditionnel où le chirurgien a les yeux scotchés dans les oculaires, permet une meilleure visualisation, une profondeur de champ supérieure et une maniabilité en adéquation avec notre réalité opératoire. Il apporte également un confort au chirurgien - notamment au niveau des bras - que ne peut offrir le microscope. Nous gagnons du temps dans les manipulations et le temps d'intervention diminue en proportion pour le bien du patient."
Orbeye est très facile d'utilisation, et jouit, avec ses roulettes, d'une grande manoeuvrabilité et d'une ergonomie inégalée. Il est peu encombrant, poursuit le chirurgien et fait profiter toute l'équipe médico-infirmière des avancées de l'intervention chirurgicale. "Le champ opératoire est augmenté, les angles morts sont diminués. L'opérateur garde la tête "haute" de même que l'assistant. Les changements à 180° que nécessite le microscope traditionnel font partie du passé."
En effet, seule la caméra change de position, mais pas l'opérateur ni l'assistant. Ici, la manipulation se fait à une main et les commandes sont réduites.
Stéphanie Fourez, infirmière instrumentiste confirme que, pour l'équipe également, les progrès sont manifestes: "En plus d'un déplacement léger, d'une mise en place rapide, de l'absence de balance, le drapage et la housse stériles pour une seule infirmière sont facilités par l'absence d'oculaires. Il est inutile de se contorsionner pour voir la progression du chirurgien. On peut nous aussi garder la tête "haute" et l'espace entre l'optique et le champ opératoire est plus grand et moins encombré. Ayant la même vision que l'opérateur (ndlr: sur l'écran de télévision), je peux suivre étape par étape l'intervention et anticiper les gestes. Cela favorise l'esprit d'équipe et diminue en conséquence le stress."
À entendre le Dr Triantafyllos Bouras, l'appareil n'aurait que des avantages dans la chirurgie du rachis: trauma musculaire minimal, diminution des complications, récupération plus rapide du patient et hospitalisation courte "24 h chrono" voire possibilité d'être opéré en hôpital de jour. "15 jours après l'opération, le patient peut retourner au travail." Et de conclure: "C'est plus qu'une version moderne du microscope. C'est une fonction complémentaire de celui-ci grâce à un confort et une précision renforcée."
Généralisation à d'autres types de chirurgie
L'appareil est susceptible de se généraliser dans pas mal d'autres types de chirurgie. En attendant, le Dr Sarah Lonneville, neurochirurgienne, en explique les avantages dans la chirurgie intra-crânienne. "En matière de tumeur, avec le microscope, j'ai les bras tendus en permanence pendant des heures, je subis des tensions dans les mains. Je ne quitte pas des yeux mes oculaires. Les instruments sont plus longs et moins précis. L'habillage stérile du microscope est fastidieux. Avec l'Orbeye, j'évite certains points d'appui sur les structures nerveuses. La ventilation pulmonaire pendant l'anesthésie est meilleure ainsi que le retour veineux... il y a moins de saignements. L'appareil semble faciliter l'accès à des zones profondes."
Enfin, l'apprentissage de la technique tant pour les jeunes chirurgiens que les plus expérimentés est rapide et facile. L'Orbeye est donc une technique à adopter même si elle est complémentaire au microscope et que ce dernier ne disparaîtra pas à court terme, me confie un membre de l'équipe médicale.
1. Démonstration avec un oignon rouge et un artefact (voir photo).
Orbeye (joli nom pour un appareil qui coûterait aux environs de 500.000 euros) est un modèle microscope sans oculaire développé par Sony (spécialiste des télé et de cinéma) et Olympus qui permet une vision en 3D (avec lunettes ad hoc) et résolution ultra-haute (4K - comme les smartTV modernes) de la zone opérée. Technologie unique en Europe pour laquelle l'hôpital du Tournaisis revendique l'avant-première franco-belge sur son bassin de soin d'environ 300.000 patients. Le Dr Michel Triffaux, médecin-chef de service de Neurochirurgie, explique: "C'est lors d'une visite à Hambourg, Allemagne, ville pionnière en la matière en février 2019, que nous nous sommes convaincus de la nécessité de nous doter de cette technologie. Doté d'un bras motorisé, d'une caméra orbitale et d'un équipement informatique up to date, l'exoscope, contrairement au microscope traditionnel où le chirurgien a les yeux scotchés dans les oculaires, permet une meilleure visualisation, une profondeur de champ supérieure et une maniabilité en adéquation avec notre réalité opératoire. Il apporte également un confort au chirurgien - notamment au niveau des bras - que ne peut offrir le microscope. Nous gagnons du temps dans les manipulations et le temps d'intervention diminue en proportion pour le bien du patient."Orbeye est très facile d'utilisation, et jouit, avec ses roulettes, d'une grande manoeuvrabilité et d'une ergonomie inégalée. Il est peu encombrant, poursuit le chirurgien et fait profiter toute l'équipe médico-infirmière des avancées de l'intervention chirurgicale. "Le champ opératoire est augmenté, les angles morts sont diminués. L'opérateur garde la tête "haute" de même que l'assistant. Les changements à 180° que nécessite le microscope traditionnel font partie du passé."En effet, seule la caméra change de position, mais pas l'opérateur ni l'assistant. Ici, la manipulation se fait à une main et les commandes sont réduites. Stéphanie Fourez, infirmière instrumentiste confirme que, pour l'équipe également, les progrès sont manifestes: "En plus d'un déplacement léger, d'une mise en place rapide, de l'absence de balance, le drapage et la housse stériles pour une seule infirmière sont facilités par l'absence d'oculaires. Il est inutile de se contorsionner pour voir la progression du chirurgien. On peut nous aussi garder la tête "haute" et l'espace entre l'optique et le champ opératoire est plus grand et moins encombré. Ayant la même vision que l'opérateur (ndlr: sur l'écran de télévision), je peux suivre étape par étape l'intervention et anticiper les gestes. Cela favorise l'esprit d'équipe et diminue en conséquence le stress."À entendre le Dr Triantafyllos Bouras, l'appareil n'aurait que des avantages dans la chirurgie du rachis: trauma musculaire minimal, diminution des complications, récupération plus rapide du patient et hospitalisation courte "24 h chrono" voire possibilité d'être opéré en hôpital de jour. "15 jours après l'opération, le patient peut retourner au travail." Et de conclure: "C'est plus qu'une version moderne du microscope. C'est une fonction complémentaire de celui-ci grâce à un confort et une précision renforcée."L'appareil est susceptible de se généraliser dans pas mal d'autres types de chirurgie. En attendant, le Dr Sarah Lonneville, neurochirurgienne, en explique les avantages dans la chirurgie intra-crânienne. "En matière de tumeur, avec le microscope, j'ai les bras tendus en permanence pendant des heures, je subis des tensions dans les mains. Je ne quitte pas des yeux mes oculaires. Les instruments sont plus longs et moins précis. L'habillage stérile du microscope est fastidieux. Avec l'Orbeye, j'évite certains points d'appui sur les structures nerveuses. La ventilation pulmonaire pendant l'anesthésie est meilleure ainsi que le retour veineux... il y a moins de saignements. L'appareil semble faciliter l'accès à des zones profondes."Enfin, l'apprentissage de la technique tant pour les jeunes chirurgiens que les plus expérimentés est rapide et facile. L'Orbeye est donc une technique à adopter même si elle est complémentaire au microscope et que ce dernier ne disparaîtra pas à court terme, me confie un membre de l'équipe médicale.