"L'échange d'images par CD ou DVD recule de plus en plus", explique le Pr Johan de Mey, lui-même convaincu que la solution d'avenir pour le transfert de ce type de fichiers (principalement des radios, CT-scans, IRM, échographies et angiogrammes) réside dans les réseaux en ligne. "Travailler avec un support matériel comporte en effet une série de risques : il arrive qu'il se perde en cours de route, qu'il y ait des problèmes lors de la gravure, que le destinataire ne parvienne pas à lire les fichiers..." En outre, il n'est pas toujours possible d'envoyer les rapports accompagnant les images directement sur le disque, ce qui force les prestataires à ajouter manuellement ces données médicales complémentaires au dossier... avec tous les risques d'erreurs que cela comporte.

Les radiologues et autres spécialistes s'échangent des clichés médicaux notamment lorsque les patients doivent être référés à un autre établissement - une réalité qui s'inscrit dans le contexte d'une spécialisation de plus en plus marquée du corps médical. D'après une étude néerlandaise récente, la demande du patient de bénéficier d'un second avis est une autre raison majeure de partager des fichiers ; s'y ajoutent, enfin, les échanges dans le cadre de travaux de recherche.

Cette même étude a observé qu'environ 25% des radiologues interrogés et 30% des cardiologues utilisent encore des CD ou DVD pour envoyer des images. À l'UZ Brussel, ce pourcentage est tombé à 2% environ, précise le Pr de Mey. "Nous avons commencé à stocker les premiers clichés radiologiques sous forme numérique dès 1985 et toute l'archive radiologique est informatisée dans la majorité des hôpitaux belges depuis une dizaine d'années. Vers 2010, nous avons également commencé à explorer les possibilités du nuage." Du quoi ?

Un gain de temps et d'argent

"Grâce aux outils numériques, plus besoin d'expédier les images sous forme physique par CD ou DVD", explique Johan de Mey, "puisqu'ils permettent aux patients, généralistes, spécialistes et autres prestataires de les regarder à distance, par exemple depuis leur domicile. Certaines formes de communication numérique reposent sur l'envoi d'une copie des fichiers par ordinateur, d'autres permettent aux médecins de les consulter là où ils se trouvent à l'aide d'une sorte de fenêtre numérique (viewer), d'autres encore les stockent en ligne dans un "nuage", un serveur inconnu de l'utilisateur qui peut être localisé n'importe où dans le monde."

L'échange numérique d'images présente une série d'avantages majeurs, souligne le spécialiste. "Il évite que les fichiers ne se perdent en cours de route et permet aussi de gagner du temps : dans des conditions optimales, l'envoi en ligne ne demande que quelques minutes, alors qu'il faut parfois plusieurs jours pour qu'un support physique parvienne au destinataire."

Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, la concertation multidisciplinaire est une raison majeure d'échanger des clichés médicaux - et c'est plus simple et plus rapide par voie numérique, observe Johan de Mey. En outre, ce système permet de solliciter facilement des acteurs spécialisés dans l'analyse d'images médicales très spécifiques, comme la firme américaine HeartFlow (maladies coronariennes) ou icometrix (SEP) dans notre propre pays. Après avoir examiné les clichés, ils fournissent un rapport dans le nuage dans un délai de 24 heures.

Johan de Mey souligne que l'échange numérique présente également des avantages économiques. "Il permet d'éviter les examens doublons et donc, dans certains cas, de limiter le nombre de jours d'hospitalisation. En plus, on réduit l'exposition du patient aux rayonnements néfastes, puisque les CT-scans, par exemple, ne doivent être réalisés qu'une fois."

Interopérabilité

Un certain nombre de problèmes entravent toutefois encore l'utilisation optimale de l'échange d'images en réseaux. L'un des plus importants est celui de l'interopérabilité - comprenez, la possibilité de relier entre eux les différents systèmes utilisés par les prestataires de soins. "En cas d'urgence, un médecin devrait pouvoir immédiatement visualiser quels examens ont déjà été réalisés - idéalement partout dans le monde, mais c'est évidemment utopique", explique Johan de Mey. "Dans la mesure où chaque système utilise son propre système d'archivage et de transmission d'images (ou PACS, pour Picture Archiving and Communication System), les soignants toutefois n'ont pas la possibilité d'effectuer des recherches dans d'autres archives et doivent basculer vers le système de l'expéditeur."

"Dans un monde idéal, chaque établissement ou dispensateur de soins belge utiliserait les mêmes outils", poursuit le Dr de Mey. "Ce que les autorités pourraient faire, ce serait de centraliser ces bases de données en un système unique dont elles mettraient les liens à disposition... mais ce n'est évidemment pas intéressant d'un point de vue économique pour les fournisseurs. Pourquoi, en effet, payer le prix d'un PACS si les pouvoirs publics vous donnent les liens nécessaires ?"

La vitesse et la stabilité des connexions internet que les hôpitaux utilisent pour l'échange de fichiers image peuvent également être un obstacle, souligne Johan de Mey, sans compter que la montée en puissance de ces échanges numériques s'accompagne d'exigences croissantes en termes d'espace de stockage. "C'est tout l'avantage d'utiliser un service de stockage dans le nuage."

Confidentialité

Le radiologue évoque encore les considérations touchant au respect de la vie privée dans le partage d'images médicales. "Il s'est déjà produit que des images stockées dans le nuage soient déverrouillées, mais bon... autrefois, lorsqu'un dossier restait trainer pendant les gardes, il arrivait aussi que plusieurs prestataires aient l'occasion d'y jeter un coup d'oeil", observe-t-il en haussant les épaules. "La seule différence, c'est qu'il n'était alors question que d'une dizaine de personnes. Aujourd'hui, c'est pour ainsi dire le monde entier qui peut voir ces clichés. Nous devons néanmoins avoir confiance en la sécurité de la procédure. Il va sans dire que la prudence est toujours de mise lorsqu'on communique à un confrère ou une consoeur les codes pour accéder à une image - l'e-mail, par exemple, n'est pas forcément la voie de communication la plus sûre. Mieux vaut aussi ne pas laisser ces codes d'accès à disposition pendant plus de 24 heures."

Dans un contexte de collaboration accrue entre établissements hospitaliers, l'importance d'un système efficace pour l'échange des images médicales ne cesse de grandir, conclut le spécialiste... mais pour s'échanger efficacement ces clichés, il faut aussi bien collaborer !

"L'échange d'images par CD ou DVD recule de plus en plus", explique le Pr Johan de Mey, lui-même convaincu que la solution d'avenir pour le transfert de ce type de fichiers (principalement des radios, CT-scans, IRM, échographies et angiogrammes) réside dans les réseaux en ligne. "Travailler avec un support matériel comporte en effet une série de risques : il arrive qu'il se perde en cours de route, qu'il y ait des problèmes lors de la gravure, que le destinataire ne parvienne pas à lire les fichiers..." En outre, il n'est pas toujours possible d'envoyer les rapports accompagnant les images directement sur le disque, ce qui force les prestataires à ajouter manuellement ces données médicales complémentaires au dossier... avec tous les risques d'erreurs que cela comporte.Les radiologues et autres spécialistes s'échangent des clichés médicaux notamment lorsque les patients doivent être référés à un autre établissement - une réalité qui s'inscrit dans le contexte d'une spécialisation de plus en plus marquée du corps médical. D'après une étude néerlandaise récente, la demande du patient de bénéficier d'un second avis est une autre raison majeure de partager des fichiers ; s'y ajoutent, enfin, les échanges dans le cadre de travaux de recherche.Cette même étude a observé qu'environ 25% des radiologues interrogés et 30% des cardiologues utilisent encore des CD ou DVD pour envoyer des images. À l'UZ Brussel, ce pourcentage est tombé à 2% environ, précise le Pr de Mey. "Nous avons commencé à stocker les premiers clichés radiologiques sous forme numérique dès 1985 et toute l'archive radiologique est informatisée dans la majorité des hôpitaux belges depuis une dizaine d'années. Vers 2010, nous avons également commencé à explorer les possibilités du nuage." Du quoi ?Un gain de temps et d'argent"Grâce aux outils numériques, plus besoin d'expédier les images sous forme physique par CD ou DVD", explique Johan de Mey, "puisqu'ils permettent aux patients, généralistes, spécialistes et autres prestataires de les regarder à distance, par exemple depuis leur domicile. Certaines formes de communication numérique reposent sur l'envoi d'une copie des fichiers par ordinateur, d'autres permettent aux médecins de les consulter là où ils se trouvent à l'aide d'une sorte de fenêtre numérique (viewer), d'autres encore les stockent en ligne dans un "nuage", un serveur inconnu de l'utilisateur qui peut être localisé n'importe où dans le monde."L'échange numérique d'images présente une série d'avantages majeurs, souligne le spécialiste. "Il évite que les fichiers ne se perdent en cours de route et permet aussi de gagner du temps : dans des conditions optimales, l'envoi en ligne ne demande que quelques minutes, alors qu'il faut parfois plusieurs jours pour qu'un support physique parvienne au destinataire."Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, la concertation multidisciplinaire est une raison majeure d'échanger des clichés médicaux - et c'est plus simple et plus rapide par voie numérique, observe Johan de Mey. En outre, ce système permet de solliciter facilement des acteurs spécialisés dans l'analyse d'images médicales très spécifiques, comme la firme américaine HeartFlow (maladies coronariennes) ou icometrix (SEP) dans notre propre pays. Après avoir examiné les clichés, ils fournissent un rapport dans le nuage dans un délai de 24 heures.Johan de Mey souligne que l'échange numérique présente également des avantages économiques. "Il permet d'éviter les examens doublons et donc, dans certains cas, de limiter le nombre de jours d'hospitalisation. En plus, on réduit l'exposition du patient aux rayonnements néfastes, puisque les CT-scans, par exemple, ne doivent être réalisés qu'une fois."InteropérabilitéUn certain nombre de problèmes entravent toutefois encore l'utilisation optimale de l'échange d'images en réseaux. L'un des plus importants est celui de l'interopérabilité - comprenez, la possibilité de relier entre eux les différents systèmes utilisés par les prestataires de soins. "En cas d'urgence, un médecin devrait pouvoir immédiatement visualiser quels examens ont déjà été réalisés - idéalement partout dans le monde, mais c'est évidemment utopique", explique Johan de Mey. "Dans la mesure où chaque système utilise son propre système d'archivage et de transmission d'images (ou PACS, pour Picture Archiving and Communication System), les soignants toutefois n'ont pas la possibilité d'effectuer des recherches dans d'autres archives et doivent basculer vers le système de l'expéditeur.""Dans un monde idéal, chaque établissement ou dispensateur de soins belge utiliserait les mêmes outils", poursuit le Dr de Mey. "Ce que les autorités pourraient faire, ce serait de centraliser ces bases de données en un système unique dont elles mettraient les liens à disposition... mais ce n'est évidemment pas intéressant d'un point de vue économique pour les fournisseurs. Pourquoi, en effet, payer le prix d'un PACS si les pouvoirs publics vous donnent les liens nécessaires ?"La vitesse et la stabilité des connexions internet que les hôpitaux utilisent pour l'échange de fichiers image peuvent également être un obstacle, souligne Johan de Mey, sans compter que la montée en puissance de ces échanges numériques s'accompagne d'exigences croissantes en termes d'espace de stockage. "C'est tout l'avantage d'utiliser un service de stockage dans le nuage."ConfidentialitéLe radiologue évoque encore les considérations touchant au respect de la vie privée dans le partage d'images médicales. "Il s'est déjà produit que des images stockées dans le nuage soient déverrouillées, mais bon... autrefois, lorsqu'un dossier restait trainer pendant les gardes, il arrivait aussi que plusieurs prestataires aient l'occasion d'y jeter un coup d'oeil", observe-t-il en haussant les épaules. "La seule différence, c'est qu'il n'était alors question que d'une dizaine de personnes. Aujourd'hui, c'est pour ainsi dire le monde entier qui peut voir ces clichés. Nous devons néanmoins avoir confiance en la sécurité de la procédure. Il va sans dire que la prudence est toujours de mise lorsqu'on communique à un confrère ou une consoeur les codes pour accéder à une image - l'e-mail, par exemple, n'est pas forcément la voie de communication la plus sûre. Mieux vaut aussi ne pas laisser ces codes d'accès à disposition pendant plus de 24 heures."Dans un contexte de collaboration accrue entre établissements hospitaliers, l'importance d'un système efficace pour l'échange des images médicales ne cesse de grandir, conclut le spécialiste... mais pour s'échanger efficacement ces clichés, il faut aussi bien collaborer !